L’histoire a commencé fin décembre 2008 dans les laboratoires autrichiens du fabricant de vaccins Baxter International, où une solution expérimentale basée sur une souche H3N2 de la grippe humaine a été élaborée. Ce matériel viral a ensuite été envoyé à une entreprise autrichienne, Avir Green Hills Biotechnology, qui l’a elle-même diffusé à quatre sous-traitants en République Tchèque, en Slovénie et en Allemagne. Début février, les chercheurs tchèques ont injecté le produit à des furets qui ont immédiatement trépassé.
En fait, les chercheurs ont mélangé deux souches virales : celle de la grippe aviaire (H5N1) qui est mortelle et dont on a amplement souligné les risques lors de la pandémie il y a quelques années et celle de la grippe humaine (H3N2) peu virulente mais qui contamine des dizaines de millions de personnes chaque année.
C’est dire que l’on échappé au pire : “Pour cette fois… Le cheval n’est pas sorti de l’étable” a déclaré Angus Nicoll du Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC) dont le rapport constatait que «les chercheurs s’étaient surpassés en produisant un virus mortel à haut pouvoir contaminant»… Effectivement : Oups !
Baxter International qui est basé à Deerfield (Illinois), a indiqué que la contamination était dûe à une erreur de manipulation dans son laboratoire de recherche autrichien. Mais pas question d’en savoir plus, secret industriel oblige. Christopher Bona, porte-parole de Baxter a refusé de livrer des détails sur la façon dont l’incident s’est produit.
Néanmoins, des spécialistes s’inquiètent que l’on puisse conserver les souches de ces virus dangereux dans un même laboratoire. Outre qu’un tel mélange avait déjà eu lieu en 2005 dans les laboratoires d’un fabricant américain de matériels viraux où des ampoules du virus H2N2 – à l’origine de la pandémie de 1957 qui avait fait 2 millions de morts ! – avaient été associées à des milliers de kits de tests, on ne peut s’empêcher de penser à ce qui pourrait se produire si ces virus tombaient dans de mauvaises mains – la guerre biologique n’est pas une vue de l’esprit – et notamment entre celles de terro-ristes de n’importe quelle mouvance.
On trouvera toujours des savants fous sans foi ni loi prêts à s’embarquer dans pareille entreprise par con-viction, soif du pouvoir ou vénalité.