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Martine Aubry a reconnu une baisse très significative des militants. Ce phénomène concerne la quasi-totalité des formations politiques Françaises qui peinent à définir les droits des "militants modernes".
La crise du militantisme politique bat des records. Martine Aubry vient de reconnaître cette réalité lors du Congrès du MJS ce week-end. L'UMP est manifestement confrontée à la même situation.
Ces faits appellent 4 commentaires.
Tout d'abord, une opacité sur les chiffres règne dans des conditions incompréhensibles. En France, connaître le chiffre des adhérents d'un parti politique semble relever du secret défense. Pourquoi ? Ne serait-ce pas le premier signe de loyauté démocratique que de pratiquer la transparence en la matière ?
Ensuite, cette situation révèle la crise de fonctionnement des partis politiques qui vivent une instrumentalisation de leurs effectifs. L'exemple caricatural est actuellement le choix des listes régionales. Comment expliquer que les militants ne soient pas consultés ? Où est la démocratie interne quand des listes peuvent être composées dans la centralisation la plus totale sans prendre en considération le "classement" de la base ?
Troisième facteur, les militants ont compris que seules les années d'élections importantes amenaient des consultations internes (présidentielle, vote des instances internes). Comme dans ces occasions, l'ancienneté de militantisme ne compte pas, à quoi sert de militer chaque année quand l'ouvrier de la 23 ème heure sera considéré comme celui de la première heure ? Bien davantage, ceux qui hurlaient la semaine dernière contre la main de Thierry Henry n'ont-ils pas pratiqués le même vice en augmentant les listes de militants de complaisance pour peser sur les votes ? Il y a beaucoup de départements où la poussée ponctuelle des effectifs révèle d'abord une forme de dopage de listes bien davantage qu'un regain de flamme militante ...
Enfin, la professionnalisation du corps politique accentue une coupure de plus en plus forte. Pour ceux dont la politique est un métier, le militantisme est une menace. La menace de la concurrence pour la prochaine élection. Par conséquent, par définition, les efforts sont faibles pour favoriser un militantisme indépendant.
Pour toutes ces raisons, le militantisme politique est en crise. Il n'est pas sûr que cette crise prenne fin dans un bref calendrier tant elle est symbolique d'une culture de pouvoir particulièrement répandue.
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