Les grands auteurs utilisent l'écriture intime, celle qui accompagne leur "vie de tous les jours". Je me régale à lire "Dans l'intimité des écrivains" d'Agathe Colombier-Hochberg. Toutes les étapes d'une vie de l'enfance à la maturité, quel joli mot pour ne pas dire la vieillesse, racontées par Elsa Triolet (sur la vie conjugale), Simone de Beauvoir (sur la mort d'un proche), Victor Hugo (sur la paternité), George Sand (sur la maternité)... Stop j'arrête le name dropping. Allez plutôt l'acheter et vous délecter comme par exemple avec ce que le tyrannique Baudelaire écrit à sa mère : " Ma chère Mère, si tu possèdes vraiment le génie maternel et si tu n'es pas encore lasse, viens à Paris, viens me voir et même me chercher. Moi pour mille raisons terribles, je ne puis pas aller à Honfleur chercher ce que je voudrais tant, un peu de courage et de caresses. Je donnerais je ne sais quoi pour passer quelques jours auprès de toi.." (une mère reste toujours une mère, à votre avis que fit-elle ?).
Ou bien pour ceux qui rêvent d'écrire un jour, et qui n'osent pas car ils se comparent aux génies de la
littérature et imaginent qu'ils ne prenaient leur plume que pour écrire
des choses sublimes, ce texte de Giono : "Je souffre quand j'ai un invité à ma table. Ma mère n'achète pas assez de viande ou de poisson. Les plats sont toujours insuffisants. Tout est fait de mauvaise grâce. Quand par hasard cette mauvaise grâce n'est pas assez visible, on insiste tellement que c'est chaque fois à un millimètre du drame..." Vous voyez rien de spectaculaire ! Que du très ordinaire. Il n'y a pas de conclusions hâtives à en tirer, juste se laisser inspirer.