ICT 4 For ALL et Fracture Numérique

Publié le 23 novembre 2009 par Buzzmadisson

« La fracture qui sépare la connaissance de l’ignorance et les riches des pauvres s’accroît chaque fois davantage, aussi bien dans chaque pays qu’entre les pays. »

La fracture numérique est probablement l’un des premiers concepts à l’origine de la réflexion sur le thème de l’impact social des technologies de l’information et de la communication (TIC). On a alors commencé à considérer qu’elles allaient entraîner des différences entre les possibilités de développement des populations et créer un écart entre celles qui y ont accès et celles dont ce n’est pas le cas.

Développement et solidarité numérique

il convient de rappeler que, d’une façon générale, le rapport entre la technologie et le développement a été très souvent perçu comme un rapport linéaire, d’où l’encouragement de très nombreux programmes nationaux avec le soutien des organismes internationaux et bilatéraux, orientés vers le « transfert de technologie » des pays développés vers les pays pauvres. Bien qu’à cet égard on ait principalement envisagé la production industrielle, on supposait que de la technologie ainsi disponible découlerait le développement.

L’essor, de l’informatique dans les pays riches, a donné lieu à des discussions sur l’impact de cette technologie sur le développement. C’est donc à partir de l’informatique et non pas nécessairement de l’expansion de l’internet qu’est apparu le discours sur la fracture numérique.

Ce discours s’est ensuite généralisé, avec l’expansion de l’internet, et on peut en déduire que celle-ci est considérée comme l’inclusion ou l’exclusion des avantages de la société de l’information.

Un autre point marquant dans la formation du concept en question est apparu dans le cadre du Sommet de la Société de l’Information, tenu à Genève en 2003, qui portait précisément sur la réduction de la fracture numérique, objectif que, supposait-on, l’accès aux TIC et la création d’opportunités numériques devaient permettre d’atteindre. Lors de ce Sommet, on a proposé comme stratégie la solidarité numérique des pays riches avec les pays pauvres.

On entendait ainsi expliquer comment parvenir à utiliser les technologies de l’information et de la communication en tant qu’instrument de développement.

Les trois aspects de la fracture numérique

De plus, on a considéré lors de cette rencontre que la fracture numérique portait essentiellement sur des questions d’accès mais aussi d’utilisation des TIC. Trois types de fracture numérique ont alors été envisagés : l’accès ,l’utilisation et la connectivité. Par la suite, on a commencé à se préoccuper du développement des capacités et compétences requises pour l’utilisation des TIC (qualification et éducation)  dans la technologie. Ainsi, le concept de fracture numérique comporte essentiellement les approches suivantes :

L’approche orientée vers l’infrastructure

L’approche orientée vers la formation

L’approche orientée vers l‘utilisation des ressources

Les imaginaires politiques de la fracture numérique

Il faut tout d’abord tenir compte du fait qu’il existe différents imaginaires relatifs à la fracture numérique auquel la réponse devrait être trouvée, car les différences en termes d’accès aux technologies accentueront les différences sociales déjà existantes.

Pour les groupes sociaux qui ont une nouvelle manière d’appréhender ce concept, les facteurs susceptibles d’accroître l’utilisation de la technologie comme instrument de développement sont variés, complexes, et reliés entre eux selon le contexte, la culture et l’histoire du groupe dans lequel ces technologies sont incorporées.

Il est donc possible de dire que les technologies de l’information et de la communication peuvent être un facteur de renforcement du développement, mais concrétiser ce potentiel relève d’une question d’organisation, du développement des capacités et des compétences, de mesures destinées à les intégrer dans le cadre de l’identité culturelle et sociale du groupe, de modifications de processus sociaux, entre autres.

Quand un groupe social s’approprie la technologie, non seulement il est capable de l’utiliser pour transformer ses propres conditions de vie, mais aussi il transforme cette technologie par des processus d’innovation technologiques à caractère social.

Les TIC seront un élément dynamique fondamental au sein de la société. Ceux qui, individuellement et collectivement, parviendront à développer l’infrastructure et les capacités nécessaires pour les utiliser sont donc avantagées, auront une plus grande capacité de décision et influeront sur l’édification de cette « nouvelle société »

On considère habituellement que les différences en termes d’accès aux technologies accentueront les différences sociales déjà existantes. Cela signifie que la fracture numérique aura pour effet d’accroître le développement dans les pays et les régions ainsi que pour les personnes bénéficiant des meilleures possibilités d’accès au détriment de ceux pour qui elles sont plus limitées. Ces différentes seront évidentes non seulement entre les pays mais aussi dans chaque pays, privilégiant les populations qui disposent de meilleures conditions économiques, politiques, sociales et culturelles.

Il est certain que la fracture numérique résulte des fractures sociales produites par les inégalités sur les plans économiques, politique, social, culturel, entre les hommes et les femmes, les générations, les zones géographiques, etc.

On parle de la fracture numérique dans le monde entier comme si elle était unique et avait les mêmes spécificités quels que soient le temps et l’espace social. C’est là un des points les plus forts de l’imaginaire que recouvre la définition.Le problème, lorsqu’on parle de la fracture comme si elle était unique, est qu’alors on cherche des solutions uniques et généralisables.

En réalité, on devrait parler des fractures numériques, selon le sexe, l’âge, le niveau culturel, la localisation géographique ou les conditions socioéconomique et les combinaisons de ces facteurs entre eux. Ainsi, l’approche conceptuelle, méthodologique, et les moyens et mesures qui permettraient d’y faire face seraient liés à leurs conditions spécifiques.