On parle beaucoup ces temps ci de la résistance qui s'organise contre le développement de l'éolien terrestre. L'ancien Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, a d'ailleurs récemment renouvelé ses critiques contre l'énergie du vent, dans un entretien à l'agence Reuters.
Résultat : la France se dote d'objectifs ambitieux en matière d'énergie éolienne mais ne les atteindra sans doute pas à ce rythme là. Rappelons que l'objectif est de 25 000 MW de puissance installée en 2020 dont une partie en mer. Si les refus de permis ou de ZDE, les recours en justice et les nouvelles contraintes juridiques contiuent de se multiplier, l'éolien n'aura été qu'un espoir et la France ratera définitivement le virage des énergies renouvelables. Certains articles de presse évoquent même un "coup de sirocco" sur l'éolien !
Le vent mauvais qui souffle depuis quelques années sur l'éolien terrestre souffle également et de plus en fort sur l'éolien marin "Off Shore". Le premier projet de ferme éolienne développé par la Société Enertrag à la suite d'un appel d'offre ministériel décroché en 2004 ne fonctionnera peut être pas avant...2014. 10 ans pour monter une ferme éolienne, c'est un peu long...
De la même manière, le plus important projet de ferme éolienne en mer dit des "Deux Côtes" connaît lui aussi des difficultés. Rappelons que ce projet concerne une ferme éolienne offshore de 141 machines implantées à 14 km au large des côtes de Criel-sur-Mer (Seine-Maritime) et Cayeux-sur-Mer (Somme). La Commission nationale débat public a récemment décidé d'organiser un débat public sur ce dossier mais il semble que cette décision n'ait pas fait l'unanimité au sommet de l'Etat. Le motif ? Il conviendrait d'attendre la mise en phase des shémas de façade littorale, définis dans le projet de loi Grenelle 2 qui n'a toujours pas été voté par l'Assemblée nationale. A l'inverse, le débat public sur l'EPR de Penly, lui, ne devrait pas trop attendre.
Ainsi que l'a révélé la presse, le président du conseil régional de Haute-Normandie, M Alain Le Vern, est alors intervenu - début novembre -pour demander au gouvernement de ne pas retarder le projet éolien des Deux côtes. Sa lettre au Ministre de l'Ecologie précise que ce projet «constitue une véritable opportunité pour dynamiser l'économie et l'emploi en région. Malgré les intérêts écologiques et économiques évidents de ce projet, le directeur de cabinet du ministre Borloo est intervenu auprès du président de la commission nationale du débat public pour surseoir au débat sur ce projet. Cette décision risque de retarder encore une réalisation importante pour la Haute-Normandie et de pénaliser les nombreuses entreprises susceptibles de prendre part à ce chantier ».
Cette lettre démontre que les élus locaux ne sont pas tous hostiles à l'éolien, loin s'en faut et que la résistance provient peut être davantage du coeur de l'Etat. En attendant, la France ne compte toujours aucune éolienne en mer et ne deviendra jamais la championne des énergies renouvelables qu'elle pourrait être, en raison notamment d'un potentiel marin exceptionnel.