Magazine Journal intime

El Nido magico!

Par Simplybrice

Oh mon bateauuuu!! Tu es le plus beau des bateaux!!!

Et quand tu navigues sur les floooooots, vers ce qu'il y a de plus beauu,

Tu peux être sur que je ne fais pas dodooo!!

C'est le premier matin à El Nido. Les yeux s'ouvrent tous curieux de ce à quoi ressemble la vue dans la lumière éclatante de cette journée naissante. Sur notre terrasse à la limite du privatif, tous les visages que je peux croiser me sont désormais familiers, c'est donc sans crainte d'être dans la lunette d'un paparazzo que je peux déambuler en caleçon, les jambes offertes aux alizés. Les nuages sont toujours là mais l'espoir de voir le temps se dégager demeure si on en juge aux quelques trouées de ciel bleu qui parviennent péniblement à se tailler une place au soleil.

On s'en tient donc aux prévisions de la veille. Par l'intermédiaire de l'Alternative, on réserve une bancasse pour notre groupe avec la ferme intention de laisser une emprunte sur ce qu'ici on nomme le Big et le Small Lagoon, des lagons qui à entendre Dondon sont des joyaux où il fait bon ce dorer la couenne en barbotant dans une eau qui ferait passer la Vittel pour de l'huile de vidange.

Sur les coups de 9h, tout le monde se tient fin prêt, un maillot de bain sur les fesses. Pour grimper sur la bancasse, il nous suffit de descendre de notre terrasse, de se mouiller les pieds dans la marée haute qui charrie des centaines de minuscules poissons, de marcher quelques mètres de l'eau jusqu'aux genoux et le tour est joué. La fine embarcation fend alors la surface et entame une navigation de plaisir plaisancier entre les îles qui se succèdent. La mer est d'un calme rare, tout comme nous, impatients d'atteindre des eaux moins profondes et plus colorées.

Après une heure à faire les lézards sur le pont, il semblerait qu'on touche au but. Devant la proue, se rapprochant, une longue île au relief accidenté nous barre le passage. D'ordinaire, on en aurait fait le tour mais là, on fonce droit dessus dans la limite autorisée par notre moteur de tondeuse à gazon. Et à mesure qu'on réduit la distance, une faille dans la roche s'ouvre et grandit jusqu'à nous engloutir. Sous la coque, la mer dévoile une palette à faire pleurer Michel-Ange, ça n'est pas Tahiti mais ça y ressemble, les prix prohibitifs et les marchands de journaux vendant le Figaro Madame en moins.

Dans cette espèce de canal sorti d'un livre de coloriage pour fétichistes des couleurs bleus et vertes, nous sommes seuls au monde avec la machoire qui se désolidarise du crane en admirant le Big Lagoon qui se présente, caché du monde réel, entouré d'une muraille infranchissable, comme un rêve éveillé. Au milieu du lagon est installée une petite plateforme permettant à la bancasse de s'amarrer sans avoir à s'ancrer de manière destructrice pour les fonds marins. Qui plus est, c'est le plongeoir idéal pour qu'enfin on puisse ne faire qu'un avec cette démonstration exubérante de Mère Nature, sans doute sous acide au moment de pondre un décor pareil.

En moins de temps qu'il en faut pour... Plouf!!!!

Ce n'était pas un mirage, l'eau est aussi chaude que l'air ambiant, nager là peut causer de sévères dommages si on a pas anticipé un si grand privilège. Gare à l'hydrocution psychologique!! Gare aussi au prolongement du traitement sur toute une journée car ce n'est que le début!

Après avoir bien nagé, bien bronzé, bien ri, il convient pour nous de remettre le couvert, direction le déjeuner. Pas facile en apparence quand on a pris l'habitude des gargottes et des restaurants bien agencés, qu'est ce qu'on vient faire sur cette plage déserte? Il est où le serveur?

C'est alors que le capitaine du bateau aidé de son second commence à préparer un feu à l'aide de bois éparpillé sur le sable. Puis le second retourne au bateau et en sort toute une caisse de victuailles. En un rien de temps, un poisson cuit, des légumes et des fruits sont coupés. Le capitaine arrache au foutoir végétal des feuilles larges comme des bassines et en distribue une à chacun.

- Vous avez faim? Voici vos assiettes!

Nous, de notre côté, la parenthèse culinaire du déjeuner nous avait pas mal échappé à l'heure de préparer cette journée et c'est avec un peu de retenue faite de gêne d'avoir mis la tête dans l'eau plutôt que de mettre la main à la pate qu'on accepte la nourriture offerte en se promettant de remettre ça en mettant les formes dans les jours suivants si une opportunité se présente. Après une promesse d'échange de bon procédé comme ça, on peut enfin déculpabilisé et se jeter les mains les premières dans l'auge traditionnelle de la république bananière. Donc, ça mange, ça avale, ça se reconstruit de l'intérieur pour appréhender le feu au ventre ce qui va suivre...

La cantine est rangée. On n'écoute pas les conseils de grand-mère en rejouant aux dauphins juste après. On repart. Entre les îles, comme le matin, le capitaine met le cap sur un nouveau bijou, le Small Lagoon. En s'en rapprochant, la magie opère de la même manière, les poils se hérissent à la vue du changement de profondeur et de l'explosion chromatique qui en découle. Là aussi, on manoeuvre le long d'un étroit goulet d'eau entre les falaises sauf qu'à un moment, c'est comme si ce brave capitaine avait bu la gorgée de trop, le goulet est une impasse, le mur se referme sur nous, pas moyen d'avancer un mètre de plus.

- Alors capitaine? On s'est trompé de route au précédent rond point ou quoi? Arrête le goulot, y'a un goulet!!!

Dondon révèle alors le pot aux roses. Accrochez vos ceintures, respirez à fond. Aucun bateau quel qu'il soit ne peut mouillé dans les eaux du Small Lagoon. Le Small Lagoon est caché du monde, enserré entre les machoires d'une muraille asserrée. Pour faire partie du club de gros privilégiers de première détenteurs du secret du lagon perdu, il faut se lancer la tête la première à quelques mètres de profondeur. La seule ouverture possible pour avoir la tête qui bronze de l'autre côté, c'est une fente à trois mètres sous l'eau qui s'enfonce sur toute la largeur du mur, c'est à dire une demi-douzaine de mètres. Il convient donc de prendre une bonne inspiration et de nager jusqu'à respirer l'air du lagon. Ici, la mer est encore plus trancendante qu'au Big Lagoon, où que l'on se trouve à l'intérieur, l'impression que le fond n'est qu'à quelques centimètres domine, mais après vérification, il faut parfois descendre de longues secondes avant qu'enfin, on puisse pousser sur les jambes pour retrouver l'oxygène salvateur.

Quand on nage dans ces eaux, on a l'impression qu'on pourrait rester une vie entière à barboter sans que rien ne viennent jamais à manquer.

Au total, on passe un peu plus d'une heure à la recherche de grottes cachées en n'en croyant pas nos yeux une seule seconde. J'ai trouvé mon paradis et quand il faut finalement retourner au bateau après trois sommations, c'est le coeur lourd que je me sèche de cette eau de jouvence.

Il est des endroits comme ça, où je suis sur de revenir un jour vérifier que ce n'était pas une illusion d'optique, celui-là en est un!! D'accord, ça n'est pas très pratique pour étendre sa serviette le temps d'un week-end, mais à l'arrivée, le jeu en vaut largement la chandelle tant c'est une nécessité de santé publique de vivre des claques comme celle-ci! D'ailleurs, il faut tous qu'on s'en remette pour l'instant. Le capitaine aussi l'a compris.

Sur le chemin du retour à El Nido, l'équipage fait une nouvelle halte. Une nouvelle plage déserte comme une photo de brochure touristique nous autorise une dernière feignantise, agrémetée cette fois d'une bière glacée, luxe ultime que de se retrouver nez à nez avec la guérite la plus isolée du coin. La bière n'est en plus pas venue toute seule, elle est accompagnée de son pote hamac, une solide équipe ces deux-là.

Puis, comme la vie continue par delà la paresse fortement justifiée par ce paradis qui ne demande que ça, il faut rejoindre El Nido, notre camp de base, guidés que nous sommes par un arc-en-ciel qui se déploye juste derrière le village. Il a dû pleuvoir quelque part, ah bon? Pas au dessus de nous en tout cas et c'est tant mieux car rien n'est donc venu compromettre le coucher de soleil que nous admirons tous depuis la cabane des gardes-côtes fauchés de tout sauf du plus beau balcon sur l'horizon.

L'heure est alors venue de se remettre de nos émotions. Un dîner sur la plage saura y remédier les petits pieds dans les grains. Le restaurant est aussi garni que nos assiettes et, à la table juste à côté de la notre, mange aussi le type qui voulait à tout prix partir de Puerto Princessa sans apparemment prendre gard au typhon qui soufflait Palawan comme le grand méchant loup souffle les maisons des trois petits cochons. On se reconnait, le type vient s'assoir à notre table, on discute. Arrive le plat de résistance, celui-ci étant non pas le met me remplissant délicieusement l'estomac mais le récit de voyage de mon nouveau voisin de table avec photos à l'appui.

Il y avant bel et bien des bus partant pour El Nido, il est monté dans le premier lui barrant le chemin. En route, je lui demande ironiquement s'il a pu, lui comme nous, profiter de la vue en grimpant sur le toit. Il me répond dans un sourire que non, et bien lui en a pris. A peu près à mi-chemin, la pluie avait transformé toute la chaussée en une boue épaisse et, alors que le bus s'engageait dans un virage, tous ses passagers ont eu le temps de le voir venir comme au ralenti, il s'est mis à glisser sur toute la largeur de la route jusqu'à en sortir, finissant sans une roue au sol mais couché sur le bas-côté!!

L'a bien fait de le prendre son bus, mon Champion!! Et puis ses photos sont très réussies, très contrastés avec une belle lumière!!

Dans son malheur, il a quand même pu s'en tirer à moindre mal. Personne n'a été blessé. Le chauffeur est parti, dès le coucher du bus, trouver un tracteur serviable pour les tracter hors de ce vilain pas et les remettre sur leurs quatres roues. Mais quand même, pas moins de vingt heures pour boucler Puerto Princessa - El Nido, à mettre au tableau des meilleures performances de l'année!!!

L'histoire aura donc eu le mérite de faire rire tout le monde mais pas que. Dondon, avec son esprit un peu vrillé toujours en quête de quelque chose de récréatif, nous donne son sentiment pour le lendemain. C'est maintenant à notre tour de ne faire qu'un avec les routes défoncées. Au matin, on ira louer des deux roues et on tentera autant que possible d'essorer au maximum le nord de Palawan au bruit de nos moteurs rugissant.

Demain, c'est journée moto. Encore une. J'en salive d'avance... D'autant qu'avec un guide comme ça... Tout est possible...

Sur le marché local, on répartit déjà les denrées. Nous, on répartit les pilotes. Six personnes pour trois motos sur la grille de départ. Josha et Mira ne sont pas vraiment dans leur élément, qu'à cela ne tienne, Dondon et moi sommes volontaires pour les acheminer au bout du monde. Sur la troisième bécane, François et Sarah s'échangeront le guidon.

A 10h, on est vaillamment lancé sur la route qui, après quelques kilomètres, ne mérite déjà plus ce nom. Ce n'est pas un rally asphalté, c'est un rally terreux dans le meilleur des cas. Dondon ouvre la route et se marre de nous faire circuler dans les pires conditions possibles. Un raccourci par ci, un raccourci par là, si aucun signe de chemin n'est devant nous, c'est quand même par là qu'on va, à travers les arbres, au milieu des rizières sur des couloirs à la largeur centimétrée. Quand on se retrouve nez-à-nez avec une flaque quelle que soit sa taille, on la traverse en se demandant ce faisant si, au final, elle n'est pas profonde d'un demi-mètre avec des souches d'arbres invisibles au milieu ou si, pour corcer le tout, elle n'est pas la cachette idéal pour un crocodile du Nil à l'affut de la moindre gazelle qui viendrait boire dans ses eaux troubles. Et chaque fois, presque miraculeusement, ça passe, on progresse. On a chaud mais on avance.

A l'heure du déjeuner, l'ami Dondon fait bien les choses, le paysage s'ouvre devant nous en une sorte de sublime cocoteraie. Et comme un bonheur n'arrive pas tout seul, il y a la mer juste derrière qui s'étale le long d'une plage aux pieds d'un village branlant mais accueuillant comme jamais avec ses porcs qui déambulent entre les arbres.

Le village semble vivre en complète autonomie, la mer pourvoyant à tous les besoins. Apparemment, ca laisse le temps aux habitants d'abord de faire des bébés et puis aussi de ne rien faire que de jouer dans les vagues. Quand on descend de selle, le comité d'accueuil est composé d'une vingtaine d'enfants curieux quand on ne leur court pas après. Si on leur court après, au contraire, ce sont des cris aigus qui se répandent dans tous le voisinage. Pour ma part, comme il faut bien commencer par quelque chose, je passe de longues minutes à jouer avec ces terreurs. Comme à 1-2-3-soleil, dès que j'ai le dos tourné, ils se rapprochent par grappe. Pas comme à 1-2-3-soleil, dès que je fais volte-face, ils s'enfuient en riant. Je pourrais faire ça toute la journée... Mais comme la mer n'est qu'à quelques pas et qu'il doit faire dans les 35°, vient ensuite le moment de mettre la viande au frais dans une eau à 28-30°.

Là, ce ne sont plus les 3-8 ans qui jouent, ce sont les 12-20 ans pleins de foutre et d'hormones qui s'ébattent dans des vagues propices à la pratique du bodysurf ou qui se jètent dans l'eau les uns grimpant sur les épaules des autres comme à la grande époque où Pepette faisait des saltos arrières grimpée sur les épaules de Papa.

Impossible de rester en place. Tous les locaux nous invitent à partager leur jeu, c'est un grand moment de délire collectif. L'inhibition ne faisant pas partie du vocabulaire local, tout le monde passe des minutes fabuleuses

Puis, il est temps, d'une part de sortir de cette zone de cuisson qu'est la côte à ce moment de la journée où le soleil n'est pas ton ami mais un traitre en puissance, et d'autre part de lever le coude et la fourchette s'il y en a une. La petite communauté motorisée s'installe donc à l'ombre d'une des cases du village pendant qu'on lui apporte de quoi se remplir le diffuseur de vitamines en la personne de l'estomac.

On est donc callé sur cette terrasse ombragée. Pendant ce temps, toute la population semble avoir mis entre parenthèses ses activités pour venir rire avec nous et aussi de nous, joyeux drilles, nous scruter sous toutes les coutures, voir comment on s'installe, comment on rit, comment on tente le mieux possible de faire honneur à la pureté

de ces moments qu'ils nous octroient.

Six personnes qui mangent et une cinquantaine qui les regardent manger sans montrer un seul signe de lassitude jusqu'au moment où les assiettes sont vides, les panses sont pleines, les coeurs remplis de sourires. Après avoir débarrassé la table, payé notre dû autrement qu'en bons sentiments, Dondon nous signale qu'il est temps d'en mettre un coup, d'accélérateur bien sur. Le bougre sait de quoi il parle...

L'après-midi défile au rythme de la poignée d'accélérateur tantôt callée dans l'angle quand il y a de la place devant nous et tantôt prudente quand on s'enfonce malgré nous à travers une foret dont la densité ferait passer le bois de Vincennes pour une prairie.

Quand c'est comme ça, Dondon mène le bal. Quand c'est plus praticable, on se tire la bourre jusqu'à ce que, à l'image du Coyote et de Beep-Beep, je ne parviennes plus à voir de la moto de Dondon et Mira qu'un nuage de fumée qui disparait au loin. Dondon en bon local qu'il est, est un enragé de l'accélérateur sur toute surface, le suivre reviendrait à justifier à lui tout seul la présence dans mon assurance voyage d'un clause en cas de décès de l'assuré. Comme je le dis chaque fois que ça m'arrange, la sécurité avant tout!!! D'autant qu'en plus, on est pas en retard, la seule chose qui nous attend, c'est une vie saine et bien remplie!!

Il est 17h quand on revient dans les parrages d'El Nido. Une fois de plus le ciel se pare de ses plus belles couleurs, on est pas les plus malheureux, loin s'en faut. Dans ma tête résonne les notes d'"Emmenez moi" d'Aznavour.

Au retour des motos, rien est à signaler sauf pour François et Sarah qui se sont échoués sur un chemin au moins aussi pire que les autres et qui ont arrachés une pièce de carrosserie made in China de leur monture, seule égratignure, héritage logique de cette journée 4x4 sur deux roues.

Au retour à l'hotel, rien est à signaler sauf qu'on part le lendemain. Le temps imparti à El Nido touche à sa fin la mort dans l'âme. A l'heure qu'il est, demain nous serons sur l'île de Coron que je connais déjà comme ma poche ou presque pour y être déjà passé.

Joie de retrouver des terres connues, joie de rester tous ensemble quelques jours de plus, joie de pouvoir vous y emmener ou presque.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Simplybrice 11 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte