Les sons de la radio, ses voix, ses émissions, sont liés à tout un tas de mes souvenirs.
Il y a toujours eu une radio à côté de moi: chez mes parents, chez moi ou dans d’autres lits, en voiture, en voyage. La radio n’est pas toujours allumée, loin de là, mais elle l’a toujours été suffisamment pour que je puisse, à chacun des moments qui ont fait mon quotidien, rattacher un son.
Je sais identifier une radio à sa seule sonorité, toutes retravaillent leur son pour se donner une identité. Il y a celles au son cosy et feutré, celles au son dynamique, celles au son agressif, et puis une au son familier, celle dont je parlerai aujourd’hui.
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Je crois que depuis 27 ans ans, presque tous mes matins de semaine ont commencé avec ce son, la tranche d’information matinale sur France Inter. Le ton et les génériques ont évolué, mais la voix de Patricia Martin est revenue. Seuls ces quatre bips qui marquent chaque heure sont restés, métronome du jour et de la nuit.
Le matin il avait toujours une radio sur la table de la cuisine, pendant le petit déjeuner, au milieu des bols, de la théière et des pots de confiture. Nous avions tous notre place, nos heures d’arrivée et de départ de la table du petit déjeuner. Toujours un verre de jus d’orange et un bol de chocolat pour moi.
Les chroniques règlent aujourd’hui encore mon début de journée : il y a celles pendant lesquelles je peux rester dans mon lit, celles qui indiquent qu’il est l’heure que me je lève, celles qui sonnent la fin de mon petit déjeuner ou de ma douche, puis celles dont j’attends les derniers mots avant d’éteindre la radio, la lumière, de fermer la porte et de partir au bureau.
Évidemment, les jours de grève ou ceux des vacances d’été, tout est chamboulé, je n’ai plus mes repères, je suis un peu perdu.
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À l’heure du déjeuner, il y a le Jeu des mille euros (autrefois Jeu des mille francs), et sa présentation hors d’âge, toujours les mêmes intonations, les mêmes applaudissements du public, les mêmes chuchotements entre les candidats, et le même xylophone pour signaler le temps de réponse autorisé.
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Juste après, les nouvelles de la bourse de Paris. Jean-Pierre Gaillard n’est plus là, mais rien n’a changé, la voix est toujours la même, les mots semblables, ça monte, ça baisse, c’est un ronronnement habituel.
Je repense aux déjeuners à la maison, quand je rentrai manger certains midi. Je me souviens de plats simples - pourquoi est-ce à ceux là que je repense ? - : radis, sardines à l’huile, pommes de terre sautées à la poële, chipolatas, petits pois, escalopes de dinde panées…
À 18h, il y avait Jean-Luc Hess et Synergie. Une voix, des découvertes.
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À l’heure du dîner, le Téléphone sonne.
Je rentrais de la piscine, le mardi et le jeudi soir. Des odeurs de chlore, je passais à celles des pâtes qui cuisaient, puis sur lesquelles fondait un morceau de beurre et du gruyère râpé. Je revois la nappe à fleurs sur la grande table de la salle à manger, les assiettes bordées de motifs bleus.
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Plus tard dans la soirée, José Arthur et son Pop Club, en direct du Fouquet’s.
Et très tard, Macha Béranger. Encore une voix reconnaissable entre toutes, le souvenir d’un son qui accompagnait le début de certaines de mes nuits.
De toutes ces émissions, certaines sont disparues et j’en serai presque nostalgique, d’autres sont encore là, immuables, et quand je les écoute, je me sens juste bien, comme dans une bulle protectrice.