DIABETE GESTATIONNEL :
comment le dépister ? comment le combattre ?
Voici un article que j'avais écrit sur ciao lorsque j'ai eu ma fille clémentine et que j'ai fait du diabète gestationnel :
Je souhaite vous le faire partager afin que celles qui se posent la question : comment sait –on que l'on a du diabète gestationnel ?
Et que celles qui ont connues ça
Se rendent compte de ce que c'est (ou se le remémorent et donnent leur avis : des précisions supplémentaires quant à ça en commentaire )
I/ DEPISTAGE : EXPERIENCE PERSONNELLE
Aujourd'hui je viens d'avoir mes résultats concernant l'HGPO (Hyperglycémie Provoquée par infgestion de 100 g de glucose) afin de savoir si oui ou non je fais du Diabète Gestationnel.
Au vu des résultats …. Incompréhensibles étant donné qu'aucune valeur usuelle n'est donnée … j'ai, comme je l'avais fait pour le test O'sullivan (Hyperglycémie Provoquée par ingestion de 50 g de glucose), cherché des informations sur internet.
Qu'est-ce que le Test O'sullivan ?
Le test O'sullivan est réalisé entre le 5ème et le 6ème mois de grossesse. Il faut boire 50 g de glucose et faire une prise de sang au bout d'une heure. Le résultat doit être inférieur à 1,40 g/l voire 1,30 g/l.
Or le mien était de 1,54 g/l. Cependant je n'ai eu aucun coup de fil du gyneco .. rien… alors j'ai attendu mon rendez-vous suivant (étant donné que si je n'avais pas eu internet je n'aurai jamais su que 1,54 g/l c'était trop … aucune valeur usuelle n'étant donnée !).
Mais je viens de lire qu'il aurait fallu le faire dans les 7 jours pour qu'une prise en charge éventuelle soit prise … enfin !
Le 9 juin : rendez-vous chez mon nouveau gyneco à l'hôpital (jusqu'ici j'étais suivie par un sur place). Et le verdict est donné : il faut faire l'HGPO.
Qu'est-ce que l'HGPO ? Hyperglycémie Provoquée ?
L'HGPO pour ma part s'est traduit ainsi (je dis cela parce-que j'ai une amie qui n'a pas eu droit à autant de faveur ! lolll….).Au lieu d'avoir une prise de sang au bout de 3 heures comme mon amie j'ai eu la totale soit 5 prises de sang :
- 1 prise de sang à jeun- 1 prise de sang au bout de 30 mns- 1 prise de sang au bout d'une heure - 1 prise de sang au bout de 2 h- 1 prise de sang au bout de 3 h
Les résultats étaient les suivants :
- A jeun : 0,99 g/l- Au bout de 30 mns : 1,72 g/l- Au bout d'une heure : 2 g/l- Au bout de deux heures : 2,07 g/l- Au bout de 3 heures : 1,81 g/l
Alors oui mais toujours rien d'indiqué pour savoir si c'est normal ou non.Retour sur internet et là je trouve les résultats suivants sur un site :
Après test d'HGPO si deux valeurs sont supérieures ou égales aux suivantes le DIABETE GESTATIONNEL est diagnostiqué :
A jeun : >= 0,95 g/lAu bout d'une heure : >= 1,80 g/lAu bout de deux heures : >= 1,55 g/lAu bout de trois heures : >= 1,40 g/l
Les 4 valeurs étant supérieures … je n'ai d'autre alternative que d'accepter le verdict.(Valeurs en semaine 27).
!!! CEPENDANT L'INTERPRETATION DEPEND DE LA SEMAINE DE GROSSESSE A LAQUELLE ON EST : EN SEMAINE 31 COMME MOI 2 VALEURS SONT SUPERIEURES : LE DIABETE GESTATIONNEL ETANT A SON PIC DE LA SEMAINE 31 A LA SEMAINE 36. !!!!
J'ai appelé le laboratoire d'analyse qui m'a dit d'appeller l'hôpital. J'ai eu RV à l'hôpital qui voulait passer à un traitement à l'insuline ...puis... j'ai vu le diabétologue de l'hôpital qui m'a donné un sursis en me prescrivant un régime très limitatif.
Afin de voir si celui-ci suffira, deux prises de sang vont être à faire dans 3 semaines (à jeun et à 14 h) puis un RV avec un diabétologue pris pour savoir le verdict : insuline ou juste poursuite du régime ?
Ayant pris 2 kgs par mois mon régime est très strict :
- Moins d'1,8 kg/mois : 3 repas et 3 collations (légumes à volonté /viande ou poisson ou 2oeufs/café, thé, infusions avec aspartame/yaourts 0 %/, fruits en fin de repas, légumes secs en quantité minime, de même que pour le pain et le fromage).
- Au dessus : 3 repas (tout est à peser consciensieusement : 20 g de céréales, 90 g de jambon maigre etc.......... ).
Suite du verdict dans 3 semaines donc ........
******* 3 semaines sont passées **********
J'ai fait les 2 prises de sang + une glycémie capillaire (sur le doigt) le matin 3 heures après avoir déjeuner et voici les résultats qui sont très positifs : bref le régime ça marche !!!! :
- Glycémies à jeun : 0,82 g/l- Glycémies à 14 h (2 h après le début du repas) : 0,93 g/l- Glycémies capillaires : 0,97 g/l
Je poursuis donc le régime uniquement .. pas besoin d'insuline ... heureusement que le diabétologue a été consulté !!____________________________________
Enfin voici quelques infos pour celles que ça intéresse et qui ne veulent pas rester dans le flou comme je l'ai été ..... sur le DIABETE GESTATIONNEL et tout ce qui en suit :__________________________________
II/ COMMENT COMBATTRE LE DIABETE GESTATIONNEL ?
la prise en charge en cas de diabète gestationnel diagnostiqué à 27 SA
(j'en suis déjà à 31 !)
La prise en charge sera multidisciplinaire :
1° Prise en charge diabétologique
Le diagnostic de diabète gestationnel doit conduire à:
1) Une prise en charge rapide car l'efficacité d'un traitement précoce est meilleure,
2) Une surveillance diabétologique associant :
¤ Autosurveillance glycémique quotidienne à l'aide d'un lecteur de glycémie capillaire, au minimum le matin à jeun et 2 h après le début de chacun des trois principaux repas. C'est sur les valeurs de glycémie qu'une décision de modifications thérapeutiques peut être prise (la fructosamine et l'hémoglobine glyquée ne permettant pas une adaptation assez rapide),¤ Mesure des glycémies veineuses à jeun et 2 h après le repas, éventuellement pour prendre la décision d'une adaptation thérapeutique et, de toute façon, à titre de contrôle de qualité tous les quinze jours,¤ Recherche pluri-quotidienne d'une cétonurie,¤ Consultations fréquentes (tous les 15 voire 8 jours) avec l'équipe diabétologique (médecin, infirmière, diététicienne).
Les objectifs glycémiques sont une glycémie à jeun < 0,95 g/l (5,3 mmol) et une glycémie mesurée 2 h après chaque repas < 1,20 g/l (6,7 mmol) .
3) Le traitement doit toujours comporter une prescription diététique adaptée à chaque cas après enquête alimentaire, tenant compte du poids pré-gestationnel et de la prise de poids et s'appuyant sur les principes suivants :
¤ L'alimentation comporte 50% de glucides, en privilégiant les glucides de faible index glycémique et les fibres,¤ La ration énergétique totale est répartie en trois repas et trois collations,¤ Le niveau énergétique quotidien peut être réduit d'un tiers en cas d'obésité, sans descendre en dessous de 1600 Kcal. Le niveau énergétique peut également être réduit lorsque la prise pondérale dépasse 1,8 kg/mois chez la femme de poids normal, 0,9 kg chez la femme obèse. Dans les autres situations, les apports sont de l'ordre de 1800 à 2200 Kcal/j. Dans tous les cas, la présence d'une cétonurie fréquente doit faire élargir la ration énergétique.
4) L'insulinothérapie doit être instaurée:
Si le régime ne suffit pas à obtenir les objectifs glycémiques fixés, une insulinothérapie doit être instaurée. L'insulinothérapie est de mise, d'emblée, si la glycémie à jeun est supérieure à 1,30 g/ l.
5) Dans la mesure du possible, le maintien d'une activité physique compatible avec la grossesse doit être encouragé . (la marche et la natation ça doit aller quand même !! )
2° Prise en charge obstétricale
Lorsque les objectifs glycémiques sont atteints et en l'absence de complications, la surveillance et l'accouchement ne présentent pas de particularité.
Dans les autres cas, la surveillance est directement liée au degré d'équilibre glycémique et à la survenue de complications. La fréquence des explorations sera fonction du degré de gravité évalué par l'ensemble des cliniciens. Si des complications surviennent (HTA, menace d'accouchement prématuré, hypotrophie), la surveillance sera identique à celle de toute grossesse compliquée.
En cas de mauvais contrôle glycémique ou de suspicion de macrosomie, Hydramnios, il est nécessaire d'étudier la croisssance et la vitalité foetales par échographie et cardiotocographie en vue d'une éventuelle extraction foetale.
N.B. : L'utilisation de béta-mimétiques, quelque soit sa modalité d'administration est contre indiquée. Le risque est la survenue d'une acido cétose.
3° Prise en charge anesthésique :
Les particularités de l'accouchement d'une femme diabétique (diabète gestationnel)?
Conduite de l'accouchement
Il n'y a pas lieu de modifier les conduites obstétricales si le diabète gestationnel est bien équilibré et en l'absence de complications. La césarienne d'emblée pour DG n'est pas justifiée (pas de bénéfice néonatal, augmentation de la morbidité maternelle) .
L'accouchement avant terme n'a pas d'indication sauf en cas de complications surajoutées (pré-éclampsie, retard de croissance intra-utérin, anomalies de la vitalité foetale). En cas de diabète déséquilibré et ou de retentissement foetal (macrosomie, hypertrophie septale), la surveillance doit être rapprochée et instituée dans un centre de niveau 2-3.
Prise en charge du nouveau-né
L'enfant bénéficie à la naissance d'un examen clinique complet, en particulier à la recherche d'une malformation dans l'éventualité, rare, d'un diabète pré-gestationnel méconnu.
L'alimentation doit être débutée dès la naissance, au sein ou au biberon.
La surveillance doit être renforcée pendant au minimun les 24 premières heures.
Prise en charge de la mère
Pendant l'accouchement, la glycémie sera surveillée par prélèvements capillaires régulièrement.L'allaitement doit être conseillé. Il contribue au retour à la normale de la tolérance au glucose à distance de l'accouchement.
Une surveillance glycémique doit être maintenue pendant quelques jours pour vérifier le retour à la normale des glycémies. En cas de persistance d'une hyperglycémie, la possibilité d'un diabète pré-gestationnel ou d'un diabète de type 1 démasqué par la grossesse doit être évoquée et la prise en charge diabétologique doit être poursuivie ou ré-instaurée rapidement.
Les conséquences du diabète gestationnel
1° A court terme :
¤ Conséquences maternelles : HTA gravidique, sensibilité aux infections,
¤ Conséquences fœtales et néonatales :
macrosomie, excés de Liquide amniotique, mort in utero (très rare), dystocie des épaules avec risque de traumatismes fœtaux (mort per-partum, paralysie du plexus brachial, fracture de l'humérus,…), détresse respiratoire et complications métaboliques néonatales (hypoglycémie et hyperbilirubinémie en particulier).
¤ Conséquences obstétricales : Césariennes.-------------------------------------------
2° A long terme :
¤ Pour les femmes ayant eu un DG : risque de développer un diabète non insulino-dépendant (dans 15 à 60% des cas selon les groupes étudiés et la durée de suivi),
¤ Les enfants sont plus souvent atteints d'obésité, pathologie qui constitue un facteur de risque cardio-vasculaire, et de diabète non-insulino-dépendant (DNID).
A la sortie de la maternité, quelles sont les recommandations faites à la jeune accouchée ?
La contraception par les oestro-progestatifs n'est pas contre-indiquée du seul fait de l'antécédent de diabète gestationnel, sous réserve d'une normalisation des glycémies et d'un contrôle sous traitement.
Le choix d'un contraceptif doit être prudent car certains progestatifs utilisés seuls ou en traitement combiné pourraient favoriser l'évolution vers le DNID chez une femme ayant eu un DG.
Il est nécessaire de contrôler la tolérance au glucose, 3-6 mois après l'accouchement.
A distance de cette période, il est nécessaire de surveiller régulièrement la tolérance au glucose de ces femmes et de mettre en oeuvre des mesures préventives: normalisation ou stabilisation du poids, maintien d'une activité physique régulière, limitation des autres facteurs de risque vasculaire, car le diabète gestationnel constitue un marqueur précoce du risque de survenue d'un diabète non insulino-dépendant..
Il n'y a pas de consensus sur les modalités de la surveillance; néammoins une HGPO à 75 g tous les 12 à 24 mois peut être proposée.
En cas de nouvelles grossesses, un diagnostic de DG doit être assuré.
Concernant l'enfant, le risque d'obésité et de diabète non insulino-dépendant est augmenté chez ces enfants. Une surveillance régulière des enfants et une éducation nutritionnelle de la mère et de l'enfant sont donc nécessaires.
Points essentiels :
¤ Dépister le diabète gestationnel a un intérêt de santé publique : dépister une population à risque de diabète non-insulino-dépendant, ¤ Le dépistage sur des facteurs de risque a une sensibilité insuffisante 60 à 70%, ¤ Le dépistage repose sur le test d'O'Sullivan, [¤ Le diagnostic repose sur l'HGPO à 100g, ¤ La prise en charge est pluridisciplinaire : obstétricien, diabétologue, anesthésiste et pédiatre, ¤ En l'absence de prise en charge, les risques sont maternels (HTA, infections urinaires), fœtaux (macrosomie, détresse respiratoire et ][complications métaboliques) et infantiles (obésité et DNID), [¤ Le plus souvent, un régime hypocalorique (1800 à 2200 Kcal/j) et hypoglucidique (50%) est suffisant,
¤ L'allaitement maternel sera conseillé. Il contribue au retour à la normale de la tolérance au glucose à distance de l'accouchement, ¤ Un bilan diabétologique sera réalisé 3-6 mois après la naissance, ¤ La contraception oestro-progestative n'est ][pas contre-indiquée sous certaines conditions,¤ Au cours d'une grossesse ultérieure, le risque de DG est supérieur à 40%.