Je n’ai pas de suite parlé de ce livre que j’ai acheté pourtant très tôt. « La mélodie des tuyaux » de Benjamin LACOMBE a fait son petit bout de chemin dans notre maisonnée. J’ai suivi avec plaisir cette histoire emmenant cet enfant, perdu dans une famille ouvrière, fermée par leur environnement et un quotidien peu épanouissant. Alexandre va découvrir un autre monde grâce à l’arrivée de roulottes dans sa ville ouvrière. Il a 13 ans. Son futur est tout tracé, il sera ce que tous les habitants de la ville sont : des ouvriers enfermés dans cette usine immense, gargantuesque, grise et omniprésente. En cherchant autre chose, la couleur, ce rouge entré en ville, il découvre une autre musique et une autre manière de mener sa vie.
Ce livre/CD, format géant, est une belle entrée en matière sur la musique gitane, chaude, rythmée, vive. La participation de musiciens et de la voix chaude, épicée, de Olivia RUIZ, donne la tonalité. Bien sur c’est au départ une attirance, un joli minois et un air de danse. L’histoire m’a happée, avec cette musique mais surtout pour la sensibilité de ce livre sur les formes de différence. Différence de culture, différence physique aussi allant jusqu’à la présentation illustrée des personnages aux physionomies extrêmes que l’on trouvait dans les foires à monstres : enfant tronc, femme à barbe, jumelles siamoises ou femme mastodonte).
Il y a aussi, entre les lignes d’une histoire pour enfants, une profondeur, une seconde lecture plus audacieuse. Le rôle parental, par exemple : il doit y avoir de l’amour parental mais c’est surtout de la peur pour leur fils qui apparait. L’enfant parait aussi comme isolé, non communicant, presque en dehors… la musique devient une expression, une façon d’être au monde.
J'aurais presque aimé que Benjamin LACOMBE aille encore plus long, plus au fond mais c'est sûrement pour un lectorat plus âgé.
J’aime particulièrement les illustrations. Benjamin LACOMBE est très fort pour proposer des images qui pourraient passer pour « douces » et presque enfantines. Mais bien-sur ce n’est pas du tout le cas : les univers sont souvent sombres et mettent en avant des ombres et des ambiances plus graves. Les architectures et les personnages ont une épaisseur. Je suis d’ailleurs ravie de savoir qu’il devient de plus en plus connu. Ravie aussi de voir ce genre de livres pour enfant, superbement finis, aux enluminures, aux détails de sous couverture.
Lily nous offrait un très beau billet ici. Un interview de Benjamin LACOMBE:
Interview de Benjamin Lacombe - La mélodie des Tuyaux
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