Souvenez-vous il y a quelques années, le morceau Gabriel se faisait entendre sur les ondes et tout le monde a vite accroché. Un titre qui restait en tête et qui passait en discothèque pour le plus grand bonheur de Najoua Belyzel qui se faisait ainsi connaître du grand public. Après peu de promotion autour du 1er album et une longue absence afin de travailler, Najoua sort aujourd’hui son 2ème album baptisé Au féminin.
Najoua a eu le plaisir de me faire passer un très bon moment lors d’une longue interview qu’elle m’a accordée il y a quelques temps. Retrouvez ici la quasi intégralité de notre conversation sur ce nouvel album, l’univers de l’artiste et ses projets. Bonne lecture à vous.
Bonjour Najoua,
Pour commencer, peux-tu nous parler des sonorités que l’on va retrouver sur cet album ?
Déjà il est meilleur que le premier (rires). Il est beaucoup plus abouti, osé et en même temps c’est une continuité du précédent. Il y a pas mal de synthétiseur, beaucoup de nouveaux instruments comme de la flute et du sitar. Je suis assez contente de cet album.
Comment as-tu travaillé sur Au féminin?
J’ai pris mon temps, même si c’est relatif. Je n’écrits pas pour écrire, il faut que j’ai des choses à défendre ou à dire. Pour l’écriture c’est toujours pareil cela vient de moi et Christophe arrange les musiques, on forme un binôme. Il y a une vraie complicité et il me fait du sur-mesure par rapport aux thèmes assez forts. On a vraiment vécu l’instant sur cet album sans tricher.
Où prends-tu l’inspiration car tes thèmes sont parfois assez « durs »
Ils sont durs car ils sont réalistes. C’est un album miroir de ce qu’on peut vivre. Il y a des sujets un peu biographiques et d’autres inspirés de mon entourage. J’ai baptisé cet album Au féminin en écoutant une émission de radio l’été dernier qui parlait de la guerre de 100 ans. Ce qui a retenu mon attention c’est une grève de l’amour que les femmes avaient faite pour ne pas procréer d’enfants qui auraient à faire la guerre. C’est la force féminine qui m’a inspiré sans vouloir tomber dans le coté féministe et en restant actuel. C’est mon regard d’une jeune fille de 27 ans sur ce qui se passe autour de moi.
Il y a, par exemple, la chanson Jérémie qui parle de quelqu’un qui est bisexuel et qui est très heureux de ce qu’il est, il le crie haut et fort et cette chanson ce n’est que du positif. Il est très heureux et à la fin il sent son ventre gonflé et il y a un clin d’œil à l’adoption qui est un sujet actuel.
Le côté féminité est très présent dans les nouvelles chansons, on peut détailler un peu ?
Il y a une chanson qui s’appelle Au féminin qui a été inspirée par l’histoire d’une amie et qui parle des femmes battues. Il y a Ma sainte-Nitouche que j’adore, dès qu’on me la met, je saute partout (rires), elle parle de la chirurgie esthétique, c’est très actuel de se faire refaire quelque chose pour plaire aux hommes. Après il y a Ma vie n’est pas la tienne qui traite du fantasme féminin et de l’appartenance à l’autre quand on se met en couple. On ne laisse plus faire à l’autre ce qu’il aime. Sinon pour symboliser le tout il y a évidemment le duo avec Marc Lavoine sur Viola car c’est la chanson avec laquelle j’aimerais porter cet album-là. Viola ce sont plusieurs femmes qui ont souffert, qui souffrent et qui souffriront encore du problème de l’excision et de la prostitution. En plus avec Marc Lavoine et son côté sensible qui comprend les femmes je trouvais qu’ensemble l’émotion sublimerait le texte.
En parlant d’actualité, tu as été présente souvent ces derniers temps avec des sorties de single, c’était voulu ou ce sont des « accidents » ?
En fait tout d’abord Quand revient l’été c’était voulu. J’avais peut-être un peu peur de cette longue absence et en plus sur le 1er album il y a eu un peu de promo et du jour au lendemain plus rien. Je n’avais pas pu l’exploiter comme je voulais donc j’étais un peu fâchée. Quand revient l’été c’était la chanson entre les 2 albums que je voulais offrir à mes fans, une chanson fraîche. Après il y a eu La bienvenue, mais là je pense que c’est plutôt une erreur de stratégie (rires). Mais je suis heureuse qu’il soit sorti et le clip est très beau en plus. Ca n’a pas dû me porter préjudice et elle fera partie de l’album un peu retravaillée avec un quatuor à cordes.
Tu parles du clip de La bienvenue. Tes clips sont toujours très travaillés et beaux esthétiquement, à quel point t’impliques-tu dedans ?
A 100%. J’ai de la chance car on aurait pu m’influencer. Déjà dans Gabriel, la robe c’est moi qui l’ai dessinée par exemple et j’ai choisi le styliste. C’est moi qui écrits tous les synopsis et après je les montre à Christophe qui est vraiment la seule personne que je consulte pour ça. Après il y a un budget et on essaye de retranscrire quelque chose qu’on n’a pas l’habitude de voir à la télé. Pour La bienvenue avec le texte on peut penser à une femme enceinte qui après rejette son enfant ou un orphelinat. Je n’avais pas envie de ça et j’ai eu l’idée de la poupée dans le hangar et qui sera rejetée ensuite. Les seules choses qui la retiennent sur Terre c’est ce qui touche à Dieu et j’ai fait un clin d’œil en prenant le même garçon que dans Gabriel. C’est comme s’il avait apporté une pierre à l’édifice donc j’avais envie de retravailler avec lui.
Le single actuel est M (Hey Hey Hey), sans reparler encore des comparaisons avec Mylène Farmer, comment t’est venue l’idée de cette chanson ?
Ce qui m’a inspiré Hey Hey Hey, c’est que dès que je disais un truc on me reprochait que ça avait déjà été dit par Mylène Farmer donc j’ai voulu faire un refrain comme les américains avec une espèce de gimmick. Peut-être qu’un jour à force de persévérance on me reconnaîtra pour moi et ça me donne du courage pour montrer que l’on a rien avoir toutes les 2.
Afin de promouvoir cet album tu aimerais faire une vraie tournée ?
J’adorerais faire une tournée comme un artiste qui sort un album. Malheureusement la 1ère fois la maison de disque n’était pas dans l’optique de faire des tournées car il faisait beaucoup de one shot. Pour moi ça a surpris tout le monde et on n’a pas eu le temps de prévoir ça. En ce moment je travaille avec un prof de chant pour retravailler la justesse et les émotions et je pense que je vais me produire moi-même. On a appris par nous-mêmes et on va investir dans un tourneur. Je vais aller rencontrer les gens et voir les visages des gens qui aiment ce que je fais. Rien qu’une tournée de 15/20 dates avec des petites salles je serais heureuse et en se produisant soi-même ça devrait être possible. Je donne donc rendez-vous aux fans sûrement en 2010 pour une petite tournée. Je ne sais pas comment je l’appellerai (rires). Mais je donne rendez-vous aux fans dans les bacs dès aujourd’hui.
Je remercie encore une fois Najoua pour sa grande gentilesse et sa simplicité et je vous propose de découvrir, si ce n’est pas déjà fait, le clip de M (Hey Hey Hey).