Retour en arrière: voici une vidéo, que Bakchich vient de remettre au goût du jour, celle-ci opposait Eric Besson à Brice Hortefeux sur le plateau de Riposte en 2007 (38 jours avant la démission du même Besson du PS).
Cette vidéo est un un peu longue mais riche d'enseignements sur la force de conviction d'Eric Besson. La trahison qu'il a opéré 38 jours après cette émission reste assez incompréhensible à l'analyse à posteriori.
Il y a pour moi désormais deux solutions possibles pour expliquer ce rocambolesque retournement (de veste): soit comme je le pense Eric Besson est atteint d'une maladie psychiatrique lourde (puisque le terme est à la mode), j'avais d'ailleurs écrit un billet dans ce sens là voilà peu. Soit comme le suggère le philosophe, Michel Feher, dans ce billet improbable: Eric Besson est un infiltré du PS à l'UMP.
J'avais également écrit un billet concernant le livre qu'Eric Besson venait alors d'écrire fin 2006: Les inquiétantes ruptures de Mr Sarkozy.
De toute façon, dans les deux cas de figure que je viens d'évoquer, il est plus que jamais question d'analyse et de divan. Ceci pose donc une question importante à mes yeux: quid de la l'état psychiatrique de nos hommes et femmes politiques aujourd'hui ?
La psychiatrie en politique
C'est courrier international qui, sous la dictée d'un quotidien espagnol en février 2008, avait lancé ce débat à propos de Sarkozy sous ce titre un brin provocateur en France: Sarkozy, ce grand malade. Comme je l'ai signalé plus haut, je me suis moi-même posé cette question au sujet d'Eric Besson récemment. Vincent Peillon parlant, il y a quelques jours, de Ségolène Royal, et afin de la blesser, n'a t-il pas dit qu'elle relevait d'une "psychiatrie lourde" ? Jacques Chirac, selon les rumeurs, aurait pendant longtemps été traité au depakote afin de traiter les troubles de sa maladie bipolaire ?
Le sujet est à la mode certes, et les avancées dans ce domaine n'y sont sans doute pas pour rien. Mais une question me taraude l'esprit: quelles doivent être les qualités requises pour le quidam des mortels, hormis sa détermination bien entendu, pour arriver à des hautes fonctions politiques et à la fonction suprême à L'Elysée ?
Il est loin le temps où un Jacques Delors préférait en 1994 ne pas briguer une investiture socialiste, pourtant presqu'assurée, pour ne pas avoir à trancher ce dilemme: "soit mentir à l’opinion pour satisfaire ses soutiens potentiels, soit entraîner son camp vers la défaite."Nous avons maintenant en face de nous des phénomènes médiatiques, des personnalités histrioniques assumées...et adulées par les foules.
Nous voyons bien que l'intrigue, les coups-bas et la manipulation sont désormais la règle. Il va de soi que sans un Sarkozy à la tête de l'état, les Eric Besson, les Rachida Dati seraient sans doute restés dans la pénombre. Ce qu'ils refusaient de toute évidence.
Quelques pistes glanées ici et là
La complexité du rôle du politique s'est considérablement accrue depuis une dizaine d'années. Les réponses économiques classiques, avec la mondialisation, ont désormais une portée limitée. Les budgets récoltés par les impôts sont de plus en plus faibles tandis que la dette explose. L'individualisation de la société a généré un autre type de besoins en ce qui concerne la santé, la justice et la sécurité. Les défits climatiques sont devant nous. Les rapports de forces mondiaux ont changé etc. Et la modélisation théorique économique, et politique de ce nouveau monde qui se présente à nous n'existe pas.
Face à tous ces défits, tous antinomiques, des réponses classiques du type de celles du XXième siècle n'ont plus de prise sur nos esprits. Alors, promettez tout et et son contraire...cela peut passer puisque dans notre mode de vie segmentarisé chacun va aller piocher la réponse à son besoin. La question de la cohérence du paquet politique proposé n'existe pratiquement plus, où à la marge quelques semaines avant l'élection présidentielle lorsque les dés sont déjà jetés.
Nous le voyons bien avec Nicolas Sarkozy qui à force d'avoir promis tout et son contraire, revient benoitement à la réalité comme un rantanplan, la queue entre les jambes.
Peut-être bien que Sarkozy croyait à toutes les âneries qu'il énumérait et qu'il met maintenant en pratique avec les échecs que l'on connait. Mais étrangement cela ne veut pas dire qu'il ne sera pas réélu. La capacité du bonimenteur est effectivement supérieure à celle du "sachant", et ce n'est pas Platon qui dirait le contraire.
Notre société actuelle ainsi que notre système politique poussent vers l'émergence de tels énergumènes. Et c'est ce que nous attendons, Les politiques sont très certainement écrémés par le reflet de leurs différences psychiatriques dans le miroir de notre regard. c'est donc très certainement nous qui les créons, à notre corps défendant, devant l'impasse de cette société dont personne ne veut plus.