La fumée de cigarette dérange. Elle a vécu. Exit la nicotine. Exit les airs à la Gary Cooper. La fumée n’est pas en odeur de sainteté. Elle doit se faire oublier et rejoindre les nuages, les merveilleux nuages, là-bas ! D’ailleurs, bien fait pour lui ! Il a assez chanté les cigarillos et Dieu fumeur de Gitanes...
C’est un juste retour de flamme. Eteignez les briquets dans les mains, cachez le verre de bourbon, la nicotine et la Gauloise ! L’affiche du film « Gainsbourg », qui sort en janvier déclenche une polémique, parce que justement, c’est de la fumée qu’on voit. Et pour cause !
Certes, l’aura de Serge n’a pas besoin du renfort des volutes pour s’élever au-dessus de nos têtes, mais tout de même... Enlever la cigarette de la main du dandy c’est lui enlever le mot de la bouche et c’est lui retirer son masque. « Gainsbourg » chasse Gainsbarre... Tout cela paraît bien dérisoire ! Le cinéma rend enfin hommage au « Poinçonneur des Lilas » et on se pince le nez dans le métro. On voudrait lui retirer le mégot, lui décoller la peau et arracher la citrouille !
C’est un fait à notre époque, il faut faire couler de l’eau de rose sur les mythes, allonger le légume dans le lit de Procuste et vider l’Homme à la tête de chou dans le panier de la ménagère !
Préférera-t-on à l’affiche cigarette un tableau d’Arcimboldo pour les cœurs d’artichaut ? Ecce homo !