SINGER, Peter, Marx, a very short introduction, Oxford University Press, 2000, semble dire que l’œuvre de Marx s’explique simplement.
Elle est bâtie sur celle de Hegel, qui voit l’histoire comme la découverte par l’homme que son esprit fait partie d’un esprit universel. Tant qu’il ne le sait pas il se heurte à ses semblables, qu’il croit différents de lui, ce qui limite ses possibilités et sa liberté. Le jour où il comprendra son erreur, il sera libre et efficace, en faisant ce dont il a envie, il fera le bien commun.
Puis arrivent Bauer et Feuerbach. Reprenant le même type de raisonnement, ils expliquent que l’homme a affublé Dieu de leurs talents, de ce fait s’en privant, se les aliénant. Il faut se débarrasser de Dieu, du coup l’homme retrouvera ce qu’il a donné à la religion.
Marx fait de même mais avec l’économie. Le propre de l’homme c’est de produire. Or, le système productif aliène la production de l’homme qui en devient esclave. Il semble aussi prendre l’argument de Hegel à l’envers : ce ne sont pas les idées, l’esprit, qui guident l’homme, mais la production qui forme l’esprit. Mais la marche de l’histoire est la même chez Marx que chez Hegel : le capitalisme produit la division des tâches, qui fait que l’homme perd de vue l'unité de sa production ; or tout système productif est dépassé par sa propre logique qui crée un autre système ; jusqu’à ce que l’homme voit clair, c'est le « communisme ». Il n'est plus esclave de la production ; fin de la division des tâches, l’homme travaille comme il l’entend ; non seulement il y gagne sa vie, mais encore il fait le bien commun.
Si cette interprétation est correcte, l’analyse que fait Marx du capitalisme et de ses maux est d’une importance secondaire. Elle cherche seulement à montrer que l’on est bien dans le mouvement qu’il prévoit. De même, il ne sert à rien de décrire ce qu’est le communisme (ce que ne fait pas Marx), puisque c’est un aboutissement nécessaire. C’est une sorte de démonstration mathématique, par laquelle on prouve qu’il existe une solution unique, sans pour autant dire laquelle.
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