Après 3 superbes éditions, et même si la dernière avait un peu déçu, le festival d'Angoulême avait acquis une solide réputation, méritée, de très bon festival rock. A ces programmations souvent réussies (voire extraordinaires, comme le second soir de 2007) s'ajoutait un cadre de toute beauté, vert et vallonné, qui permettait de s'allonger sans manquer le spectacle sur la grande scène. Mais la Garden, c'était aussi un camping à taille humaine, un festival tout proche de chez moi, et la possibilité d'aller flâner dans la cité des ducs le samedi midi.
Aujourd'hui, samedi, se tenait un sit-in calme devant la mairie de la ville, qui cristallise le ressentiment des habitués du festival. Les quelques jours qui se snt écoulés depuis la première annonce de l'équipe de la Nef de ne pas reconduire le festival ont été autant de temps pour les fans de pleurer et de s'organiser, les politiques de crier leur attachement au festival (qu'ils adooooorent tous) et les autres acteurs culturels de se manifester...
Et la tendance s'est peut-être infléchie ces derniers jours. Si l'association Dingo la Nef n'aura très certainement pas les 280 000 € supplémentaires espérés pour leur budget (ce qui porterait à 450 000 le montant des subventions pour la manifestation, soit 30% du budget global), Jean-Louis Ménanteau a entrouvert la porte à une poursuite de l'événement, mais continue à réclamer une implication plus forte des collectivités.
Et là, je m'interroge un peu. Le contexte est clairement pas à la dépense effrénée de l'argent public, qui se fait de plus en plus rare dans les caisses des collectivités. Oui, évidemment, c'est moche, triste, rageant que ce soit la culture qui trinque, mais à l'heure où l'on parle LGV et autres infrastructures coûteuses, et que les rentrées d'argent fondent à vue d'oeil (frais de mutation en chute libre, suppression de la taxe professionnelle en vue), la tenue des festivals est forcément menacée. Bien sûr qu'un festival rapporte, il y a des touristes, des taxes... mais je n'arrive pas à penser qu'il n'y a pas une volonté de faire un coup médiatique avec cette menace.
Car effectivement, ce qui était certitude ne semble plus forcément l'être, l'adjoint à la Culture et aux loisirs, M. Gérard Désanphy avançant plusieurs solutions pour que cette édition ait lieu, et les autres aussi. Parmi celles-ci, une rallonge venant de la région (mme Royal voyant là sûrement une belle occasion de s'attirer un électorat jeune, même si son geste est appréciable), la recherche de nouveaux partenaires financiers (publics et privés, des pistes seraient à l'étude...), et enfin une convention triennale pour anticiper les problèmes de calendrier, qui surgissent invariablement quand approche le moment de signer les artistes.
Et enfin, si le gros problème était celui de ces artistes qu'il faut booker de plus en plus tôt, de ces cachets qui augmentent de plus en plus, parfois sans réelle mesure avec le talent (réel ou supposé) ? La guerre entre les festivals est une réalité, et rares sont ceux qui s'en sortent sans essuyer les plâtres. En Espagne, le Summercase a déclaré forfait, et il y en a certainement pas mal d'autres qui se sont retrouvés dans ce cas en Europe, victimes d'une fuite en avant dont le téléchargement est un peu facilement présenté comme la cause.
Une réunion est prévue le 07/12, qui, les spectateurs de la Garden Nef Party l'espèrent tous, apportera son lot de bonnes nouvelles. Et Angoulême sauvera peut-être sa place sur la carte de France des festivals : c'est tout ce qu'on peut souhaiter !
La pétition à signer en ligne pour demander le maintien de la GNP en 2010
Les comptes-rendus des éditions 2008 (soir 1, soir 2) et 2009 (soir 1, soir 2)