Call of Duty 4 s'est imposé comme un des meilleurs FPS de ces dernières années. Une campagne solo intense, multipliant les séquences cultes sans aucun temps mort ; un mode multijoueur bien ficelé qui bat encore des records de fréquentation aujourd'hui ; il n'en fallait pas plus pour réaliser un véritable raz-de-marée commercial (plus de 14 millions d'exemplaires écoulés !). Après une parenthèse Seconde Guerre mondiale, la série revient pour tenter de réitérer l'exploit.
C'est désormais un rituel bien rodé : chaque fin d'année amène avec elle son Call of Duty nouveau, dont la sortie crée l'événement. Au dernier E3, la mission dans la neige présentée par Infinity Ward a fait sensation. Puis le studio a dévoilé des images de Washington en proie aux flammes. Enfin, il y a quelques jours, les développeurs ont enfoncé le clou avec une nouvelle bande-annonce montrant carrément la station spatiale internationale se faire volatiliser Car hormis ces phases, IW est parvenu à conserver le secret autour de son bébé. Le plaisir de la découverte est donc intact au moment de plonger dans l'action.
L'histoire de Modern Warfare 2 se déroule cinq ans après celle du premier épisode, qui se terminait par la mort de Zakhaev. Le bougre survit pourtant
toujours dans la mémoire collective russe, érigé en martyr. Et il a trouvé un successeur en la personne de Makarov. Ce dernier fait donc office de nouveau méchant, même si vous vous doutez bien
que la réalité sous-jacente est plus compliquée qu'il n'y paraît
Une mission à laquelle le jeu vous propose d'ailleurs de participer, ou pas, selon votre sensibilité. En effet, les développeurs ont jugé que ce massacre de civils innocents pouvait choquer les joueurs. Il est vrai que la scène est particulièrement violente, même si cela semble un peu gratuit. D'un point de vue scénaristique, cet acte est surtout là pour justifier la guerre qui va suivre. Car il s'agit d'un coup monté pour faire croire à une action américaine. Conséquence ? Les Russes déclarent la guerre aux USA et lancent carrément une offensive aéroportée sur leur territoire ! Comme d'habitude, vous allez participer à ce conflit De Rio de Janeiro à l'Afghanistan, d'une plate-forme pétrolière à une base sous-marine russe, vous allez voir du pays pour tenter de mettre fin au conflit,
l'histoire de Modern Warfare 2 souffre tout de même d'une certaine confusion. Elle semble parfois décousue., Infinity Ward a encore des progrès à faire dans le
domaine narratif. Cette faiblesse est compensée par la puissance des séquences proposées, souvent époustouflantes. Fuite en motoneige, course-poursuite sur les toits jusqu'à l'hélicoptère
infiltration d'un camp ennemi dans le blizzard, sauvetage d'otages... On sent que les développeurs se sont lâchés, multipliant les scènes cultes qui s'enchaînent à un rythme effréné.Malgré le
déluge d'action,
Si Modern Warfare 2 met la barre très haut en termes de mise en scène, c'est surtout grâce au travail des techniciens qui posent le décor. Comme au cinéma, Au niveau visuel, c'est un véritable festival d'effets spéciaux, tout est impeccablement modélisé, texturé et animé dans les moindres détails, on s'y croirait. Le plan sonore n'est pas en reste, bien au contraire : entre les hurlements des soldats, les tirs qui claquent et les explosions, soutenus par la musique...
Oh non, mon vol est encore annulé !
Et le gameplay dans tout ça ? Il est remarquablement huilé, offrant une grande variété de situations : guérilla urbaine, défense désespérée, phases en véhicules,
etc. La routine n'a pas le temps de s'installer qu'on passe déjà à autre chose. Le jeu introduit quelques nouveautés, comme la possibilité d'exploser une porte ou un mur avant de pénétrer dans
une pièce, ce qui donne lieu à un effet de ralenti pendant quelques secondes. Il y a aussi quelques actions contextuelles (QTE), heureusement cantonnées à une petite séance d'escalade sur glace
et au combat final. Mais le jeu profite surtout de l'arsenal technologique ultramoderne de l'armée US. Vous aurez par exemple l'occasion de tirer des missiles Javelin, de désigner des cibles au
laser, d'utiliser des visions thermique et nocturne, et même de contrôler le redoutable drone Predator. Jouissif. Mais le gameplay souffre tout de même de quelques menus défauts, les mêmes qui
reviennent à chaque épisode de la série. L'intelligence artificielle n'est pas brillante quand on voit ce qui se fait ailleurs .quoique les ennemis semblent un poil plus mobiles qu'avant. Mais
d'autres retombent dans les pires travers, avec des couloirs bloqués par quelques meubles ne laissant qu'une seule issue possible (le Capitole en particulier). Enfin, le respawn intempestif des
ennemis tant qu'on n'a pas atteint le prochain checkpoint en énervera plus d'un. Scène de guérilla sous l'œil bienveillant du Christ.
La campagne solo de Modern Warfare 2 est donc donc un sacré morceau, d'une intensité rarement atteinte ailleurs. Par contre, cette intensité se paye sur la durée de vie : il faut environ six heures pour voir le générique de fin (qui n'est suivi d'aucune mission bonus cette fois-ci). Cette brièveté pourrait être préjudiciable au soft, mais Infinity Ward a choisi de la compenser en créant un mode coopératif baptisé Spec Ops, qui propose 23 courtes missions jouables à deux. La plupart se déroulent sur des portions de cartes issues de la campagne, mais quelques décors sont inédits tandis que certains sont recyclés de Call of Duty 4. On retrouve ainsi la petite église en bois des environs de Tchernobyl, ou encore la séquence de rail-shooting à bord de l'AC-130. Les défis Spec Ops sont très variés et pour la plupart bien conçus. Certains consistent à se défendre contre plusieurs vagues successives d'ennemis, d'autres à faire la course au guidon d'une motoneige... Une mission se déroule sur un pont envahi de voitures abandonnées, une autre propose de l'infiltration en pleine tempête de neige... Bref, on retrouve les mécanismes qui font le succès du solo, sauf que le plaisir est décuplé par la présence d'un partenaire humain. Les deux joueurs seront d'ailleurs parfois séparés, comme dans cette mission qui fait progresser l'un au sol pendant que l'autre l'appuie depuis un hélicoptère. En plus de rallonger la sauce, le mode Spec Ops fera le bonheur des amateurs de challenge, car la difficulté est parfois assez relevée. Obtenir toutes les étoiles ne sera pas une mince affaire.
Le studio se contente de reprendre la formule de Modern Warfare et de l'améliorer par petites touches. Le système est donc toujours basé sur des gains d'expériences qui permettent de débloquer de nouvelles armes et de nouveaux perks (avantages), vous autorisant alors à créer votre propre classe de soldat. Vous pourrez choisir trois perks parmi les quinze disponibles. Cela va d'un rechargement plus rapide à une vitesse de course accrue, en passant par des dégâts explosifs augmentés. Classique. MW2 propose aussi divers soutiens pour les joueurs qui tuent plusieurs ennemis à la suite (killstreak). Au bout de cinq, vous aurez le choix entre un tir de missile depuis un Predator ou une mitrailleuse automatique à déployer. A sept adversaires morts, c'est carrément un hélicoptère de combat qui arrivera en renfort. Et si vous parvenez à enchaîner 25 victimes, à vous la bombe nucléaire tactique. Les noobs ne sont pas oubliés et ont aussi droit à leurs "deathstreaks", des bonus gagnés en mourant plusieurs fois de suite. Au final, le mode multi s'avère très solide, avec des cartes bien pensées, des affrontements dynamiques et pas mal de variantes à débloquer. En revanche, la nouvelle vue à la troisième personne fait un peu gadget et sa jouabilité ne convainc pas totalement. Mais ce n'est qu'un détail : Modern Warfare est avant tout un FPS. Et un excellent FPS.
Évidemment, impossible d'évoquer le multi sans parler des tares dont est affublée cette version PC : pas de serveurs dédiés, parties hébergées directement par les
joueurs, avec tout ce que cela implique en termes de stabilité, de ping et de limite de joueurs (18). Si Activision voulait tuer la compétition et le modding, il ne s'y prendrait pas autrement.
C'est la raison pour laquelle le jeu écope de deux points en moins sur PC.
Ma note 12/20