Comment peut-on faire confiance aux scientifiques qui laissent échapper des virus des laboratoire nationaux? Comment peut-on faire confiance aux entreprises pharmaceutiques qui créent des vaccins et passent tout près de contaminer la population avec le virus H5N1? Sommes-nous des rats de laboratoire?
Admettons qu’en ouvrant votre journal aujourd’hui vous tombiez sur un article qui aurait comme titre: « L’Iran a recréé le virus de la grippe espagnole dans son laboratoire national de microbiologie ». Plusieurs s’inquiéteraient de cette nouvelle et personne ne serait même étonné si les États-Unis répondaient avec une guerre préventive ou par des sanctions économiques.
Je tiens dès maintenant à vous rassurer. Non, l’Iran n’a pas recréé le virus de la grippe espagnole, enfin, pas à ce que l’on sache. Ce sont les États-Unis, en 2005, qui ont recréé ce virus, dans leur laboratoire du Centers for Disease Control (CDC). Ne paniquons pas, car dans l’article on précise que des mesures de sécurité avancées protègent la population. Bien sûr, les États-Unis forment une démocratie et ils sont les « bons », nos « amis » :
CDC employed stringent biosafety and biosecurity precautions during research on the 1918 influenza virus. The work was done in a high containment Biosafety Level 3 lab with enhancements that include special provisions to protect both laboratory workers and the public from exposure to the virus.
Dans cet article provenant du CNRS, soit le Centre national de la recherche scientifique, un organisme public de recherche (établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche), on peut lire:
Des chercheurs de l’équipe de Terrence Tumpey (Centre de prévention et de contrôle des maladies, CDC, USA) ont reconstitué le virus de la grippe espagnole de 1918 afin de mieux comprendre son extrême virulence.
Ces informations ne proviennent pas de sites Internet obscures, mais de CDC et du CNRS. En 2004, avant même que ces scientifiques eurent terminé la reconstitution complète du virus, on s’inquiétait de ce qui pourrait advenir. C’est écrit noir sur blanc dans cet article, Experts fear escape of 1918 flu from lab:
Yet despite the danger, researchers in the US are working with reconstructed versions of the virus at less than the maximum level of containment. Many other experts are worried about the risks. « All the virologists I have spoken to have concerns, » says Ingegerd Kallings of the Swedish Institute for Infectious Disease Control in Stockholm, who helped set laboratory safety standards for the World Health Organization.
Quoi penser de tout ça? Est-ce que les experts en question sont des conspirationnistes qui ne font pas confiance au système? En ce qui me concerne, je ne suis pas du tout conforté. Des virus s’échappent des laboratoires plus qu’on le pense. Voici un résumé d’un article de la journaliste Helen Branswell originellement publié dans le Toronto Sun le 27 février 2009. Le titre de l’article est Baxter: Product contained live bird flu virus:
La compagnie Baxter a confirmé, aujourd’hui, qu’elle a fabriqué un produit expérimental qui a accidentellement été contaminé par le virus H5N1 de la grippe aviaire. Un porte-parole européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé que l’OMS suivait de près l’enquête qui retrace le fil des événements ayant mené à cette bévue. L’erreur a eu lieu au laboratoire de recherche de Baxter International à Orth-Donau, en Autriche. Le produit contaminé, un mélange de virus saisonniers de la grippe appelés H3N2 et de virus H5N1 qui n’étaient pas identifiés, ont été envoyés à Avir Green Hills Biotechnology, une firme autrichienne. Celle-ci a par la suite transmis des portions du mélange à des sous-traitants en République tchèque, en Slovénie et en Allemagne.
C’est le sous-traitant tchèque qui s’est rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond, lorsque des furets auxquels il avait injecté le mélange sont morts. Ceux-ci ne devraient pas mourir après une exposition aux virus H3N2, ce qui signifiait donc qu’ils avaient également reçu le virus actif du H5N1. (( Voir la Source ))
Si cela peut vous conforter, l’entreprise Baxter, elle aussi, se soumet à des normes de sécurité Biosafety Level 3 lab, comme au CDC où l’on a reconstitué le virus pandémique de 1918. Pour compléter sur cette histoire, je vous suggère de consulter cette vidéo dans laquelle Baxter avoue son erreur ainsi qu’un article dans le Times of India, Virus mix-up by lab could have resulted in pandemic. Étrangement, cette nouvelle n’a pas été reprise dans nos valeureux médias de masse. Il faut croire que ce n’est pas une nouvelle importante selon eux.
Qui sont les véritables conspirationnistes? Moi, qui présentent des informations bien documentées provenant de source extrêmement fiables, ou bien les médias de masse, qui taisent ces informations, mais en plus, participent allègrement à la campagne de peur pour la vaccination massive sans se poser de question?
Sommes-nous en sécurité au Canada? Je me croyais en relative sécurité jusqu’au lundi 16 novembre 2009. C’était avant de lire un article dans le Devoir ayant pour titre Des laboratoires peinent à faire le suivi sur leurs agents pathogènes. Voici un extrait:
Les découvertes de l’agence fédérale, un peu plus tôt cette année, concernent une période durant laquelle des scientifiques du Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg, étudiaient des centaines d’échantillons de ce qui s’est révélé être le virus de la grippe A(H1N1). [...] Ainsi, le Laboratoire national de microbiologie a perdu la trace, un peu plus tôt cette année, de 22 flacons contenant du matériel biologique. [...] Un scientifique aurait volé des flacons contenant le gène du virus Ebola en janvier. Mais la direction du Laboratoire national de microbiologie n’a appris la disparition des flacons qu’en mai, soit lorsque les autorités américaines ont arrêté l’ancien employé à un poste frontalier séparant le Manitoba et le Dakota du Nord.
Que peut-on conclure? Je ne sais pas, mais encore ici, il ne faut pas s’étonner de voir des théories du complot se multiplier sur l’Internet. Par contre, c’est vrai, il n’y a probablement pas de théorie du complot. Je ne crois pas qu’il y ait un plan avec des personnes concertées pour créer des pandémies. La réalité est que nous vivons dans un monde pas très sécuritaire où certains scientifiques jouent avec nos vies, et ce, dangereusement, ce qui n’est rien pour nous rassurer, j’en conviens.
Comment peut-on faire confiance aux scientifiques qui laissent échapper des virus des laboratoire nationaux? Comment peut-on même faire confiance aux entreprises pharmaceutiques qui créent des vaccins et passent tout près de contaminer la population avec le virus H5N1? Sommes-nous que des rats de laboratoire? Après la peur des terroristes, c’est maintenant la peur des virus. Nous ne sommes pas sortis de l’auberge!
Bref, ne vous inquiétez pas, les entreprises pharmaceutiques, les ghostbuster du 21ème siècle, sont là pour nous sauver. Vous savez, notre plus grand ennemi, c’est nous. Nous sommes même prêts à tester leurs nouveaux vaccins dans la peur s’il le faut. Il faudrait se rendre compte qu’il y a des bons et des méchants partout, autant à l’intérieur de nos laboratoires nationaux que dans ceux des entreprises pharmaceutiques.
Je sais, après ce que vous venez de lire, il est normal de se sentir un peu pris en sandwich, c’est-à-dire qu’il y a un réel risque qu’un virus beaucoup plus virulent que le nouveau A H1N1 2009 puisse faire surface, et en même temps, nous savons aussi que certains scientifiques manipulent des virus et des vaccins comme si ce n’était que de banales marchandises.
Quoiqu’il advienne, si le virus aviaire (H5N1) venait qu’à se répandre à travers le monde, l’OMS et les entreprises pharmaceutiques sont déjà prêtes, comme on peut le lire dans un communiqué de l’OMS daté du 13 juin 2007:
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé aujourd’hui qu’elle prend des dispositions avec les fabricants de vaccins pour aller de l’avant et constituer une réserve mondiale de vaccins contre le virus H5N1 de la grippe aviaire. L’annonce fait suite à la demande adressée à l’OMS par l’Assemblée mondiale de la Santé qui s’est tenue en mai concernant la constitution de stocks internationaux de vaccins contre le virus H5N1. Egalement mercredi, l’OMS s’est félicitée de l’annonce faite par GlaxoSmithKline qui va contribuer à la constitution de la réserve mondiale. Omninvest de Hongrie, Baxter et sanofi pasteur ont aussi indiqué leur intention de consacrer une partie de leur production de ces vaccins à la constitution de la réserve.
Il faut croire que les entreprises pharmaceutiques et l’OMS s’attendaient plutôt à une pandémie de grippe aviaire cette année, et non porcine. Ne vous inquiéter pas, elle ne saurait tarder. Tout est en place dans nos laboratoires, le virus et le vaccin. Il semble que cette campagne de vaccination mondiale n’est qu’une pratique.
Sylvain Racine 22 nov 2009, par mecanopolis.org