Soudainement, il voit au détour d’une rue
Une foule, pressée par le temps, qui se rue.
Elle crie à la volée des mots inaudibles,
Sans prendre garde à l’oiseau paisible.
« Savez-vous la dernière nouvelle ? »
Entend-t-on sans ouïr les voyelles !
Les badauds se rassemblent au cœur de la place
Explosent de joie leurs voix pleines de hourras
Piaillant à qui mieux-mieux telle une mégère
Divulguant les derniers racontars qui agacent
Du mari trompé ou de la femme adultère
Un pur chahut horrifié, un vrai brouhaha.
« Alors, cette dernière nouvelle, raconte !»
Entend-on, comme un cri qui gronde
La foule se piétine, au premier arrivé
Tendant les mains vers ce journal donné
Miss France, en titre, réjouie l’orgueilleux
Panacée royale digne d’un beau
vaniteux
« En clair, et les nouvelles de l’hiver ? »
Entend-on une
petite voix au timbre léger.
Un geste, un regard, un sourire, un petit rien
Dit cet homme au béret pour donner du bien
Que te vaut d’être riche, si ton monde est ta fin
Regarde à côté de toi tous ceux qui meurent de faim
Tourne-toi vers ceux qui pleurent, ceux qui désespèrent
Compatit à
leur peine afin que de nouveau ils espèrent.
Aurore