Parce que ce soir, je m'ennuyais. Parce que j'aime bien le petit bonhomme de Zof sur sa grenouille. Parce que j'avais rien à mettre sur mon blog.
Voilà donc en avant-première mondiale une nouvelle version du début de Jean-Futon contre les Hommes-Moustiques, qui ne verra sans doute jamais de fin parce que j'ai la flemme et pas d'idées. Mais ça finira bien, quand même. (et un jour, j'arriverai à faire un truc qui soit lisible par le lectorat visé, parce que là, oui, ça fait truc pour môme format adulte, snif).
(le personnage est copyrighté Zof, donc)
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Il était une fois, dans un pays fort loin d'ici, un château. Un château avec des tours, des douves, des gardes, un roi, une princesse avec un chapeau pointu et une robe rose qui s'appelait Ophidiane (la princesse, pas la robe), en bref un château tout ce qu'il y avait de plus châtelier.
Il y avait des bals, des joutes de chevaliers, des troubadours qui jouaient du banjo pour faire danser des ours sur des boules en bois, et de grands festins, car le roi était un fin gastronome.
En particulier, le roi était un grand amateur de fromages : coulants, pâteux, puants, à pâte cuite, moulés à la louche, râpés, il lui en fallait à tous les repas. C'est pourquoi il tenait dans son arrière-cuisine un parc à fromages, où ils pouvaient s'ébattre en liberté jusqu'au jour fatal où, arrivés à maturité, ils étaient servis à la table royale, heureux d'accomplir leur destin
.
Le gardien des fromages royaux s'appelait Jean-Futon. Jean-Futon était un jeune homme bien de sa personne, âgé d'une quinzaine d'années, courageux comme un lion, rusé comme un renard, agile comme un ouistiti et grand comme une souris. Une petite souris, même.
Sa petite taille n'était pas un problème : il devait surtout veiller contre les mouches, qui se croient toujours un peu tout permis, en particulier de venir poser leurs pattes sales sur la croûte fraîche des jeunes fromages, laper leur pâte molle à coups de trompinette baveuse, et poser des petites crottes une fois qu'elles ont fini leur forfait.
Il avait pour lui donner un coup de main dressé une jeune grenouille qu'il avait appelée Grenouille, aussi adroite pour attraper les mouches à coups de langue que lui-même l'était pour les transpercer de ses flèches taillées dans des allumettes.
Malgré son jeune âge, Jean-Futon était garde-fromager depuis des années, et le parc à fromages était aussi bien tenu qu'il pouvait l'être. Au moindre « Bzzzzz », il empoignait son arc, sautait sur le dos de Grenouille, et malheur à l'audacieuse mouche qui avait osé attaquer le timide crottin de Chavignol placé sous sa protection ! Tchac, tchac, deux coups d'épingle en plein coeur si elle avait été trop lente pour décoller, et si elle avait eu le temps de s'envoler, une flèche venait la cueillir en vol, ou la longue langue de Grenouille surgissait comme par magie pour la gober avec un « schloumpf » étouffé.
C'était une vie un peu fatigante que menait Jean-Futon, mais il ne s'en plaignait pas. Il était nourri des miettes de la table royale, logé sous l'évier de la cuisine, et tous les fromages l'aimaient bien et lui faisaient confiance. C'était bien mieux que d'être paysan et de devoir faire pousser des haricots qui mettent des mois à sortir de terre, ou élever des poulets qui auraient pu le noyer en une seule crotte.
Un beau matin d'été, alors que Jean-Futon dormait tranquillement après avoir passé une dure nuit de travail (en été, les fromages se ramollissaient un peu et les attaques de mouches étaient plus nombreuses qu'en hiver), il fut réveillé par un grand cri qui ressemblait à « HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! », suivi d'un bruit de vaisselle brisé, qui semblait venir du donjon occupé par la famille royale. Il sauta hors de la boîte d'allumettes qui lui servait de lit, et se précipita dans les couloirs, où il faillit être écrabouillé par les hommes d'armes qui couraient comme des dératés en agitant leurs épées dans tous les sens et en criant.
Il bondit comme un tigre sur le talon d'un d'entre eux, grimpa jusqu'à l'ourlet de son pantalon, et s'accrocha tant bien que mal pendant que le propriétaire du pantalon escaladait les marches de la tour de la princesse quatre à quatre.
Soudain, le pantalon s'arrêta. Plus un bruit. Jean-Futon descendit prudemment, et se faufila entre les jambes pour voir ce qu'il se passait.
Il était devant la chambre de la princesse, et elle était vide.
Enfin, il y avait le lit avec les draps roses, entourés de rideaux roses, des tapis par terre, des peluches, des affiches de poneys, la nounou de la princesse évanouie par terre, et un bol de chocolat cassé à ses côtés, mais de princesse, aucune trace. Un des gardes s'avança prudemment (il y avait un papier avec marqué « interdit aux garçons » sur la porte peinte en rose), et pointa du doigt : « il y a un bout de papier sur le lit ! ». Il s'approcha, et s'en saisit.
-Quelqu'un sait lire, ici ?
Une voix retentit : « donnez moi ça ! »
Le roi venait d'arriver, en robe de chambre et chaussons panda, et avec l'air bouleversé.
Il parcourut la missive et s'effondra sur le pouf rose qu'un garde avait prestement glissé sous ses fesses. Il souffla : « Mon dieu ! Ma fille a été enlevée par les hommes-moustiques ! ».
Les gardes, pris de saisissement, reculèrent d'un pas.
« Les hommes moustiques ? » « ils existent donc ? » « C'est affreux ! »
Le roi était un homme d'action. Il se ressaisit donc rapidement, et annonça : « j'offre une récompense à qui tirera ma fille des mains de ces terrifiantes créatures sans pitié aux pouvoirs inconnus et terrifiants ! »
A (sans doute ne pas) suivre...