C’était par une fin d’après-midi étouffante, nous étions, Rose, Anthony et moi, en train de birder sur la côte ouest, au niveau de Broome. Anthony spotait à la longue-vue, recherchant avec acharnement quelque bécasseau spatule, tandis que votre serviteur se niquait les yeux avec ses jumelles, essayant tant bien que mal de faire le tri dans la foule de limicoles qui s’étalait à nos pieds.
La suite risque de faire très mal aux quelques membres de la Dunnock Team qui me lisent quand ils ont du temps à perdre et qui sont déjà psychologiquement affaiblis par la dernière migration d’automne, une des pire dans l’histoire de l’ornithologie française.
Nous étions donc là, le cul dans le sable par 35°C, le guide d’identification qui va bien ouvert sur les genoux, le chapeau de touriste vissé sur la tête et l’humeur joyeuse, bref en deux mots nous étions « au taquet ».
Bécasseaux à cou roux, chevaliers de Sibérie, bécasseaux de l’Anadyr et autres gravelots de Leschenault s’affairaient à fouiller la vase à marrée montante, dernier repas avant la nuit. Quand soudain, je la vis, si mignonne sur ses petites pattes jaunes et tellement élégante avec son long bec courbé. C’était la première fois pour moi, je cochais. L’adrénaline montait en moi et déjà je ressentais une vague de chaleur m’envahir. Sans hésitation aucune, j’annonçais fièrement ma trouvaille tout en gardant mon sang froid : « Bargette de Terek !! Et blam !! »
Je me tourne alors vers mon camarade, un grand sourire aux lèvres et les yeux pétillants. Anthony me répond : « Ah, ouais, sympa. J’ai déjà la coche, t’aurais pu la faire à Karumba, je sais pas c’que t’as branlé. »
Je suis sûr qu’il était jaloux car je l’ai vu avant lui ce soir-là.
PS : j’ai pas encore de photo de la bargette, alors je mets d’autres trucs.
Bécasseaux de l’Anadyr - Calidris tenuirostris.
Chevalier de Sibérie.