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Interview du Docteur Bâ Bocar Alpha

Publié le 22 novembre 2009 par Bababe

 Dr Bâ Bocar Alpha, UNE MEMOIRE VIVANTE

Interview du Docteur Bâ Bocar Alpha

Témoin privilégié de l'histoire contemporaine du pays, Docteur Bâ Bocar Alpha est l'un des pères fondateurs et bâtisseurs de la Mauritanie moderne.

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 Ancien ministre de la Santé, des Finances et des Affaires sociales dans les premiers gouvernements du défunt Président, Me Mokhtar Ould Daddah, c'est le premier membre du gouvernement à démissionner de ses fonctions, pour se consacrer à sa vocation, alléger la souffrance de ses contemporains.
Très attaché à son pays et à ses concitoyens, Dr Bâ Bocar Alpha déclinera des postes internationaux pour rester et servir la Mauritanie. Agé aujourd'hui de 83 ans, toujours alerte et l'esprit encore vif, il nous restitue sa vision de la Mauritanie, à travers un survol sur l'histoire de ses hommes. Autres sujets évoqués, la gabegie et l'esclavage.
L'Authentique : Docteur Bâ Bocar Alpha, vous avez assisté à la naissance de la Mauritanie, quelle conception aviez-vous de l'Etat après l'indépendance ?
Dr Bâ Bocar Alpha : la conception de l'Etat que je portais en moi était très simple, et le pays s'est révélé un peu plus compliqué que ce que l'on croyait. Pour moi, l'indépendance signifiait l'indépendance totale, sans restriction, la plus souveraine qui soit, ce qui n'était pas du tout la vision qu'en faisait le colonisateur français. En effet, il se trouvait qu'il y avait un état de conflit d'intérêt qui n'avait pas été exprimé. Nous, nous voulions l'indépendance totale mais pour le colon, il voulait une indépendance octroyée tout en laissant un certain nombre de choses en l'état. Il y a ainsi que dans l'esprit du colonisateur, l'indépendance devait rester une mode pas plus, la mode qui voulait que les pays colonisés restent " indépendants " entre guillemets. Cela ne répondait pas à notre propre vision quant à une indépendance réelle et définitive, sans esprit de revanche ou d'opposition systématique. Nous ne pouvions pas comprendre qu'on nous impose l'idée que l'indépendance est un simple mot. Voilà la conception chargée d'électricité que nous avions de l'Etat mauritanien indépendant.
L'Authentique : dans quelles circonstances avez-vous connu le défunt Me Mokhtar Ould Daddah ?
Dr Bâ Bocar Alpha : Boutilimit est mon premier poste de médecin africain et j'y suis resté pendant quatre ans. Mon arrivée à Boutilimit en 1954 a une histoire. A la fin de mes études à l'Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar, je devais faire mon service militaire en tant que médecin dans le 4ème régiment de Dakar (4ème RAC) pendant un an. Après ma démobilisation, je devais prendre un congé libéral chez moi à Kaédi. Il se trouve qu'à Saint-Louis, le bateau dans lequel j'avais embarqué, le "Bou El Moghdad ", transportait également Pierre Messmer qui venait d'être nommé Gouverneur par intérim de la Mauritanie. Nous ne nous connaissions pas. A chaque escale le long du Fleuve Sénégal, les populations venaient acclamer le nouveau gouverneur. Arrivé à Kaédi, je trouve mon oncle, Bâ Mamadou, gravement malade, et ma mère s'apprêtait à l'accompagner à Saint-Louis pour se soigner, à bord du même bateau. J'ai proposé de partir à sa place. Il se trouve que Messmer était venu entre temps à la maison rendre visite à mon oncle qui était le chef de canton. Mon oncle m'a alors présenté au Gouverneur, en lui disant voilà mon neveu, il est docteur et vient d'achever son service militaire en tant que médecin. Messmer lui dit alors "mais j'ai besoin de lui ici ". Je répondis un peu irrité "je regrette, j'ai donné ma parole à mon professeur de chirurgie qui m'avait demandé de travailler avec lui ". Alors j'ai vu mon oncle complètement désappointé, alors je me suis ressaisi et accepté l'offre de Messmer qui m'envoya à Boutilimit.
J'ai été affecté à Boutilimit, mais auparavant, je devais accompagner mon oncle à Saint-Louis. Durant le trajet, Messmer est venu plusieurs fois dans notre cabine pour échanger quelques politesses avec mon oncle. Je ne devais rester à Boutilimit que 6 mois, mais ces 6 mois deviendront 4 ans.
J'ai débarqué à Boutilimit en qualité de médecin de brousse et les voyages à l'intérieur se faisaient uniquement à l'époque à dos de chameau. D'ailleurs, ces périples à dos de ces équidés, j'en ai fait beaucoup, dont celui qui m'a mené une fois à ZAR dans le territoire de Sidi Mohamed Taguenitti. Je devais y déterrer un mort pour une autopsie, mais j'ai trouvé que le mort avait déjà été déterré et j'ai fait mon rapport.
Mon premier contact avec le défunt Me Mokhtar Ould Daddah est une longue histoire. Il faut dire que quand je suis arrivé à Boutilimit, j'ai fait la connaissance de Mohameden Ould Daddah, le père de Mokhtar Ould Daddah et sa mère, Khadijetou Mint Mahmoud Brahim. Khadijetou était une femme exceptionnelle et elle était en ce moment-là séparée de Mohameden. Il s'agissait d'une femme qui n'avait pas beaucoup de moyens, mais qui était dotée d'une très grande dignité. Je me suis offert alors de m'occuper de ses filles que je soignais avec le plus grand soin. Elle m'a aimé comme son propre fils et ses filles étaient des petites sœurs pour moi. Quand au père de Mokhtar, Mohameden Ould Daddah, j'ai conçu pour lui une grande admiration. C'était un grand marabout qui vivait pratiquement au Sénégal et ne venait à Boutilimit qu'à l'hivernage. C'était un homme libre et d'une très grande ouverture d'esprit.
J'étais donc à Boutilimit quand Mokhtar Ould Daddah débarqua de la métropole. Il était venu de France avec Sid'El Mokhtar Ndiaye, de Paris jusqu'à Atar. Puis d'Atar, ils sont descendus sur Nouakchott qui n'était encore qu'une petite garnison avec comme seul quartier le Ksar. Pendant que Sid'El Mokhtar Ndiaye continuait son périple vers Saint-Louis à bord de son véhicule, Mokhtar prenait le chameau pour se rendre à Boutilimit. Il arriva malade et très souffrant. Je l'ai interné dans ma propre chambre et sur mon propre lit. J'ai pris pour moi une peau de bélier sur lequel je me suis couché près de son lit et je lui ai dit de me réveiller à chaque fois qu'il avait besoin de moi, en me touchant avec son pied. Il faisait en ce moment une pleurésie, que j'ai traitée, puis je l'ai fait accompagner par mon infirmier jusqu'à Saint-Louis. Durant ce séjour, Mokhtar sut ce que je représentais pour ses parents et ses sœurs. Eux-mêmes le lui avaient dit.
L'Authentique : vous aviez occupé par la suite des postes ministériels au sein du gouvernement, vous rappeliez-vous à cette époque de cas de gabegie ?
Dr Bâ Bocar Alpha : pas au niveau de ce qui existe aujourd'hui. Cela n'a rien à voir…Il y avait plus de probité et de sens du devoir national.
L'Authentique : en 1956, vous aviez pris position pour Gemal Abdel Naçer dans la fameuse crise du Canal de Suez. Qu'est-ce qui avait motivé cette prise de position qui faillit vous coûter la prison ici en Mauritanie ?
Dr Bâ Bocar Alpha : c'est normal. Pour moi, le Canal de Suez est égyptien. Il est situé sur le territoire de l'Egypte et sous sa souveraineté absolue. Si Naçer le dit, moi aussi je le dis et je l'ai dit tout haut. A l'époque, j'avais un poste radio et les gens venaient chez moi pour suivre l'évolution de cette crise sur le Canal de Suez. Et cela, le colonisateur ne l'acceptait pas. On m'a demandé de sortir de Kaédi, où je me trouvais en vacances, sinon, me menaça-t-on, j'allais en prison. J'ai fait mes bagages et je suis parti en France. Même s'il y avait des accords, comme à Panama, il n'empêche que le Canal appartient à l'Egypte qui peut parfaitement décider en toute souveraineté que les bateaux étrangers ne l'emprunteront plus.
L'Authentique : quelle lecture faites-vous des 30 dernières années de l'histoire de la Mauritanie ?
Dr Bâ Bocar Alpha : la Mauritanie s'est développée, peut-être moins vite que certains pays qui nous entourent. Nous n'avions jamais accepté que la Mauritanie soit ce que le colonisateur voulait en faire. Nous avions pris notre indépendance à bras le corps.

L'Authentique : que pensez-vous de la question identitaire et des problèmes de l'unité nationale ?

Dr Bâ Bocar Alpha : ce que j'en pense, c'est que laissés à eux-mêmes, les Mauritaniens avaient trouvé un équilibre entre eux. Personne ne se sentait meilleur ou supérieur aux autres, personne ne prétendait asservir l'autre. La question religieuse a été mal interprétée, car il est dans la nature du Noir de respecter jusqu'à la vénération le dépositaire du savoir religieux, celui qui occupe une magistrature spirituelle. Ce qui malheureusement a été souvent interprétée comme une faiblesse, un certain sentiment d'infériorité ou une totale soumission, d'où parfois des velléités de domination. Or, le respect que l'homme noir voue au marabout trompe beaucoup de gens. Le problème d'esclavage et le sentiment qu'ont certains de vouloir commander les autres ont beaucoup nui à l'unité nationale et provoqué une cassure identitaire.
L'Authentique : nous avons appris que vous aviez décliné des postes au niveau international après votre départ du gouvernement, qu'en est-il ?
Dr Bâ Bocar Alpha : je n'ai jamais été mis à la porte d'un gouvernement. J'avais démissionné et j'ai eu toujours la délicatesse de dire au gouvernement de procéder à un remaniement et de ne pas m'y mettre pour qu'on ne sache pas qu'il y a un ministre qui a démissionné, car cela peut ternir l'image du gouvernement. Mais certains esprits immoraux, ont la manie de vouloir humilier. Je ne l'ai pas accepté tellement que j'ai refusé des postes qui étaient mille fois meilleurs que ce que je pouvais trouver ici. Un de mes camarades de William Ponty était venu de la CEA (Commission Economique pour l'Afrique) pour me proposer un poste de la part du Président de l'institution en personne. Il voulait refaire l'organigramme de la CEA uniquement pour me réserver un grand poste. Je l'ai décliné. Cela n'a pas plus à mon promotionnaire de Ponty. Par la suite, la rumeur a circulé selon lequel il y avait des problèmes entre moi et Mokhtar Ould Daddah. Il est vrai que Mokhtar avait la manie de vouloir humilier ceux dont il n'avait plus besoin. Moi, j'ai voulu rester ici, chez moi en Mauritanie, qui est mon pays plus que pour les autres, et servir mes concitoyens.
L'Authentique : quelles sont les causes réelles de votre départ du gouvernement ?
Dr Bâ Bocar Alpha : les causes réelles ? Moi je suis médecin dans l'âme. Je suis médecin et je suis du genre qui œuvre pour une médecine propre et de proximité, de jour comme de nuit. Vingt-cinq ans après, je ressens une très grande émotion, chaque fois que de vieux patients viennent me voir pour me montrer des ordonnances que je leur avais prescrites il y a de cela plusieurs décennies. Je ne faisais pas de la médecine pour m'enrichir. Quand on vient de Nebagha pour me dire qu'il y a un malade, je prends un chameau pour aller soigner le malade et je n'ai jamais refusé de soigner, même en dehors de ma circonscription, car la maladie et la souffrance ne connaissent pas de limites géographiques. Lorsque j'étais ministre, un chamelier est venu en pleine réunion de cabinet. Il disait que son épouse accouche, que la tête de l'enfant est bloqué. J'ai demandé à mon directeur de cabinet de poursuivre la réunion sans moi et je suis parti avec le chamelier en pleine brousse. J'ai procédé à l'accouchement et j'ai extrait l'enfant. Mon esprit est incompressible dans un pays où on n'aime pas les esprits libres et rebelles.
L'Authentique : comment imaginez-vous l'avenir politique de la Mauritanie ?
Dr Bâ Bocar Alpha : que la Mauritanie accepte d'être la Mauritanie de tous les Mauritaniens, qu'on ne dise pas ceux-là sont de vrais Mauritaniens et les autres des Mauritaniens de deuxième ou de énième zone. Il faut qu'on libère les mentalités, qu'on libère les Haratines avant qu'ils ne se libèrent d'eux-mêmes. Il faut qu'on se débarrasse de toutes ces vieilleries. Beaucoup de Mauritaniens ont un esprit de colonisés ou de colonisateurs. Ceux qui ont l'habitude de coloniser les autres, doivent se libérer l'esprit. Personne n'est né esclave, mais beaucoup ont été réduits en esclavage…

L'Authentique : quels conseils prodiguez-vous à la classe politique et aux dirigeants ?

Dr Bâ Bocar Alpha : à la classe politique, je dirais d'abord qu'il faut appliquer ce qu'on a appris à l'école, c'est-à-dire avoir beaucoup d'humilité et de modestie. Il faut se débarrasser de l'idée selon laquelle on est né pour commander, car en réalité nous sommes nés pour éduquer et pour servir la collectivité nationale. Ceux qui se disent intellectuels, et qui sont à l'origine de tous les maux que connaît aujourd'hui la Mauritanie, doivent utiliser leurs compétences dans des actions positives à fort impact pour le développement de leur pays, au lieu de perdre leur précieuse énergie dans des actions négatives. Ce que je regrette chez la composante arabe de notre population, c'est cette fausse idée qu'ils sont meilleurs que les autres et qu'ils ont été conçus pour commander. Ils ne sont pas plus nobles, pas plus intelligents que ceux qu'ils cherchent à asservir. Ce qu'ils ignorent, c'est que les Noirs sont également esclavagistes et partagent les mêmes sentiments de suffisance et de supériorité.
Propos recueillis par Cheikh Aïdara - L´AUTHENTIQUE
Dr Bâ Bocar Alpha, une mémoire vivante de la Mauritanie
Sur papier, Bâ Bocar Alpha est né en 1928, mais l'intéressé soutient être né deux ans plus tôt, en 1926. Originaire de Kaédi, dans le village de Horé Fondé, le jeune Bâ Bocar est né dans une famille maraboutique, profondément pieuse et éclatée entre plusieurs autres localités de cette verdoyante et mythique région du Gorgol. Il décrochera, d'une manière anecdotique, vers le début des années 30, son Certificat d'études primaires et son concours d'entrée à l'école Blanchot, à Saint-Louis. En effet, à la veille du CEP, son père l'avait appelé pour lui demander s'il savait comment le palmier dattier se multiplie. Devant son incrédulité, il lui expliqua que la fécondation du palmier dattier se faisait par le transfert du pollen du palmier mâle vers le palmier femelle. C'est la question que lui posera à l'oral, l'inspecteur de l'Enseignement à l'époque, et qui lui valut ses 18/20. Au concours d'entrée à l'école Blanchot, le même inspecteur lui demandera de lui faire une chanson en arabe. Il lui récita Benou A'Cher et récolta également 18/20. Ils seront ainsi deux petits Mauritaniens, Mamadou Touré et Bâ Bocar Alpha à décrocher les deux premières places au classement général pour l'entrée à l'école Blanchot. Puis ce sera l'Ecole William Ponty et l'Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar où sont formés les médecins africains. Un titre qui ne satisfaisait pas les ambitions du jeune Bâ Bocar Alpha qui voulait devenir médecin plein et entier. A sa sortie, il devait s'acquitter de son service militaire obligatoire, qu'il effectuera au sein du 4ème régiment de Dakar. C'est durant son congé libéral à Kaédi, qu'il fera la connaissance du Gouverneur par intérim de la Mauritanie, Pierre Messmer, qui venait de prendre ses fonctions. Affecté à Boutilimitt pour six mois, Bâ Bocar Alpha demeurera dans cette ville quatre années durant. De retour en congé à Kaédi, éclata la crise du Canal de Suez qui avait opposé l'Egypte à la France et à la Grande Bretagne, en 1956. Il prit fait et cause pour Gemal Abdel Naçer. Ce qui ne plut pas au Commandant de cercle qui le somma de quitter immédiatement Kaédi sous peine d'être emprisonné. Bâ Bocar Alpha s'envola pour la France où il s'inscrivit dans des cours préparatoires au baccalauréat, avec Mention bien. Il est alors mis à la disposition de la Mauritanie et rencontre entre autres Sid'El Mokhtar Ndiaye. Il servira à Saint-Louis comme médecin chargé des fonctionnaires du gouvernement de la Mauritanie. C'est l'époque des prémisses des mouvements politiques en Afrique. Bâ Bocar repartira s'inscrire à la faculté de médecine de Bordeaux où il décrocha un P.C.B (Physique, Chimie et Biologie), et s'attaquera ensuite à la thèse de doctorat, avec comme sujet l'endocrinologie. Plus tard, il retourna en Mauritanie où Mokhtar Ould Daddah lui confia le ministère de la Santé et ensuite celui des Affaires Sociales. En tant que ministre des Finances, il signera les premiers billets de banque CFA. Bâ Bocar Alpha participera alors au difficile chantier de la construction d'un Etat auquel personne ne croyait, même pas la France. Il sera l'artisan de la reconnaissance de la Mauritanie auprès de l'Egypte de Nacer et l'Iran du Chah. Bâ Bocar Alpha fut de toutes les batailles politiques que la Mauritanie indépendante a connues, participant aux deux Congrès, celui de Rosso et d'Aleg. Ayant démissionné du gouvernement, suite à un profond malentendu avec le président Mokhtar Ould Daddah, Bâ Bocar Alpha refusera des offres internationales pour se consacrer à sa vocation. Il restera interdit d'exercice dans un cabinet à l'époque de Mokhtar, avant d'ouvrir la première clinique privée du pays, au début des années 80.
Aujourd'hui âgé de 83 ans, il reste l'une des rares mémoires vivantes de la Mauritanie, un pays qui paradoxalement s'évertue à détruire sa mémoire collective. L'esprit toujours alerte et vif, la mémoire encore intacte, Bâ Bocar Alpha partage ses journées entre son grand salon qui ne désemplit pas et la mosquée impériale qu'il s'est fait construire dans sa maison, située juste en face de celle de son ancien président, camarade et compagnon, Ould Daddah.
L'homme appartient à la dernière génération de médecin dont la race s'est éteinte, celle des philanthropes et des humanistes. Il continue de se draper de sa simplicité, le visage éclairé d'un éternel sourire condescendant, celui que les patients ne retrouvent plus dans l'œil cupide des chasseurs de prime d'aujourd'hui, dont la plupart confondent serment d'Hippocrate et sermon d'hypocrite.
 


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