Dans les mi-nuits de l’école des fous

Par Pantsavarts
Plus d’un an pour le finir, mais le voilà, à l’aube et au soir il a la teinte de mon coeur.

Orage automatique, une salle fugace, plus près du terminal là où on s’enferme, une vie, un lieu qui sans porte s’emporte dans deux coeurs ou deux mémoires ou deux os soudés entre eux, puis faire les proches du condamné, la même pièce, avec un goût amer, une immense baignoire, un tub, antique ou ancien, qui fier au milieu de la pièce chasse le lit contre le mur humide où sont tant collées les larmes sur les capitons que leurs dessins destinent plus que l’aube qui elle n »arrive pas là…

Lit, lis, lit, qui ne fait que tourner ne sert pas non ne serre pas lie pas lié, et dormir si ce n’est pas mieux non ce n’est guère si ce n’est guerre non ce n’est pas lié à cette lie…

Et j’espère en corps qu’il est des lieux comme Fort Sommeil, même si métal y couve le sang de ma douleur…


-Putain de cauchemar

-tu dis ?

-Rêvé que j’étais plus là, et comme j’étais plus là, j’entendais même plus les cris de jouissance de la nana derrière le mur

-mort ?

-Non, y avait plus d’eau et j’étais sorti de la baignoire

-hola, rude rêve, mais remarque tu n’es pas dans une baignoire là, mais sur un lit, et même pas sur un matelas à eau…

-ah!

-oui, et puis chacun son trip man, moi c’est Eros, toi c’est Thanatos

-punaise, comment t’arrives à mener une conversation en te triturant la queue, érotomane je crois ça plus grave que mon voyage dans une baignoire, y a rien de sain à se masturber tout le temps

-plus grave ? Eh, je crache pas la purée sur toi, man, suis respectueux de mes potes moi, et toi avec ta baignoire comme lit, ton eau qui peine à ressembler à un vrai liquide, tes airs de je sais pas quoi, après oui, tu me trouves plus grave que toi qui a découpé ta femme en morceaux ?

-Pas découpée !  lavée ! et dans une baignoire, dans cette baignoire

-ouais, si tu veux… mais lavée avec un couteau de découpe, tu y vas fort pour enlever la saleté toi ! puis tu deviens lourd avec ta baignoire

-ben une baignoire à l’ancienne, un tub, ça pèse tu sais… et j’ai peut être mal jugé la profondeur du nettoyage, en tout cas l’eau prend une jolie couleur, plus suave, plus sensuelle que celle de la crasse classique. Elle vieillissait mal, elle avait de plus en plus mal, fallait laver toute cette saleté de vieillesse, de maladie, ses douleurs,  fallait que je répare ce que la vie avait fait, c’est ça aussi l’amour, c’est ça d’abord même, nettoyer ce qui est sale en amour pour faire moins mal.

-Alors c’est peut être la même qui jouit derrière ce mur ? celle qui crie pour que je jouisse avec elle, celle qui se caresse devant son mur, pinçant mes lèvres entre les siennes pour que je ne crie pas, alors je fais, je prends ma bite raide, je continue, je recommence, et je l’entends toujours, moi ça ne me lave pas, ça fait mal et ça fait bien, c’est un peu comme quand je me tape la tête contre le mur,  le sang en moins, les bosses en moins, oui tout comme, sauf que ça donne de putains de crampes, et c’est pour ça que je fais des pauses, comme elle remarque…

-ouais, les crampes je connais itou, moi c’est plutôt dans la main droite, dans l’avant bras, une ankylose, une paresthésie, une subtile dolore, tiens j’espère que la main, le bras vont tomber, autrement je crois que j’ai gardé mon couteau, je laverai…ou peut être que je perds la tête, sans la tête je serai surement mieux, ou juste avec la tête remarque, je pense qu’elle flotterait pas mal dans la baignoire, je voyagerai d’un bout du monde à l’autre

-Moi c’est la boite à souvenir que j’aimerai laver, elle fabrique plus de trous que de souvenirs cette boite, on a du me bercer trop près du mur de Berlin, ou de la Grande Muraille, ça donne des moments qui ne se savent plus, faudrait voir, tiens des fois, ton couteau tu me le prêterais ?

et d’un coté lyrique ?

Et un coeur rouge et le peindre sur le sol pour aller jusqu’aux murmures derrière lesquels cette femme jouis, si je frappe la tête tout contre tout contre je sais que rougir j’aurai aussi la force de teinter sans une lame mes joues mon front mes os

J’écris toujours que l’âme menace que tout se glace et tant que mes doigts sont encore purs de sang mais tout est pur pleur de sang sur ma peau

Si rien n’est rouge quand tu reviendras l’arbre sera lui bien tombé et quand les samouraïs me casseront leurs sabres sur la peau il y a des chances que seul ton amour m’épuise au lieu de me tuer

Mais sur une histoire de fous où poser les baisers si on n’a plus de lèvres ?

Je vais briser ce mur avec mes dents mes ongles mes sentiments si la folie me dirige y a des chances que les murs se resserrent tout porte à la mort dans ce texte de fou tout porte à la fin quand toutes les portes ont été enlevé

Et

Puis si son doigt décris des éclairs des signes méconnus de nous comment savoir où trouver la clé si le silence en est la serrure quand dans les mots les mots toujours dans la tête la mienne et la tienne les cris les et moi et toi les émois étoiles défilent comme des coups portés vers le ciel

Saurons nous danser courir dans les vagues et voir naître Aphrodite ?

Frêne au long fil courbé que n’ai je entendu les Nornes qui prolongent là le puits d’Urd au fond de ma baignoire, frêne que je vois pousser brisant les remparts d’os qui restaient là au fond comme le sang froid caillé, je  ne suis qu’un primitif, qu’un plumitif, et face à l’entendu, est-ce Yggdrasil qui pousse se carapaçonnant d’os pour refaire l’axis mundi

Puisque tout fût le temps, qu’il se lève comme le vent de la fournaise le piton rocheux qui brisera mon coeur coupant loin le fil et si je ferme les yeux je reste négatif, et si je les ouvre le soleil devient noir comme une perle dans ma main

Je veux m’assoir sur une chaise, pointant le regard sur cet arbre qui remplace rempare ma vie comme il est droit comme il est digne comme il est large comme ses racines plongent dans la bonde du puits d’Urd que le flot contrarié pousse même quelques petits rires de contentement ? de plaisir ? ou est ce en corps la jouissance de la dame de l’autre coté, la ferai je naître comme si je lui apportais des fleurs à travers ce mur, derrière, comme si cela pourrait faire naître un peu plus, et si le Frêne me parle que vais je lui dire ? que je ne suis même plus une feuille, même que ma tête en est si folle que mon axe est malade que je ne suis plus droit que je pleure parce que j’aime malgré tout ça que je pleure de joie comme de douleurs ou de douleurs comme de joie on sait juste qu’on pleure, faut aussi oui avec ces larmes nourrir le puits, et nourrir le flot car voilà qu’elle chante de l’autre coté, chant du désir de naître chant qui désire l’eau, mais où est l’eau plongée dans tout ce sang ?

-Pourquoi graves-tu un coeur sur ce mur ?

-Pourquoi ai-je encore un coeur serait la bonne question, man, je grave celui là pour me débarasser du mien, j’ai réfléchi cette nuit et je ne le mérite pas, je n’en veux plus. Errer, attendre ce qui est derrière, espérer, tout cela est vain, tout cela ne veut rien dire.

-Tu doutes de quoi ? de l’amour ? ou de l’existence de cette femme derrière le mur ?

-Je ne doutes plus, non, j’ai le couteau qui se réveille, la lame perd de sa froideur, tout se tient prêt, et bientôt j’aurai fini ce coeur sur le mur, et bientôt j’arracherai le mien, j’essaierai juste de peindre de mon sang  le coeur de ce dessin, avant que le dessein m’emporte. Je pars man, je pars, je m’enfouis, racines au pied de l’Arbre, je m’enfouis vers les vers, vers le vert, moi qui suit tout à l’envers je ne crois plus en rien là. Ce n’est pas du doute c’est de la fournaise effrayé du vide voilà ce qui occupe l’espace de mon coeur en ce moment, un manque d’atroce même pas un manque de tendresse même pas, non un vide à la fournaise éploré. C’est tout.

P.2009