Récupération et contresens
C'est que le fils redoute « une récupération » de ce que représente son père par le président de la République. Mieux, il parle de « contresens », dans Le Monde, bien qu'il n'ait pas encore pris publiquement position.
Exit donc l'idée d'une panthéonisation, et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Selon certaines sources, la conseillère de Nicolas Sarkozy aurait proposé au fiston de rencontrer directement à l'Élysée le chef de l'État, mais Jean Camus n'est clairement pas d'accord.
Une situation qui pose d'autant plus problème que la demi-soeur, Catherine, a la gestion de l'héritage paternel et l'Élysée aurait obtenu son accord. « C'est compliqué affectivement », reconnaît-elle, mais si son frère s'oppose à la chose, comment savoir qui l'emportera.
Alors que Chirac avait eu ses panthéonisés (Malraux et Dumas), Sarkozy avait assuré que le transport de Camus dans la grande bâtisse lui tenait « extraordinairement à cœur ». D'autant plus que Camus, prix Nobel de 1957 pouvait mettre un petit plus au CV culturel du président.
La question de la tombe...
Reste que Camus s'est fait enterrer dans le Vaucluse, à Lourmarin, dans des conditions proches de l'anonymat. « C'est vrai que j'ai pensé que ce serait un choix particulièrement pertinent que de le faire entrer au Panthéon », assurait Sarkozy. Ignorant probablement tout des conditions de l'inhumation de l'auteur. Facile dans ce cas d'émettre des souhaits saugrenus. Sauf que le dernier roi qui a dit "Je veux", n'a plus jamais eu de problèmes de migraine. Pour autant, on pourra la retrouver sans trop de problèmes, Le Routard semble avoir déjà mis le doigt dessus.
Profanateurs et pilleurs (de patrimoine)
C'est dans BibliObs, que Jean-yves Guérin, professeur de littérature à Paris III, et directeur d'un Dictionnaire Albert Camus tranche : « Camus avait choisi d'être enterré à Lourmarin, dans le village qui l'avait accueilli, loin de Paris, de ses palais et de ses élites. Qu'on l'y laisse. »
Enfin, on se régalera du titre du Post, qui estime que la tombe de Camus serait menacée par des profanateurs.
Il y a des manipulations politiciennes, des tripatouillages macabres, des détournements de valeurs qui font particulièrement gerber. L'attaque du président de la République contre les restes d'Albert Camus atteint des sommets dans l'obscénité. Les mots nous manqueraient presque devant l'abîme insondable creusé par la vulgarité de ceux qui nous gouvernent. Face à cette monstruosité décomplexée, à cette médiocrité rampante, rappelons quelques vérités qui devraient stopper net toutes les manœuvres en cours.