Dans le cadre du Congrès des Maires de France de l’AMF, j’ai assisté à l’atelier intitulé : « Quelles responsabilités respectives des maires et de l’Etat dans l’évolution de la politique éducative ? »
Les différents intervenants ont chacun fait part de leur expérience sur les différents thèmes principaux des relations Mairie-Education Nationale que sont :
La mise en place du service minimum d’accueil où il a été rappelé la difficulté pour certaines villes à mettre en place ce système en raison des délais très courts qui sont prévus. En effet, comme les grèves ont souvent lieu le mardi (exemple la prochaine sera mardi 24 novembre), les informations sur le nombre de grévistes prévus arrivent tard de l’Inspection Académique et donc, les villes doivent s’organiser souvent la veille. Sans compter que, désormais, les textes obligent les enseignants à prendre en charge les enfants des classes non grévistes en dessous de 25% de grévistes mais pas au delà. Dans les petites communes cela pose problème car, quand l’école est petite, on atteint vite les 25 %. Idem dans les campagnes où les structures intercommunales sont parfois telles que l’école est à cheval sur plusieurs communes (CP à CE2 dans une des écoles, CM1 et CM2 dans l’autre, etc.) et c’est la ville qui a l’enseignant gréviste qui doit assurer le service minimum, on voit vite la difficulté du système. Il a également été rappelé l’importance de définir des règles claires sur les intervenants dans les écoles car les textes n’encadrent pas qui peut venir ou non. Sur la ville de Saint-Maur nous faisons appel au personnel qui travaille dans les centres de loisirs donc qui est déjà habitué à travailler avec les enfants mais, dans certaines communes, ce n’est pas le cas. Il a même été évoqué durant l’atelier des communes qui sont obligées de réquisitionner le personnel de cantine et donc n’assurent plus la cantine pendant le service minimum ce qui est loin d’arranger les familles. Un point que j’ai tenu à rappeler, car nous l’avons connu à Saint-Maur, est l’importance pour les communes de revoir la participation de l’Etat dans le cas des enseignants qui s’annoncent grévistes et ne le sont plus le matin même ce qui fait que les personnes payées pour venir faire l’accueil des enfants ne sont pas prises en charge par l’Etat.
Les rythmes scolaires sont un sujet qui continue d’agiter certains même si la situation semble maintenant claire. Avec la suppression de l’école le samedi matin certains chronobiologistes continuent de lancer leur appel à une autre semaine, axée sur « l’intéret de l’enfant ». Encore durant cet atelier, nous avons eu le droit à de jolis graphiques montrant combien avec la semaine de 4 jours par rapport à la semaine avec école le mercredi matin les enfants étaient moins attentifs (18 % d’attention contre 22 %). Outre le fait que l’étude qui nous a été présentée date de 1994 soit 15 ans et que donc les élèves en question sont maintenant sur le marché du travail, je trouve étonnant cette façon de présenter les choses quand on sait que les études faites sur les résultats scolaires des élèves montrent que ceux en semaine de 4 jours ont de meilleurs résultats que les autres, comme j’ai eu l’occasion de le rappeler lors de mon intervention (voir le rapport de l’Inspection Générale de 2002). Je trouve surprenant que l’on nous parle « d’intérêt de l’enfant » alors que ces études chronobiologiques consistent à faire faire des exercices à des enfants à des heures données et étudier la rapidité à répondre et donc l’attention. En quoi le fait de faire un calcul plus vite en mathématique est dans l’intérêt de l’enfant ? Il faut rappeler que notre société a changé que les parents sont souvent là tard et ont peu de temps à passer avec leurs enfants, et que le nombre de familles monoparentales est en augmentation. L’intérêt de l’enfant est-il plus de calculer 6 % plus vite à 14h37 ou passer plus de temps dans sa famille et se sentir heureux. Le bonheur n’est pas calculable mais je pense qu’il est plus proche de « l’intérêt de l’enfant ». D’ailleurs le maire présent, qui expliquait que dans sa ville il a ouvert le débat sur un passage à une semaine de 4 jours et demi avec mercredi matin ou carrément une semaine de 5 jours (le mercredi étant alors totalement travaillé) a conclu en disant qu’il allait se dépêcher de ne rien changer vu la complexité du problème et les nombreuses interactions sociales (sports, associations culturelles, etc.) qui ne trouveraient plus leur place. Avant la suppression du samedi matin, le rapport de l’inspection générale insistait sur le fait que « toute tentative d’abandon de la semaine de quatre jours se confronte à une vive opposition des enseignants et des parents. » C’est bien connu que des chercheurs ou des spécialistes qui ne sont pas dans les classes, qui analysent des enfants « statistiques » pensent à l’intérêt de l’enfant là où parents et enseignants n’y pensent pas…
l’accompagnement éducatif a également été évoqué car il est en place dans tous les collèges et également dans toutes les écoles ZEP de France. Il apporte une vraie solution d’éveil culturel et d’aide aux devoirs pour les élèves qui en bénéficient. J’ai rappelé la déception pour les villes comme les nôtres qui n’ont pas d’école ZEP et ne peuvent pas bénéficier de ce dispositif pour leurs élèves. Malgré l’abandon de ce projet initié par l’Etat l’an dernier, je reste persuadé que nous trouverons un moyen d’apporter encore plus d’aide aux élèves car c’est notre souhait municipal de tout faire, notamment pour développer la lecture sur la ville.
les EPEP (Établissements Publics d’Enseignement Primaire), projet qui consiste à transformer les écoles en établissements autonomes n’avaient pas été évoqués aussi, j’ai demandé où en était ce projet. Pierre Yves Jardel, président de l’atelier, m’a répondu clairement que l’Association des Maires de France était opposée à ce projet et l’avait signifié et qu’elle restait vigilante sur son éventuel réveil.
L‘école numérique a été évoquée sur la base de l’expérience dans les communes rurales qui ont pu se doter de tableaux numériques interactifs et d’ordinateurs via un programme national d’aide initié par Xavier Darcos et reconduit par Luc Chatel. Il est clair que ces équipements sont l’avenir de l’enseignement. La ville vient d’ailleurs de doter la moitié de ses écoles élémentaires de tableaux numériques interactifs dans le cadre de la poursuite de l’enseignement d’anglais par visio-conférence EDUCASTREAM. Justement, en même temps que le congrès des maires se tenait le salon EDUCATEC dédié aux nouvelles technologies dans l’éducation. Je suis allé dans ce salon et j’ai vu que l’accent était bien mis sur l’interactivité à la fois sous forme de tableaux interactifs, de classes numériques avec des chariots d’ordinateurs portables pour utilisation dans les classes, avec du contenu mis en ligne pour les enseignants et les élèves. En voyant tout cela, je n’ai pas regretté d’avoir décidé l’investissement fait dans ces tableaux numériques car ils vont permettre aux enseignants qui le souhaitent de vraiment avoir une nouvelle approche pédagogique. Pour leur simplifier l’utilisation nous avons même veillé à placer ces tableaux dans des salles spécifiques pour créer de vraies salles multimédia (internet, ordinateur, enceintes, tableau).
L’éducation reste donc un sujet important pour les collectivités municipales car la mairie n’est pas seulement là pour construire et réparer des écoles, elle est un véritable partenaire de l’école. D’ailleurs, une convention est à la rédaction entre l’Education Nationale et l’AMF sur le sujet de l’éducation.