Infidels sort en 1983 et nous réconcilirait presque avec un artiste qui ne sait plus trop quoi inventer. C'est pas encore gagné, Daniel Lanois n'est pas encore dans les parages, et on devra se contenter de Mark Knopfler (sic). Mais en écoutant avec attention cet album, on retrouve le souffle poétique du Zim, et des chansons bien composés, qui tiennent la route. Certes, le tout a un peu vieilli et est toujours à la limite de l'écoeurant (merci monsieur Knopfler), en partie à cause des instrumentations qui étouffent parfois certaines chansons. Un exemple : "Don't Fall Apart On Me Tonight", qui malgré son rythme enlevé et entraînant, souffre d'un aspect pompier qui peut vite devenir épuisant. De la même façon, les rocks "Neighborhood Bully" et "I and I" peinent à convaincre et s'épuisent bien trop vite.
Pas vraiment de classique à l'horizon mais des chansons pas dégueulasses comme "License To Kill" ou la ballade délicieusement mielleuse "Sweetheart Like You" dont le titre annonce la couleur. "Jokerman" est mémorable, avec son rythme reggae, inhabituel chez l'artiste, et un texte qui figure dans ce qu'il a écrit de meilleur dans la décennie. Dylan renoue également avec l'engagement politique, au détour d'un "Man Of Peace" qui manque un peu de subtilité. "Neighborhood Bully" évoque le conflit israëlien tandis que "Licence To Kill" se fait l'écho de l'appétit destructeur des hommes.
Et puis il y a la voix. Elle fera fuir les récalcitrants et laissera perplexe ceux qui ont appris à l'apprivoiser. Il râle plus qu'il ne chante, mais c'est comme ça qu'on l'aime, n'est ce pas ? Ca fonctionne sur certaines chansons, agace sur d'autres ("Union Sundown" est peut-être la moins convaincante du lot).
Inégal, souffrant de longueurs, Infidels ne parvient pas à se hisser au niveau des meilleurs albums de Dylan, mais c'est à l'époque une belle surprise, qui même si elle a passé difficilement l'épreuve du temps, reste agréable à écouter.