L’or de Cannes a fusionné pendant quarante ans, avant d’accorder au réalisateur britannique une Palme qu’il mérite depuis des lustres. Le prix du jury pour «Raining stones», en 1993, saluait déjà la pertinence d’un regard hors du commun dans une production européenne coutumière des compromis artistiques.
Le prix d’interprétation accordé à PeterMullan («My name is Joe»), cinq ans plus tard, confirmait une carrière marquée par l’indéfectible volonté de raconter les tourments d’une société inégalitaire.
Qu’elle soit contemporaine ou inscrite dans la grande histoire, comme le rappelle «Le Vent se lève», chronique viscérale sur le conflit irlandais à l’aube de ses premières escarmouches. L’empire britannique, qui convoie par bateaux entiers des milliers de soldats sur «le sol des bouseux», rencontre alors une résistance populaire, ferment de la future armée républicaine.
KenLoach, dans sa veine réaliste et militante («choisir un tel sujet, c’est déjà prendre position»), relate une fois encore le combat pour la justice et la liberté,avec la simplicité du conteur. Celle que l’on retrouve dans un portrait inédit, marqué par les témoignages des comédiens qu’il affectionne.
Peter Mullan, GaryLewis et RobertCarlyle le lui rendent bien. Dans les suppléments, RobertGuédiguian s’entretient aussi avec le cinéaste britannique autour de quelques extraits de sa longue carrière. Loach dévoile sa façon de travailler.Le réalisateur de «L’armée du crime » est admiratif. Nous aussi.