Des centaines d’Egyptiens manifestent à proximité de l’ambassade d’Algérie au Caire, le 19 novembre 2009
LE CAIRE — Une manifestation devant l’ambassade d’Algérie vendredi au Caire a donné lieu à des violences et 35 personnes, dont 11 policiers, ont été blessées, tandis que la crise diplomatique avec l’Algérie a encore enflé, deux jours après le match de football entre les deux pays.
Alger a convoqué, à son tour, l’ambassadeur d’Egypte. Alaa Moubarak, le fils du président égyptien Hosni Moubarak, a lui fustigé les incidents “terroristes” de mercredi à Khartoum, où s’est déroulée la rencontre qualificative au Mondial-2010 remportée par l’Algérie (1-0).
En matinée, des manifestants égyptiens ont lancé des pierres et des bombes incendiaires sur les forces de l’ordre qui protégeaient l’accès de l’ambassade d’Algérie, a indiqué le ministère égyptien de l’Intérieur dans un communiqué.
Dans un nouveau bilan, cette source a fait état de 35 blessés, dont au moins 11 policiers. Quinze voitures et quatre vitrines de magasins ont également été endommagées.
“Nous devrions traiter l’Algérie comme un pays qui nous a déclaré la guerre”, a lancé à l’AFP Amr Higazi, un étudiant égyptien.
Le rassemblement aux abords de la représentation algérienne avait débuté jeudi soir, quand 150 personnes avaient brûlé des drapeaux algériens et lancé des slogans hostiles à ce pays, dénonçant des agressions de supporteurs égyptiens par des fans algériens à Khartoum.
L’équipe égyptienne a été confrontée à des actes de “terrorisme (…) avant, pendant et après le match”, a déclaré le fils du président Moubarak, Alaa, qualifiant les supporteurs algériens de “mercenaires”, selon l’agence Mena.
La polémique a même gagné le festival international du film du Caire, où des acteurs égyptiens ont décrit les Algériens comme des “barbares”, à la télévision égyptienne.
D’après les autorités soudanaises, quatre personnes ont été blessées mercredi après le match. Le ministre égyptien de la Santé Hatem el-Gabali a lui parlé de 21 personnes “légèrement blessées”.
La querelle autour du match avait tourné jeudi à la crise diplomatique avec le rappel “pour consultations” de l’ambassadeur d’Egypte en Algérie. Le Caire avait également convoqué l’ambassadeur d’Algérie, qui avait déjà dû s’expliquer après la mise à sac de sociétés à capitaux égyptiens en Algérie.
Alger a répliqué vendredi en convoquant l’ambassadeur d’Egypte.
Le premier contentieux autour de cette confrontation sportive remonte à la semaine dernière et à l’attaque à coup de pierres du bus transportant l’équipe d’Algérie à son arrivée au Caire, pour un précédent match. Trois joueurs algériens avaient été légèrement blessés.
La Fédération internationale de football (Fifa) se penche sur des sanctions contre la Fédération égyptienne (EFA) dans le cadre de cet incident, mais cette dernière a menacé de boycotter “pendant au moins deux ans” toutes les compétitions internationales.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé au calme.
“J’appelle la rue arabe à un retour (…) à la raison. L’affaire doit être ramenée à sa juste proportion”, a déclaré M. Moussa à l’AFP.
Indépendamment du contentieux, la protection civile algérienne a indiqué vendredi que 18 personnes avaient trouvé la mort dans des accidents de la route, dans le cadre des festivités ayant suivi la qualification de l’Algérie.
De Samer AL-ATRUSH (AFP)/ Copyright © 2009 AFP