Drame - 2h10Sortie salles France - 11 novembre 2009avec François Cluzet, Emmanuelle Devos, Gérard Depardieu, Soko, Vincent Rottiers, ...
Un homme erre dans la région de Lens, à la recherche de petites escroqueries à réussir. Un jour il tombe sur un chantier à l'abandon, celui de l'autoroute A61, délaissée par la société CGI pour des raisons écologistes. Comme il se fait passer pour Philippe Miller, responsable logistique CGI, il est bientôt repéré par les entrepreneurs et les habitants qui mettent en lui tout leurs espoirs de voir le chantier reprendre dans leur région. C'est l'occasion pour lui de jouer son meilleur coup. Il monte de toutes pièces une nouvelle fausse société filiale de CGI et berne fournisseurs et boite d'intérim, en touchant au passage les 15% qu'aucun partenaire ne consent à lui refuser, trop heureux de faire partie de l'énorme projet. Il a 90 jours avant de payer ses fournisseurs, et le chantier doit être le plus rapide possible. Mais évidemment, les ennuis ne manquent pas, des accidents, le mauvais temps s'acharne, et plus tard, le banquier et les hommes qu'il a trompé...Je suis allée voir ce film sans grande conviction et j'en suis ressortie très convaincue ! Inspiré d'un fait divers réel, A l'origine porte à l'écran une histoire incroyable, celle d'un escroc paumé, et celle aussi d'une région, d'habitants prêts à tout donner pour que leur terre redevienne un bassin d'emploi. François Cluzet, comme toujours, joue à la perfection. D'un bout à l'autre du film j'ai ressenti cette tension, celle qui transparaît quasi tout le temps sur son visage. Celle qui l'empêche souvent de communiquer, de parler. Celle qui le rend si atypique. Les très rares moments où le personnage se déride paraissent exceptionnels, liés peut-être à la folle inconscience de Philippe Miller. Et que dire de Gérard Depardieu, dans un second rôle qu'il incarne à merveille, imposant, menaçant, trafiquant expérimenté. Et rancunier...
Les autres seconds rôles aussi sont convaincants. A part Emmanuelle Devos, on découvre deux jeunes acteurs très prometteurs, Soko et Vincent Rottiers, formant un très jeune couple pressé de tourner le dos à la galère des petits boulots et des petits trafics.
Avec ce film on réfléchit au symbole du travail, et à tous les espoirs et les énergies qu'il engouffre. Le but importe peu. Ce tronçon d'autoroute n'a jamais eu de justification, mais une légitimité par les heures de boulot effectuées. Et on pense à cet homme, qui se fait appeler Philippe Miller, qui paraît-il existe. On réfléchit pour essayer de comprendre ce qui l'a poussé à agir ainsi. A la fois inhumain, inconscient, n'ayant aucun scrupule à mentir, flouer, tromper ceux qui croient en lui, malgré les conséquences inéluctables.A la fois très humain, reconnaissant envers Monika qui s'occupe si gentiment de lui à l'hôtel, envers le copain de celle-ci, même s'il lui vandalise sa voiture... Et puis il devient amoureux, découvre ce qu'aimer veut dire, a envie de changer de vie... mais le piège se referme sur lui.Et on n'arrive pas à le juger.Film réussi, après lequel on ne porte plus le même regard sur les machines élévatrices et autres engins de chantier...
"La rédemption passe par l'autoroute" - LeMonde.fr"Du double sens de "A l'origine" - Télérama.fr