Depuis 1932, un prix littéraire est associé à la Paulée de Meursault. Cette année, c'est Gérard Oberlé qui a honoré ce déjeuner (lire aussi le récit de ces agapes) de sa présence.
Parmi les lauréats, on compte seulement sept femmes dont Colette (1951), Eve Ruggieri (1990), Hélène Carrère d’Encausse (1995) ou encore Régine Desforges (2006). Cette année, c’est l’écrivain Gérard Oberlé qui a publié à la rentrée Les mémoires de Marc-Antoine Muret (Grasset).
Le prix n’est pas doté, mais le lauréat gagne 100 bouteilles de Meursault offertes par l’un des viticulteurs ou récoltants de l’appellation (cette année, Christiane et Alain Patriarche).
Le prix de la Paulée de Meursault est-il une récompense littéraire comme les autres ?
«Toute ma vie j'ai chéri la littérature et le vin. La Paulée réunit les deux ce qui n'est pas le cas des autres prix littéraires. J'aime les vignerons et dois avouer que leur société me plaît mieux que celle des gens de lettres. Je n'ai jamais écrit aucun de mes livres dans le but d'obtenir un prix littéraire mais dois avouer que je considère celui-ci comme une véritable récompense. Dans tous mes romans mes personnages boivent du vin et je suis un des rares écrivains à donner le nom du vigneron qui est l'auteur de ces vins, parler d'un vin sans en citer l'auteur, c'est un peu comme citer des vers sans dire de qui ils sont. Dans Itinéraire Spiritueux (Grasset 2007) j'ai évoqué les ressemblances entre les vignerons et les écrivains, les caves et les bibliothèques, les bouteilles et les livres."
Préférez-vous les vins de Bourgogne, de Bordeaux ou d’Alsace, dont vous êtes natif ?
« Je continue d'honorer régulièrement le terroir d’Alsace en buvant du riesling. En 1976 j'ai quitté Paris pour m'installer définitivement à la campagne, et sans doute ne s'agit-t-il point d'un hasard si je vis actuellement à égale distance entre le sauvignon de Pouilly et le chardonnay de Meursault. Les vins de Bourgogne correspondent bien mieux à mon tempérament et à mon goût que les vins de Bordeaux, je les trouve plus aimables, plus joyeux et plus revigorants. J'ai beaucoup de respect pour les grands crus de Bordeaux, même si je me sens plus à l'aise avec les vins de Bourgogne qui sont moins collet-monté. Cela dit, j'ai dans ma cave de merveilleux vins de Loire et des Côte du Rhône ainsi que des vins du Languedoc. »
Vous avez initié votre ami, l'écrivain américain Jim Harrison aux vins de Bourgogne, je crois ?
« Jim Harrison n’a jamais été un grand amateur de vins blanc, or j'ai réussi à lui faire changer d'avis grâce à une bouteille de Meursault de chez Roulot. Je crois même qu'il raconte cette conversion dans l'un de ses articles.»
Propos recueillis par Nathalie Six