Il aurait fallu dire puisque l'espace était prévu pour cela et surtout soyons bien conscient du fait que c'est un luxe d'avoir des lieux de parole dans le monde du travail .
Je me souviens de ces personnels hospitaliers qui voyaient presque défiler les départs de leurs jeunes malades en fin de vie et qui n'avaient à aucun moment la possibilité de poser leur sac d'émotions, de réfléchir ensemble aux conséquences sur leur quotidien...
Alors, dis donc et va la prendre la parole puisqu'on te la donne!
Pas si simple sans doute. L'humain n'a rien d'un juke-box où il suffirait de glisser une petite pièce pour qu'il vous joue la sérénade. Il faut se laisser apprivoiser, se sentir en confiance, loin du jugement et apprendre à se raconter dans les fragilités, les suspensions, les interrogations, se mettre à l'eau même et surtout sans savoir nager puisque ces sont les autres qui vous aident à flotter, à respirer la tête hors de l'eau.
Dame, il faut du temps et surtout ne pas hésiter à en prendre et généreusement en plus, de quoi faire bouillir des bataillons de gestionnaires, de ceux qui vont au plus pressé et qu'ls s'imaginent être le plus rentable puisqu'on leur a appris - à se taire- comme cela.
Et puis, forcément c'est dangereux les gens qui arrêtent la course infernale pour réfléchir. D'ailleurs ce n'est bien sur pas par hasard si l'école n'a presque rien de prévu dans ce sens. Ah si quand même, on saupoudre un peu de philo sur la fin de ses lycéades, histoire de dire qu'on sait presque penser, quand on veut, quand on peut... alors que l'on est déjà à ce moment là quasi formaté pour la suite.
C'est dès l'âge du pourquoi qu'il faudrait saisir la balle au vol et semer dans les ptites têtes en développement la graine du subjectif, de l'impertinence et de la curiosité intellectuelle. et ainsi préparé lentement, tranquillement, comme un bon frichti qui mijote sur le poêle, au moment de passer à la table ronde, on n'aurait plus peur ni d'un mauvais repas, ni de l'indigestion.
Mais bien sur, cela n'est pas rentable, entendez par là trop dangereux pour les pouvoirs et leurs adeptes, la confrérie de ceux qui savent baratiner à la place de et convaincre aux dents blanches et sourire fagoté.
Si l'on savait un tant soit peu réfléchir en dehors du miroir, c'est sur que depuis longtemps on aurait changé le menu à la cantine et revu les règles du jeu sur le grand stade où l'on finit toujours par atterrir quand on nait pas sage.
Alors fais le savoir d'une manière ou d'une autre que tu n'es pas dupe, que les soit-disant représentants du peuple, à quelques exceptions près (mais pas trop longtemps) ne sont en fait que les porte-parole de leur égo endimanché et rentabilisé.
Et là dans cette aventure passionnante de l'hypocrisie majuscule, il n'est plus question de couleur au bar de l'assemblée et même sur le parvis pour ceux qui attendent leur tour à l'extérieur. Le pouvoir est daltonien, il se fout des étiquettes et apprécie tout autant le médecin du libéral à droite en rentrant que le prof de fac à gauche en sortant, sans oublier le beau-bo ptit facteur à bicyclette qui a l'air si propre sur lui n'est ce pas et pourtant avec les mêmes dents généreuses que les autres pour te bouffer ta liberté de conscience.
Mince, je me suis dispersé encore une fois et c'est coutume, et du coup j'ai laissé passer mon tour, mais c'est pas grave, je le reprendrais un de ces quatre, surtout qu'à l'heure où je vous cause, y'a pas grand monde dans l'Agora pour m'empêcher de l'ouvrir. C'est ptêt pour ça aussi que j'aime bien la nuit. Va savoir?