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N. Sarkozy et les muets qui l’accompagnent

Publié le 21 novembre 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Nous sommes sortis du boulangisme, nous sommes sortis du pétainisme, nous sommes sortis du bonapartisme, nous sortirons du sarkozysme“. V. Peillon a probablement raison. La France, un jour, en sortira. Reste à savoir comment ? Il n’est pas une semaine sans que l’homme dénué de surmoi, par ses frasques, ses inepties, ses lacunes ne rende fantasque l’idée même de politique. La France “d’après” aura traversé un (voire deux) quinquennat(s) de gribouilles idéologiques de réformes partielles et partiales. Où l’inepte côtoie le crasseux. N. Sarkozy est un suradapté du pouvoir et un inapte à l’action. Ceux qui l’accompagnent, coupables de mutisme.

Les chroniques du sarkozysme évoqueront l’inconséquence d’une société, endormie, enivrée, sidérée par le spectacle permanent qui s’offre à elle. Le même état de semi-coma qui étreint le spectateur après des heures pesantes de télévision. C’est 10 ans qu’il faudra endurer.

N. Sarkozy et les muets qui l’accompagnent
N. Sarkozy s’est octroyé un casting de rêve dès son accession à la plus haute fonction nationale. La composition du gouvernement se plie à l’objectif majeur de mettre en exergue l’homme de l’Élysée. Les médias s’extasient sur la diversité et les équilibres magnifiques trouvés dans la nouvelle équipe. L’”ouverture” fut aussi louée. En ce sens, la communication élyséenne fit merveille. Toute référence à la traîtrise, la versatilité, et l’attirance du décorum monarchique de la République avec tous les avantages que le statut de ministre permet, ont été soigneusement passés sous silence. Les médias, en ce sens, ont bien joué le rôle de critiques alliés du pouvoir. Ils ont habilement détourné l’attention sur la capacité des ministres à gouverner. À mi-mandat et un ravalement ministériel plus tard, c’est l’inaction et l’incapacité à trouver des solutions qui contrastent avec une hyperactivité psychotique et stérile. Tous les ministres ont fait la preuve de leur inutilité chacun leur tour (et pour certains, des fois, de concert). Le sarkozysme a inventé et mis en application le concept de gouvernement fantôme. Un gouvernement de faire-valoir, qui par son incompétence permet à l’élu de 2007 de briller de mille feux. Le premier ministre F. Fillon, préposé aux algues vertes et aux quolibets des élus locaux, inaugure le rôle finalement paisible de représentant. Une sorte de VRP taciturne, la part d’ombre du vibrionnant président. Pas un maroquin ne sort du lot. Et ce ne sont pas les lauriers décernés à C. Lagarde par le très libéral Financial Times qui changeront quelque chose au bilan de la ministre des Finances. Elle caquette dans les médias son indigeste menu de “réformes”, à base de concurrence générale, de baisses d’impôts catégorielles enrobées dans un training de communication qui fait des émules au sein du gouvernement. En particulier, L. Wauquiez qui reprend le gimmick lagardien “petit un, petit deux…”, un gimmick qui donne étrangement le sentiment à l’interlocuteur qu’il est un benêt. Le gouvernement Fillon grouille de zombies. F. Amarra croupit dans ce marigot conservateur. Désignée pour son accent, et sa langue de bois des quartiers. Après deux ans et demi de soumission, elle se retrouve complètement éteinte, empêtrée dans ses contradictions. Elle s’occupait des filles en errance des quartiers, maintenant elle occupe un poste. On pourra comme cela faire un catalogue des inutiles, des scélérats. De toute manière, pas un ne sort du sac.

N. Sarkozy a poussé à son paroxysme les travers de la démocratie représentative. Il a mis en vitrine le gouvernement, mis au frigidaire les parlementaires, pendu à un croc de boucher ses faux amis du RPR, fait une OPA sur le complexe médiatico-politique du pays. Une stratégie de pouvoir, mais pas une stratégie d’action Politique. C’est-à-dire de volontarisme au service de son pays. C’est pourtant à ce titre qu’il s’est présenté.

Seul objectif pour cet individu et ses suivants, la (re)conquête par la légitimité des urnes. Sésame et seul prétexte dans les démocraties pour faire tout ce que l’on veut, sans rendre de comptes. Dans cette dégénérescence, les plus pathétiques sont ceux qui savent, qui voient, mais qui suivent. Tous les hommes de droite ne sont pas pourris. Beaucoup issus du Gaullisme ont une haute idée de ce qu’est la République, le peuple. La machine à gagner que N. Sarkozy a mis en branle fait taire toute idée de contestation voire même de dialogue contradictoire. La révélation du désastre démocratique qu’est ce régime est remise à plus tard. Dans la démocratie représentative sarkozienne, la victoire s’obtient au prix de l’immobilisme (le vrai), du silence et du sacrifice populaire.

Le sarkozysme s’écrasera, inéluctablement. Alors, reviendront au bercail républicain les moutons du bling-bling. L’amnésie médiatique, la puissance de la communication gomment les renoncements au gré du moment. Les dégâts seront-ils alors assez conséquents pour que l’on se souvienne d’eux, et de leur mortelle passivité.

Vogelsong – 20 novembre 2009 – Paris


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