Depuis quelques semaines, de nombreux journaux et magazines titrent sur la "mode" du vampire et du vampirisme. A la faveur, évidemment, de la déferlante Twilight sur les écrans de cinéma (adapté des romans de Stephanie Meyer).
A lire ces différents articles, on aurait presque l’impression que la figure du vampire vient tout juste de sortir. Que ce type d’approximations puisse être entretenu par des périodiques aussi peu sérieux que Cosmo, passe encore. Mais qu’il aille jusqu’à s’insinuer dans le Monde Magazine, ça me laisse davantage dubitatif.
En fait, il suffirait pour être vaguement honnête de dire qu’une nouvelle vague de "mode" autour de cette figure mythique (au moins depuis Bram Stocker et son Dracula) qu’est le vampire déferle certes actuellement. Mais que cette vague, d’un certain point de vue, n’a jamais vraiment cessé depuis de nombreuses années. Il n’y aurait pas besoin de remonter aux calendes grecques pour le prouver.
Il suffirait, si l’on parlait cinéma, de mentionner le Dracula de Francis Ford Coppola (1992), Entretien avec un vampire de Neil Jordan (1994, adapté de l’un des nombreux best-sellers consacrés aux vampires de la romancière Anne Rice -- celui-ci en particulier datant de 1976), ou, dans le genre navet, Underworld de Len Wiseman (2003).
Il suffirait, si l’on parlait séries télés, de mentionner Buffy contre les vampires (1997-2003) et son spin-off Angel (1999-2004), tous deux créés par Joss Whedon.
Il suffirait, si l’on parlait mangas, de mentionner le film d’animation Vampire Hunter D. du génial Yoshiaki Kawajiri (2000) ou bien encore l’anime novateur Blood : The Last Vampire de Hiroyuki Kitakubo (2000, ayant donné lieu à de nombreux produits dérivés dont un film live de Chris Nahon en 2007).
Bref, ces quelques références faciles pourraient être, j’en suis sûr, complétées à l’infini. Montrant par là même, à peu de frais, que titrer sur une "déferlante" et un "tout nouveau phénomène" a quelque chose de quand même très largement exagéré, voire de carrément mensonger.
On se pose alors la question : pourquoi faire de tels raccourcis et se priver, systématiquement, de remettre un minimum en perspective tout phénomène de mode ? Parce qu’on n’a pas envie de se donner cette peine (ça demanderait en effet quelques minutes de recherche) ? Parce qu’on souhaite toujours tout présenter sous un jour absolument nouveau et comme si rien auparavant n’avait jamais existé (c’est plus vendeur et moins prise de tête, ça conforte le lecteur sur sa singularité et son originalité profondes) ? Parce qu’il n’est de toute façon pas dans la nature du journalisme d’éclairer le présent à la lumière du passé et, plus largement, de rechercher un minimum d’objectivité ?
Une question qui n'appelle évidemment aucune réponse ! Mais qu'il s'agisse du vampirisme ou de tas d'autres sujets au quotidien, force est de constater que rien n'est fait dans les médias écrits (je ne parle même pas des médias télé) pour rendre le lecteur moins con.