Frédéric Beigbeder se sentirait-il oublié ces derniers temps ? Il faut dire que cela fait un moment que l'auteur n'est plus au centre d'une polémique. Et son dernier roman n'aura pas eu l'heur de déclencher l'ire des biens pensants puisqu'il avait été amputé de quelques lignes problématiques.
Or dernièrement les polémiques ont tourné autour de Polanski, Mitterrand et Marie N'Diaye. Le lauréat du Renaudot pouvait-il rester dans l'ombre du Goncourt ? Frédéric Beigbeder s'est donc attaqué à un sujet bien polémique avec un article paru dans le magazine Lire : « De la pédophilie en littérature ».
Évidemment, il s'agit d'une réaction sur le tard à la polémique autour du livre de Mitterrand, La Mauvaise vie. Bon, enfin pas vraiment puisqu'il n'est pas question de pédophilie dans le livre de l'actuel ministre de la Culture.
Beigbeder ouvre sa chronique ainsi : « Ouh là là ! Quel titre effrayant ! Que vais-je bien pouvoir dire sur ce sujet sans déclencher une avalanche de courrier ? ! ». Il en vient finalement à énoncer deux principes :
« 1) Il existe une grande différence entre le fantasme littéraire et le passage à l'acte criminel. 2) On doit pouvoir écrire sur tous les sujets, surtout sur les choses choquantes, ignobles, atroces, sinon à quoi cela sert-il d'écrire ? ».
Soit. L'écrivain poursuit en énonçant « l'écriture doit explorer AUSSI ce qui nous excite et nous attire dans le Mal. Par exemple, il faut avoir le courage d'affronter l'idée qu'un enfant est sexy ». Ici, on est typiquement dans le genre de phrases dont le seul intérêt est d'attirer la polémique.
Et pour appuyer son propos, il cite une liste non-exhaustive de titres qui selon lui tournent autour du sujet de la pédophilie. On y retrouvera bien sûr des oeuvres de Nabokov ou de Sade mais aussi de Gide, de Colette, de Tournier, de Lautréamont, de García Márquez et de lui-même.
Une question se pose. Est-il nécessaire de lancer une polémique sur les frontières de la littérature ? Ces livres-là n'ont justement pas été censurés. Et les attaques contre Mitterrand ne relevaient-elles pas plutôt de la basse querelle de politique plutôt que du débat d'idée ?