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Akira Kurosawa (3ème partie): Les Sept Samouraïs

Publié le 20 novembre 2009 par Olivier Walmacq

Les Sept Samouraïs (1954)

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Kurosawa tourne les Sept Samouraïs dans un village perdu de haute montagne. Les intempéries saisonnières entravent le tournage qui se prolonge au-delà des délais impartis et les dépenses atteignent des sommets vertigineux. Mais Kurosawa n'a nullement l'intention de sacrifier son inspiration aux caprices du climat. A l'exception cependant de la bataille finale, où le cinéaste se sert d'une véritable pluie diluvienne. La place du village, devenue un océan de boue, est le théâtre de spectaculaires combats. Du grand cinéma épique ! Avec ce film, Kurosawa s'est créé une réputation de cinéaste dépensier. Il avait dit à ce sujet: « Si je n'avais pas tant soigné la réalisation de ce film, la Toho n'aurait certainement pas réalisé de tels bénéfices. Je ne crois pas au cinéma pauvre. » Si Kurosawa est parvenu à ses fins pour la réalisation du film, il n'a pu en revanche le faire distribuer dans sa version originale de 200 minutes. Une fois en possession de la copie définitive, les producteurs ne trouvent rien de mieux que de répéter l'erreur monumentale commise par la Shochiku avec l'Idiot. Ainsi, les Sept Samouraïs est réduit à 160 minutes pour les salles japonaises, puis 130 pour l'exportation. Malgré cela, la version courte recevra tout de même le Lion d'Argent à la Mostra de Venise en 1955. Heureusement, le film retrouvera sa version d'origine en 1980.

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L'histoire, me semble-t-il, est connue de tous: Dans le Japon médiéval, un groupe de 40 brigands ont la ferme intention de piller les récoltes appartenant à des paysans peu courageux. Ces derniers engagent alors des samouraïs pour défendre leur village et leurs récoltes. Un scénario très simple et pourtant le film dure 3 heures 15 ! Voilà qui démontre tout le talent de Kurosawa. Car avec un tel sujet et une telle durée, nous n'éprouvons aucune lassitude à la vision du film. Chaque scène est utile à l'histoire et Kurosawa prouve qu'il sait monter un film. Il s'est d'ailleurs personnellement occupé du montage de toutes ses œuvres.

Il est bon de préciser aussi que le personnage le plus marquant des Sept Samouraïs est Kikuchiyo incarné par Toshiro Mifune. Un personnage d'une incroyable énergie et apportant également beaucoup d'humour au film. Depuis l'Ange Ivre en 1948, Mifune est devenu l'acteur de prédilection de Kurosawa. Ils feront 16 films ensemble.

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Ce qui a quasiment disparu de la version réduite et du remake américain, ce sont les paysans. Dans la version intégrale, ils ont une plus grande importance car ce sont eux, en définitive, les véritables protagonistes de cette histoire. D'ailleurs, comme le dit le chef des samouraïs à la fin du film: « Ce sont les fermiers les gagnants, pas nous ! » En effet, à part un bol de riz que les paysans leur ont offert à chaque repas, les samouraïs se sont battus pour une cause qui ne leur a apporté aucune gloire, aucune rétribution. Les samouraïs choisissent d'aider les paysans uniquement par compassion envers cette population désarmée qui n'a d'autres choix que de subir la loi du plus fort. Altruisme et humanisme, voilà ce qu'il faut surtout retenir de ce chef-d'œuvre.


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