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Le code de la déroute

Publié le 20 novembre 2009 par Olivia1972

Conduire une voiture à Bombay ou sur une route indienne est une épreuve. Etre conduit l’est tout autant. Au début lorsqu’on est dans une voiture en Inde on est plus que surpris par la manière de conduire des indiens. On pense, un peu trop hâtivement, qu’il n’y a pas de règles et que chacun fait n’importe quoi en dépit du bon sens ! Alors essayons d’y voir plus clair au pays où les escargots à moteur côtoient les chauffeurs de bus qui se sont réincarnés en Fangio ou en Ayrton Sena ! Car il ne faut pas se fier aux apparences, il y a des règles. Encore faut-il les connaître à défaut de pouvoir les comprendre.


Tout d’abord un conseil à ceux qui ont quelques angoisses lorsqu’ils prennent l’avion ; venez ici, passez deux heures en voiture, après vous trouverez l’avion beaucoup plus rassurant !


Lorsque vous êtes en voiture, tranquillement (si on peut dire) conduit et que vous regardez devant vous, là vous commencez à comprendre ce qui se passe. En réalité un conducteur ne regarde jamais derrière lui ou sur les cotés. Il a un angle de vision de 120 ° droit devant lui et tout ce qui est en dehors de cet angle de vue ne compte pas. Donc, c’est simple on s’occupe de ce qui est devant. A cet égard les rétroviseurs sont des accessoires de décoration extérieurs qui n’équipent que quelques véhicules.


La deuxième règle est tout aussi simple (et après on va dire que les indiens sont compliqués, mais que nenni !). Le but du jeu est d’avancer le plus vite possible sans s’occuper des voisins ou des signalisations. Les lignes en pointillé qui séparent une voie en différents couloirs sont en fait d'originaux enjolivements graphiques sans rapport aucun avec la conduite automobile.


La troisième règle est d’un niveau confondant de simplicité qui rivalise avec la témérité audacieuse qui la caractérise ; lorsque je veux passer là entre les deux voitures devant et que manifestement il n’y a pas de place, j’avance quand même dans cette direction car je finirai bien par passer. Si un groupe de piétons m’empêche de passer, j’avance quand même car ils finiront bien par disparaître de mon champ visuel. Je me suis demandé pourquoi les piétons écrasés n’avaient pas droit à un panneau du genre « tombé dans le champ visuel de XXX ».


La quatrième règle est plus que connue. C’est davantage un état de fait qu’une règle et si c’est une règle elle ne donne pas la mesure du bruit qu’elle produit ! Dans tous les cas, à chaque instant, je klaxonne pour dire que je suis là. Cela me permet de me déplacer en plus grande sécurité dans mon champ visuel car les autres savent que je suis là même si je n’entends pas leur klaxon. Le klaxon est donc un véritable instrument de sécurité (cela ne vous a guère échappé) et du reste les indiens font remarquer qu’en cas d’accident ce n’est pas l’état des freins que la police vérifie, mais bien l’état du klaxon. Il est donc essentiel de klaxonner au moins toutes les 5 secondes et cette règle est vraiment respectée. Il faut bien considérer que le klaxon et l'usage indien qui en est fait fait inévitablement penser aux radars accoustiques de chasse sous-marine. En ce sens, voilà une preuve de plus de l'avancement technologique des voitures indiennes, les premières au monde à avoir été équipées de tels radars, lequels, de surcroît, ne nécessitent qu'une formation succinte et peu onéreuse !


On pourrait énumérer bien d’autres règles ! Les feux rouges, par exemple, ne sont pas un élément de signalisation routière comme chez nous. Ce sont des lampes de couleur verte, orange, rouge, placées judicieusement aux carrefours de manière à ce que tout citoyen puisse vérifier s’il est daltonien ou pas. Accessoirement les feux rouge permettent d’accrocher des banderoles festives qui accompagnent régulièrement les innombrables jours de célébrations de toute sorte ; en ce sens ils participent de la responsabilité citoyenne, du développement durable et de la communion des valeurs.


On pourrait aussi citer l’usage du clignotant qui n’existe pas ici. Un clignotant sert simplement, une fois par an, à voir si la lumière clignotante marche ou pas, ce qui peut-être utile si on fait une marche arrière en pleine nuit pour voir si on ne vas heurter le trottoir. Ce qui fait penser (cela n’a aucun rapport) à cette histoire belge où un conducteur se demandant si son clignotant est en panne ou pas, envoie son passager devant la voiture et lui demande de lui dire si çà marche ou pas. « Ca marche, çà marche pas, çà marche » répond le passager, mais là c’est un belge et les indiens ne sont pas responsables et ne sont pas concernés et en plus ne comprendraient même pas cette histoire tant l’usage du clignotant reste aussi rare que l’usage du manteau de fourrure !


On pourrait aussi mentionner que le casque est bien obligatoire pour le conducteur d’un deux roues ce qui est assez étonnamment respecté (à croire qu’il y a de la musique Bollywood dans ces casques), mais qu’il semble être rigoureusement interdit pour les 2, 3 et jusqu’à 4 passagers qui d’ailleurs n’en portent jamais. Quant aux bambins de 3 ou 4 ans qui sont passagers de devant dans une voiture, on ne sait pas pourquoi, mais ils sont toujours devant sur les genoux d’un adulte à quelques centimètres du tableau de bord, ce qui traduit la volonté louable des parents d’enseigner au plus tôt les rudiments de la conduite automobile à leurs rejetons. Plus près de toi, Mon Dieu… !


Enfin, et nous en terminerons là, le rapport de force tient lieu de règle de priorité. Le rapport de force tourne souvent à l’avantage de celui a la plus grosse voiture ou qui est le plus borné, ce qui permet aux chauffeurs de bus et de taxi, dans le cadre de ce dernier critère, de se trouver largement en tête du classement.


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