« Donnie Brasco » de Mike Newell ( TF 1 Video )
Johnny Depp- Al Pacino. Un couple de rêve, deux vedettes à part entière. On est d’accord. Mais les acoquiner pendant deux heures en tête à tête, il fallait y penser, et puis passer aux actes. « A l’origine Tom Cruise devait jouer le rôle de la taupe » se souvient le scénariste Paul Attanasio, « et Stephen Frears était le réalisateur ».
On ne nous raconte pas comment les choses ont évolué (on ne nous dit pas tout !) , mais en acceptant le projet au vol, le réalisateur Mike Newell ne se fait pas trop d’illusions. « Je sortais de “ Quatre mariages et un enterrement ” qui a rapporté beaucoup d’argent. Ca les intéressait donc, et moi aussi puisque c’était un excellent tremplin pour Hollywoood ».
Modeste, le garçon, car au final « Donnie Brasco » figure parmi les meilleurs films de mafia, au même titre que « Casino » ou « Les Affranchis » qui un temps a freiné les ardeurs des producteurs. « Quand on a présenté le scénario » se souvient encore Attanasio « ils avaient peur que les gens se fatiguent de ce genre d’histoire ».
Mais non, mais non. Traité de cette façon , à la manière d’une caméra-vérité, avec un regard aussi direct et des acteurs à la Depp-Pacino, on en redemande.
Pour le vécu alors, pas de problème, une fois le contrat signé Mike Newell débarque à New York et s’immerge dans le milieu. Joseph D. Pistone , le vrai, celui qui a inspiré cette histoire de policier infiltré dans la mafia ( d’après le roman de Richard Woodley ) n’en revient toujours pas. « Il allait dans les bars, les clubs fréquentés par les affranchis, je lui ai dit qu’il fallait se méfier, qu’il allait leur être redevable, ils vont te demander un service ».
Le réalisateur n’entend rien et s’en félicite encore car dit-il « j’ai vu comment fonctionnait le pouvoir qui est omniprésent. J’ai bien étudié leurs relations, ils ne se font pas confiance ». Et de citer l’exemple des téléphones publics de leurs boîtes avec cet écriteau « Ne pas utiliser, il y a un micro ».
Sur le casting, Mike Newell n’hésitera pas très longtemps. « Brad Pitt ou Matt Damon, ce sont des bons, mais beaucoup trop nordiques pour le rôle. il nous fallait un type italien ».
Johnny Depp qui vient de sortir du très poétique « Dead Man » de Jim Jarmusch (1996, dans ce blog ) et s’apprête à déjanter avec « Las Vegas parano» de Terry Gilliam (1998) , endosse le costume avec aisance .
Deux ans après la mafia, Depp déjante complètement avec Benicio Del Toro pour " Las Vegas parano", sorti récemment en dvd