La célèbre Calimity écrit des lettres (qu’elle n’envoie pas), à sa fille (qu’elle a vue peut-être quatre fois en dix-huit ans et qui ne sait pas qui est sa vraie mère). La destinataire tant aimée de ces lettres ne sait pas que sa mère est le seul être que craignent les Indiens et que l’on fait appel à Calamity Jane pour escorter et conduire des diligences dans le grand Ouest américain…
Ces lettres témoignent du déchirement qu’une mère éprouve quand elle est séparée de sa fille. Mais cette séparation est délibérée : on ne peut pas être la pionnière la plus célèbre du pays, sur qui les commères bourgeoises des petites villes jasent vertement, et donner en même temps une éducation convenable à une jeune fille.
Au-delà de cette situation touchante, Calamity Jane dresse un portrait impitoyable des villes où elle fait escale. Sa langue se fait violente contre les bourgeois – et surtout les bourgeoises – empesés de convenances, qui lui reprochent de ne pas en avoir – elle, une femme – alors qu’ils se permettent les pires bassesses.
Parfois aussi, elle redevient maternelle avec un entourage qui fait sourire : elle recueille le bébé d’un couple peu fréquentable, et cuisine pour un groupe de hors-la-loi réfugiés à quelques centaines de mètres de sa cabane.
Bref, ces lettres offrent un visage bien différent de la caricature qu’en fait l’auteur de Lucky Luke.
Calamity Jane était une femme de cœur (dans tous les sens du terme) et d’honneur, sauvage certes, mais qui l’était parce qu’elle aurait étouffé si elle s’était conformée à la destinée d’une femme ordinaire.
128 pages, coll. Rivages Poches - 5,95 €
Une lectrice du BàL