L'économie s'intéresse aussi à la politique. Sous plusieurs aspects d'ailleurs. Souvent l'économie de marché permet l'émergence d'une relative démocratie. La théorie économie analyse aussi de manière sérieuse les causes d'une abstention.
Pourquoi plus de trois algériens sur cinq ne sont pas déplacés pour voter. Pourquoi les français se sont-ils mobilisés autant pour les présidentielles ? Et vont-ils se remobiliser en juin pour les législatives ? Tout va dépendre du coût de l'élection pour le citoyen. Et oui...
Rien à voir avec le coût des campagnes assumé en partie par l'Etat et l'autre partie par les partis ou les candidats, via des associations créées spécifiquement pour récolter des dons.
Ce coût là, c'est le temps que le citoyen va prendre pour aller à son bureau de vote et mettre son bulletin dans l'urne ou pour valider son choix sur une machine. Il est confronté à l'espérance que son vote soit celui qui ressorte majoritaire. Le citoyen convaincu que son vote va compter est prêt à se déplacer aux urnes face aux gains qu'il pourra tirer du résultat du vote. S'il pense que les jeux sont faits, il peut décider de ne pas se rendre au bureau de vote et partir à la pêche par exemple. Le gain de revenir bredouille étant malgré tout plus fort que celui de voir le candidat adverse emporter l'élection, qui serait alors vécu comme une perte.
Cette analyse économique du vote connu aussi sous le nom du "paradoxe du vote" a été développée par les néoclassiques et la théorie de la rationalité. En résumé, un citoyen va voter s'il estime que le coût (en temps) pour aller voter et plus faible que le gain de voir son candidat l'emporter. Cependant, il peut aussi avoir un sursaut de conscience, et estimer que son vote même s'il lui en coûte à titre personnel, sera de toute manière plus profitable à la société. Et c'est en cela que l'on trouve l'explication d'une participation record aux élections présidentielles françaises. Voyant la possibilité de voir à nouveau le Front National au second tour ou permettre à une femme d'accéder au poste suprême a largement transformé le sens du vote. Le gain de ne pas voter a donc été vu comme moins attractif, voir une perte, que celui de voter même pour un candidat qui ne ressortira pas vainqueur.
En Algérie, l'abstention trouve son explication chez Alexis de Tocqueville. L'abstention marque la négligence du citoyen pour la démocratie parce qu'il est de moins en moins acteur et demande plus d'Etat en contrepartie. Bref, mettre le citoyen au coeur des décisions politiques, le faire participer aux choix pris par les responsables politiques va redonner vie à la démocratie mais aussi dans un second temps réduite l'intervention de l'Etat dans la vie des gens... Est-ce à dire que les débats participatifs sont en réalité une démarche libérale ? Est-ce à dire que devenir la première dame de France a été perçue comme un gain bien inférieur à celaui de ne pas aller voter pour Cécilia Sarkozy ? A vous de juger.
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