La délocalisation domine l'actualité économique et les décisions politiques. C'est pour lutter contre ce phénomène que le Gouvernement Fillon sous la houlette du Président de la République réfléchit à une taxe sur la valeur ajoutée sociale.
De quoi s'agit-il au juste ce phénomène de délocalisation ? Une délocalisation, et tout le monde définit cela ainsi, consiste à transférer une ou des activités d'un espace à un autre pour profiter des différences de coûts de production. Ce que chacun sait peu c'est que ce mouvement permet aussi de se rapprocher des consommateurs ou de contourner des barrières d'entrée sur un marché. C'est-à-dire des règles qui rendent difficile l'importation d'un produit ou d'un service sur un territoire donné. Dès lors, il convient de nuancer le phénomène de délocalisation.
Chaque décision de ce type constitue un drame humaine et économique. Humain, car il plonge dans le désarroi les salariés qui n'ont pas démérités. Economique, car ces salariés n'ayant plus d'emploi changent leur mode de consommation et cela se répercutent sur le tissus économique local (boulanger, boucher, etc.). Il y aussi les entreprises qui fournissaient l'unité délocalisée qui voit un client partir... et une baisse du chiffre d'affaires, si elles ne parviennent pas à retrouver d'autres contacts qui compensent.
Une délocalisation entraîne la fermeture d'un site lorsqu'elle concerne des activités où l'intervention humaine se différencie peu d'un pays à l'autre ou de la mise en place d'une machine. Bref, ce sont avant tout des productions dites à faible valeur ajouté qui sont le plus souvent toucher.
Pour éviter une délocalisation, il y a bien sûr un premier réflexe : réduire les coûts salariaux. Cette mesure prônée par les chefs d'entreprises n'est pas structurante. Au bout du bout, il y aura toujours un pays prêt à proposer un travail équivalent moins cher. Et pour l'entreprise, un problème grandissant : une démotivation des salariés, une augmentation des malfaçons. Résultats ? Baisse du gain de productivité, augmentation des pertes de production, etc.
Les pays industriels ne peuvent pas rivaliser sur les salaires ? La délocalisation d'une activité ne se résume pas aux coûts de la main d'oeuvre. Il faut se rappeler que les investissements directs étrangers financent à près de 80% les activités dans les pays industrialisés et seulement 20% pour les pays en voie de développement. Si le phénomène des délocalisations était aussi important que le bruit médiatique, la proportion devrait être inverse. Et il ne va pas s'inverser.
Avant de délocaliser, l'entreprise doit être certaine que les investissements réalisés seront durables : pas de risque de destruction liés à des phénomènes de rebellions liées à un régime politique instable, pas de législation contraignante, pas de concurrence déloyale, etc. Mais cela n'est pas tout. Elle doit être certaine que ses nouveaux salariés peuvent venir sur le lieu de travail, que les moyens de transports individuels ou collectifs existent et sont de bonne qualité. Ces salariés doivent aussi être en bonne forme physique. C'est-à-dire manger à leur faim. A cela s'ajoute une bonne formation pour mener à bien les tâches qui seront les leurs.
Bref, c'est en offrant un environnement autour de l'unité de production favorable à une main d'oeuvre motivée, reposée, enthousiaste, et bien formée que les pays développés peuvent contrer les délocalisations. D'où l'importance ne bien veiller à ce que l'éducation nationale vise excellence pour les enfants de la République sur le plan théorique comme sur le plan de la pratique. Un enfant qui n'aime pas l'école peut apprendre et devenir un technicien avec une approche par la pratique qualifiante grâce à l'expérience. Il faut aussi un système de santé basé sur la prévention. Il faut pas attendre que les Français soient malades pour les soigner. Plus il y a de prévention, moins les entreprises auront du personnel défaillant pour des raisons de santé. Cela aussi joue sur la productivité et la compétitivité d'une entreprise. Un salarié qui se prive de santé, c'est une fragilité pour l'entreprise.
Tous ces champs d'action sont structurants et les effets bien plus durables que la TVA sociale, qui a bien des égards n'est pas autre chose qu'un droit de douane déguisé.
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