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De Kakadu à Alice Spring

Publié le 11 février 2009 par Jean-Michel Frappier

À Kakadu, vivent 68 espèces de mammifères, 120 de reptiles, 26 de grenouilles, près de 300 de poissons, 290 d'oiseaux dont plusieurs uniques à la région, plus de 10 000 types d'insectes, mais malheureusement, on n'a rien vu de tout ça. Nous étions certainement trop occupés à chasser les mouches qui nous faisaient subir un harcèlement psychologique constant, des centaines de mouches, non, des milliers de mouches! Dans le nez, dans la bouche, sur les yeux, des maudites mouches qui bourdonnent dans nos oreilles et nous rendent complètement fous. Nous avions prévu une journée de randonnée pédestre tranquille autour des superbes marécages, on a plutôt fait une course effrénée, en frappant le vide de nos mains comme deux cinglés pour essayer de se débarrasser des bestioles!
Ce n'est pas uniquement la beauté du paysage ni la faune exceptionnelle qui nous ont attirés dans ce coin reculé d'Australie. Kakadu possède la plus forte concentration de peinture aborigène sur pierre au monde, les sites les plus connus étant Nourlangie et Ubirr. On peut observer l'histoire millénaire des aborigènes à travers les oeuvres imprégnées sur les parois rocheuses à travers le parc. Des scènes de chasse et de la vie quotidienne, des animaux dont la race s'est éteinte il y a bien longtemps, des croquis très précis de l'anatomie de divers poissons et surtout, les légendes de la création du monde selon les premiers habitants de la région.

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Près de Katherine, à Mataranka plus précisément, on suit une piste qui nous fait traverser une superbe forêt de palmiers et d'eucalyptus jusqu'à un lagon alimenté par une source thermale. On se réjouit de l'absence des mouches après trois jours de persécution qui nous a menés au bord de la folie. Il y a par contre une drôle d'odeur et un jacassement strident qui semble provenir des arbres, on observe de plus près. Dans le feuillage, des centaines de chauves-souris, non, des milliers, une vraie usine à guanos qui nous défèquent dessus, encore une fois on court comme deux cinglés! L'eau fraiche nous fait un grand bien après toute cette route, mais l'odeur est insupportable.
On s'arrête au café du coin pour faire le plein, 2$ le litre!!! Au moins, le baramundi fraichement pêché est délicieux et aide à nous faire oublier le prix de l'essence.
On discute un peu avec les habitués. Ils nous suggèrent un meilleur endroit pour faire trempette et nous invitent à prendre dans nos bras le bébé wallaby qu'ils ont adopté. Il est tellement doux et nous lèche partout avec sa petite langue, on songe un instant à le kidnapper et l'amener avec nous! Ce sont ces moments magiques inattendus qui nous font toujours autant apprécier le voyage après plus d'un an et demi à vagabonder.
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La baignade à Bitter Spring est agréable et surtout certifiée sans guano et sans croco par les locaux. On se laisse flotter paisiblement un brin et on remonte dans la van pour de longues heures.
De Katherine à Alice Spring, la route fait plus de 1200 km, une ligne droite qui semble s'étirer à l'infini, de chaque coté de la route, de vastes plaines de sable rouge aride à perte de vue. Compter les kangourous morts sur l'accotement, faire des signes d'encouragement aux rares voitures que l'on croisent, écouter du country qui griche sur l'unique chaine de radio disponible, on se distrait comme on peut. Tout au long du trajet, des aires de repos sont aménagées avec des toilettes propres, des barbecues électriques gratuits et des tables de pique-nique. De grands panneaux d'affichage en plusieurs langues nous invitent à s'y arrêter et nous rappelle qu'en Australie, la conduite se fait à gauche! Tout est vraiment bien organisé pour les touristes.
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On s'arrête pour faire le plein à Dally Water, une ville qui a été construite à une époque où les avions avaient aussi besoin de stopper en chemin lors de leur traversée de l'Australie. Il y avait autrefois près de 4000 habitants, depuis la fermeture de la piste d'atterrissage, on en compte plus que 17, dont 11 travaillent au pub du coin, le plus vieux des territoires du nord. Le Dally water pub sert aussi de station-service, c'est une très bonne idée, parce que le litre de diesel à 2.62 $ passe beaucoup mieux avec un pompiste qui vous dit : you want a cold beer with that mate!
Les murs de la brasserie sont couverts de cartes de visite, de cartes postales, de photos et de ce qui doit être la plus grande collection de sous-vêtements usagés du pays. Des ribambelles de soutiens-gorges, des guirlandes de bobettes et une tête de buffle empaillée sur le mur expose sur ses cornes une gamme de g-string à rendre jaloux certains sex shops. La tradition veut que si on ne réussit pas à boire 4 pintes en moins d'une heure, on doit y laisser nos dessous, à voire la quantité qui pend un peu partout, il semblerait que plusieurs ont échoué.
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Portant toujours nos sous-vêtements malgré une seule pinte, on reprend l'interminable ligne droite pour quelques heures jusqu'aux Devils Marble. Les billes du diable sont un amoncellement de mystérieuses pierres rondes qui forment un magnifique paysage surréaliste en plein milieu du désert. Karlu Karlu pour les aborigènes, il s'agirait des oeufs du serpent arc-en-ciel, une créature mythique qui vit dans le monde des rêves.
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Après 9 heures de route, la fatigue s'empare de nous. Malgré un six pack de red bull qui nous donne la tremblote, nos paupières sont lourdes, très lour....................Wooooooo! j'pense que j'ai dormi, on va s'arrêter pour la nuit!
Récit suivant, Uluru, Kata Tjuta et King's Canyon

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