Christine Lagarde se démarque de la solidarité initiale pour rappeler que le sport doit respecter des règles.
Au moment où l'après-régionales semble pouvoir de plus en plus prendre le visage de Christine Lagarde à Matignon, sa réponse sur France - Eire n'en est que plus intéressante.
La Ministre de l'Economie occupe une place à part en insistant sur le besoin de respect de règles.
Les réactions sur l'épisode de la main de Thierry Henry sont lourdes de significations profondes.
La France est actuellement un pays sans règle ni repère ; d'où la naissance de 60 millions de Robinson Crusoë.
C'est un pays sans règle qui ne respecte pas la morale du sport. La main en question n'est pas une faute ordinaire. Elle est intentionnelle et décisive. Ne pas tirer de conséquence c'est accepter que la victoire soit volée aux yeux de l'ensemble international du monde sportif et là c'est une défaite qui comptera longtemps.
C'est le même état d'esprit qui règne dans la quasi-totalité des dossiers actuels : l'absence de règle. Il n'y a pas de règle pour l'utilisation des deniers publics pour les sondages présidentiels. Il n'y a pas de règle pour les horaires officiels quand Rama Yade fait attendre les Présidents de districts pour le retour de Dublin. Pas de règle de courtoisie qui puisse la conduire à s'excuser pour un retard de plus d'une heure. Pas de règle de transparence pour les journalistes qui accompagnent et qui ne font pas état d'une impolitesse manifeste de ce type.
Aucun domaine n'échappe plus à l'absence de règle.
Faute de règle, il n'y a donc plus de repère. Pas de repère par l'exemple mais pas davantage de repère par la réflexion.
Le monde actuel est une ile déserte où il importe de survivre avec chacun édictant ses règles de survie là pour se qualifier, ailleurs pour gagner une élection ...
La main de Thierry Henry alimente un vaste débat parce que chacun perçoit bien le côté symbolique de ce geste. Si la France avait dominé et qu'un sentiment d'équité puisse compenser. Si le joueur n'avait pas témoigné une véritable volonté de tricher en violant la règle n° 1 du football : ne pas jouer avec les mains. Si .... : il est probable que l'opinion ne sera pas aussi affectée. Mais là c'est l'officialisation d'un état d'esprit et c'est cette institutionnalisation qui choque. Le football était un message de la société en 1998 quand il portait l'image de la société qui gagne parce que métissée. Il est aussi porteur de messages quand aujourd'hui il incarne la débrouille, le non respect, le culte du résultat à tout prix.
Il est un résumé de l'ambiance du moment, une tranche d'identité nationale, provisoire ou pas ?
Christine Lagarde a occupé un terrain relativement vierge au sein des responsables politiques. Elle a probablement préempté un domaine important car le besoin de règles est l'une des revendications de l'opinion du moment face à certaines professions "privilégiées" comme la finance ou les sportifs de haut niveau.