Un stade de football est un théâtre, avec ses coulisses, ses critiques, ses drames et bien sûr, ses comédiens. Dans un théâtre, on peut jouer toutes sortes de pièces. On voit parfois des drames : la mort d’un joueur africain terrassé en pleine course par un accident cardiaque ou des tragédies héroïques : le coup de tête de Zidane en finale de la coupe du monde. Quand on regarde l’équipe de France de Raymond Domenec, on assiste plus souvent à des comédies, des satyres du football dans lesquelles on ne sait pas toujours si la médiocrité est volontaire ou si elle incarne une forme de subversion.
Quand j’ai vu partir mes collègues pour le stade de France hier après-midi, je me suis dit qu’il leur fallait une sorte de foi absolue dans la nature humaine pour aller voir une chose pareille. Foi qui me manque cruellement depuis l’anniversaire de mes sept ans… Ce matin, j’étais avide de connaître leurs impression sur ce “grand évènement.” En écoutant leur récit enflammé, je compris rapidement que ce n’était pas la misanthropie mais une intuition de génie qui m’avait tenue éloigné du stade. Ils avaient rarement vu un match aussi nul de toute leur vie : des joueurs qui couraient dans tous les sens, qui se plaçaient n’importe où, qui faisaient des amorties du genou, des têtes de l’oreille etc… “On aurait dit une équipe handisport” dit l’un d’eux, “dans laquelle notre collègue d’EPS” aurait eu sa place rajouta un deuxième. Leur seul bon souvenir fut le contact avec les supporters irlandais dont ils vantaient la gentillesse et le fair play exemplaire. Leur élimination après une main volontaire et une erreur d’arbitrage est semble-t-il une des plus grandes escroqueries de l’histoire du sport. Il s’agit plus précisément d’un double contact auquel s’ajoute le hors-jeu des deux attaquants. Notre entraineur charismatique avec un cynisme assez plaisant se félicita naturellement du résultat. Comme disait Machiavel, “peu importe la manière, il faut savourer la qualification.”
Je lui répondrai comme Churchill. “Vous avez choisi le déshonneur à la défaite. Vous aurez le déshonneur et la défaite.” Cette équipe n’avait simplement pas sa place dans la coupe du monde.
Bon, comme illustration, je ne savais pas quoi mettre, du coup, j’ai pris la première image que j’ai trouvé :
L'équipe de France de football s'est qualifiée pour la coupe du monde après un superbe match nul face à l'équipe d'Irlande mercredi 18 novembre.