Manifestation contre la visite du prince Charles
On prend deux petites maisons. On les détruit. À la place et en un tour de main, on construit un immeuble. Des copropriétés. Des petites maisons, plus de traces.
C’est un peu ce qui se passe en ce moment au Québec. On tend à faire disparaître ce qui a été. On aplanie. Les Français et les Anglais ont fondé ensemble le Canada pour y accueillir, bras ouverts et en anglais, des gens de partout.
Ainsi, la venue du prince Charles au Québec, n’a pas fait grimper grand monde dans les rideaux à part les acrobates du Cirque du soleil. Heureusement, qu’à l’invitation du RRQ, plus de deux cents personnes attendaient le monarque de pied ferme et ont réussi à faire de cet attroupement un événement couvert à travers les médias québécois, canadiens, anglais, français, australiens, américains et belges. Le message de cette poignée « d’extrémistes », de ce « groupuscule » a été reçu. Elle a fait couler de l’encre, du sang aussi. Les policiers de l’escouade anti-émeute n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Il fallait les voir trépigner tellement ils étaient impatients de cogner.
Cette manifestation donc a réussi à faire parler d’elle parce qu’elle dérangeait. Et si elle a dérangé, c’est qu’elle se déroulait en territoire ennemi. C’est la leçon à tirer. Il faut arrêter de croire que les rassemblements que nous organisons entre nous, à l’est de la rue St-Laurent, auront des répercussions. Le discours doit sortir des quatre murs dans lequel on le cantonne. Il doit se faire entendre de tous. Il doit faire le tour du monde. En ce sens, le scandale du jugement de la Cour suprême sur l’avenir du français au Québec doit rejaillir sur le Canada. Pour l’éclabousser, pour en sortir, il nous faut nous réunir en un lieu qui forcera l’attention.
Il ne faut pas avoir peur de déranger. Au contraire, c’est la seule façon d’avancer. Sinon, nos palabres relèvent de la thérapie de groupe.