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Au début du roman, Sweeney, un pharmacien de Cleveland, lit une bande dessinée « Limbo », dont des monstres de cirque sont les héros et curieusement, ceux-ci auront une grande importance par la suite. Danny, son fils de six ans, depuis un an dans le coma, à la suite d’un traumatisme crânien, adorait lire ces sortes d’ histoires. Après ce drame, la femme du héros s’est suicidée. Lui, qui a tout quitté pour son enfant, se retrouve rongé par le chagrin, le remords, l’anxiété et la peur. Sa mémoire lui joue des tours. Il devient parfois tellement fou de douleur qu’il se laisse aller à de terribles accès de rage. Il vient confier son enfant au Dr Peck, un médecin visionnaire qui se vante d’avoir déjà « réveillé » deux de ses malades.
Mais cette clinique haut perchée sur une colline de Quinsigamond, ressemble à un manoir gothique plein de pièces étranges, des souterrains marécageux jusqu’à la coupole réservée au dangereux docteur et à sa salamandre favorite.
C’est un roman noir, gothique et les personnages ont tous des mobiles cachés, que ce soient les monstres de la BD, plus vrais que nature, les médecins et les infirmières ou encore la bande de bikers, motards très particuliers à laquelle se heurte sans cesse le héros. Bientôt l’espace se réduit, on rampe beaucoup sous terre pour chercher une certaine forme de vérité ou de délivrance. La menace qui pèse sur le père et le fils s’accentue. Les rêves et la réalité se confondent souvent, les personnages se rejoignent, tout s’enchaîne et se déchaîne. La fin est magnifique et irracontable.
Dès la préface, O’Connel nous a mis en garde ! « oui, ceci est un livre sur le deuil, le chagrin et la rage. (…) Mais, au bout du compte, c’est un livre sur la moralité complexe de l’écriture elle-même, de la fabrication d’un récit, d’une histoire. Sur ce que le processus fait à l’écrivain. Ce qu’il fait à son entourage. Ce qu’il a le potentiel de faire au lecteur- et pour lui. »
En refermant ce livre, je m’étire, je souris, je me sens bien, encore un peu dans un état second, avec le désir de rester dans l’histoire un moment encore, de ne pas retourner trop vite dans ma réalité ! Je n’ai peut-être pas tout très bien compris mais curieusement, pour une fois, ça ne me dérange pas ! J’ai adhéré à l’histoire, j’ai encore un peu de mal à m’en détacher, je suis admirative, enchantée ! J’ai vécu une belle aventure, C’est maintenant comme si je devais me séparer d’un ami très cher et repasser les moments vécus, les paroles prononcées ! Je reste sur une très bonne impression ! C’est vraiment un grand livre, un livre magique, comme un vêtement très confortable, trop grand pour moi mais dans lequel je me suis sentie si bien !
« L’art est un mensonge qui dit toujours la vérité »Picasso
« Rien n’est conforme aux apparences » Jim Thompson (Préface)
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Je remercie l'éditeur ainsi que le Blog-O-Book pour l'envoi de ce livre.
Dans les limbes de Jack 0’Connell (Rivages/Thriller,octobre 2009, 355 pages) Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Gérard de Chergé. Titre original : The Resurrectionist. Titre longtemps provisoire : «Les Tombes » Temps mis pour écrire ce livre : 5 ans