Un monde où il est possible de se qualifier pour une grande compétition internationale, voire même de remporter la coupe du monde en trichant. Comme Maradona en 1986, référence des petites frappes footballistique,s c'est en s'aidant de la main que Thierry Henry a contribué à faire basculer le sort d'un match de barrage bien mal engagé contre les Irlandais. Notre quotidien sportif national, dans sa colossale finesse, a ressorti pour l'occasion l'expression nauséabonde de "Main de Dieu". Poussons l'avantage plus loin pendant qu'on y est et demandons à l'équipementier des Bleus d'ajouter comme slogan sur leur maillot déjà très bondage le slogan "Dieu avec nous" en lettres de feu. Les collectionneurs de ceinturons de la Wehrmacht apprécieront…
Un monde où il est possible de laisser intimider et caillasser une équipe qui vous rend visite pour un match décisif sans que la FIFA n'aille au-delà des vœux pieux. Il n'y aurait jamais dû y avoir de match d'appui à Khartoum entre l'Algérie et l'Egypte hier, car le lynchage organisé des joueurs algériens au Caire le week-end dernier aurait dû se solder, si les autorités internationales du football avaient encore une once de courage, par une disqualification sur tapis vert de la sélection égyptienne. Faute de fermeté, la gangrène des réceptions hostiles et des métaphores guerrières continuera gentiment à prospérer, avec des conséquences plus ou moins graves. Pas besoin d'aller bien loin, il n'y avait qu'à voir l'accueil "chaleureux" des Portugais en Bosnie-Herzégovine pour s'en convaincre.
Un monde où des dirigeants s'entêtent encore à nous faire croire que le recours à la vidéo dénaturerait "l'esprit du jeu", au mépris de toutes les expériences menées avec succès dans d'autres disciplines depuis des années. C'est sûr, cher Monsieur Platini, ci-devant président de l'UEFA, qu'il est franchement mieux pour "l'esprit du jeu" ou ce qu'il en reste, de battre son adversaire sur un but litigieux, sur une main que tout un stade a vu sauf l'arbitre et ses juges de touche. C'est mieux, pour tous les gamins qui assistent à ce navrant spectacle, que l'on puisse tirer profit d'une tricherie d'un des joueurs les plus médiatisés de la planète, une star "publicisée" et "consoledejeuisée" à outrance, un "exemple pour la jeunesse", pour s'ouvrir péniblement le chemin de la coupe du monde. J'oubliais : la fin justifie les moyens. Imaginez seulement ce que le même événement aurait donné à Khartoum ou dans n'importe quel autre match à très haute tension. Quelques linceuls de plus autour de la pelouse pour éviter de perdre les quelques minutes nécessaires à revoir une action litigieuse en vidéo poseront un jour peut-être un cruel cas de conscience au héros sautillant du Heysel et ses amis…
Alors franchement, bravo à l'équipe de France de football. Vous pouvez compter sur mon fidèle soutien jusqu'à votre élimination sans gloire au premier tour de la coupe du monde en Afrique du Sud. Ou mieux : en finale de la coupe du monde sur une main bien franche à la dernière minute que toute la planète, sauf l'arbitre, aura vue !