Issu de la même session d’écoute hautement productive que pour Crocodile, je vous présente ce groupe improbable de Caroline du Nord désormais installé à Baltimore. Ceci est leur très court premier album (9 titres pour 27 minutes), sorti l’année dernière aux Etats-Unis et à priori non distribué sur nos terres. Et avant de m’essayer à vous décrire leur musique, sans utiliser trop d’adjectifs et autres acronymes à rallonge, je dois vous donner les trois clefs nécessaires à son approche, en fait les trois éléments vraiment distinctifs qui éloignent Future Islands des comparaisons trop faciles. Le plus important, et s’il vous plait ne partez pas en courant, est la voix unique du frontman Samuel Herring. Je vous dirai pourquoi après. Deuxièmement, on a une esthétique "Do it youself" assez poussée venue du milieu punk. Enfin, le disque monte crescendo et de manière dramatique sur le thème d’un amour de cours d’école. Trois éléments peu ragoutants qui au final explosent à la tête de l’auditeur.
Créé en 2007 et chargé en influences pop, 80’s et kraut, Future Islands est un trio/quatuor qui ne se prend pas au sérieux. Ils écrivent depuis 2003 des mélodies accrocheuses avec très peu d’équipement, ce disque étant un pur 4 pistes à peine produit par Chester Endersby Gwazda (Dan Deacon). Il suit comme je vous l’ai dit une romance chronologique avec une intensité dramatique qui pousse à la danse, ou non. Passé l’ouverture bruitiste et inutile "Pangea" c’est l’heure de l’euphorie avec un "Old friend" qui nous plonge de plein pied dans l’univers Future Islands. Tel un trip hédoniste de dance new wave, on découvre le personnage de Samuel. Son organe vocal tranche littéralement la musique. Emotive à souhait, au risque de paraître ridicule, sa voix demande pleine attention et ne ressemble à personne d’autre. C’est le moteur punk du début d’album avec "Flicker and flutter".
Mais on se doute que très vite surviennent des problèmes dans cette romance. "Seize at shark" se montre furieux sur la batterie, et le clavier Bontempi fait le reste. Le sérieux de l’affaire commence avec l’énorme "Heart grows old". L’interprétation de Samuel est incroyable. Il chante comme si chaque chanson était sa dernière. Quant au texte, il ne se débrouille pas si mal que ça non plus : "The heart grows old with you / No one in this world could hope to take your place / Save me from loving you always". Entre Tv On The Radio et Depeche Mode, Future Islands tente de chasser des rêves brisés et de trouver du courage dans un cœur en miette. Mais ce n’est qu’une introduction au gros de la colère philosophique du Monsieur, j’ai nommé la claque "Beach foam". Sa ligne de synthé et son rythme lancinant me font littéralement chavirer.
Les intéressés qui décrivent eux-mêmes leur disque comme "un matin lumineux qui tend ses bras à de lugubres après-midi" ou encore "une eau infestée de requins sur une plage paradisiaque" réussissent en tous cas leur pari. L’excellente "Wave like home" pré-conclut le trip tout en dépression avant de laisser un optimiste "Little dreamer" accepter la chose et terminer le disque dans un final de sweet soul synthétique à la Dan Deacon. Comme une bougie qui se consume dans l’obscurité. Je ne sais pas où le groupe en est aujourd’hui, mais j’espère seulement que le niais "The happiness of being twice" n’annonce pas sa future orientation.
En bref : du soft synth punk romantique assez inédit et sincère pour captiver tout de long sur sa petite demi-heure.
Le Myspace
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L’énorme "Beach foam" :