Voyage au Cap Vert dans le grand studio de France Inter et première rencontre avec une drôle de bonne femme, Césaria Evora en concert !

Publié le 19 novembre 2009 par Dorian
Elle arrive doucement, aidée d’un bras, dans le grand studio de France Inter, pieds nus, elle vient s’installer à sa place dans le cercle de lumière. Elle se tient à peine à quelques pas de nous… à peine à un souffle. Cette proximité laisse une curieuse impression, celle d’être presque invité à sa table, si proche...
Quand
Cesaria Evora lance sa voix, le ton a déjà été donné par le groupe, la musique a déjà bondi et rebondi plusieurs fois et les fesses ne peuvent déjà plus s’empêcher de se trémousser sur les sièges. Ça m’a toujours amusé de voir ses tribus de vers de terre gigotant, presque frénétiques et pourtant le cul restant vissé sur sa chaise. Alors qu’il suffirait juste de se lever et de s’agiter, qu’il suffirait de se laisser entreprendre par la musique pour se libérer le... Mais ça ne se fait sans doute pas, alors on reste tous les fesses agrippées à leur siège, et on subit leur volonté et leur agitation. Et ce n’est pas grave parce qu’on voit bien que toutes les autres en sont au même point, que toutes sont en phase trémoussage féroce…
Et quand la voix arrive elle trouve naturellement sa place au milieu des autres instruments et pourtant…

Et pourtant tout semble à contre pied dans cette histoire, tout semble tellement différent entre Cesaria Evora et son groupe, elle si sage et eux si allumés du feu sacré, toujours prêts à enflammer la moindre note. Elle, immobile, ménageant ses gestes pendant que les garçons de son groupe s’enfuient régulièrement dans des danses insensées… Plus la musique se fait légère, sautillante et virevoltante et plus la voix apparait grave et profonde comme jamais, et pourtant…
Et pourtant la vivacité des musiques et la profondeur de la voix s’accompagnent et se répondent. L'une soutient l'autre, la voix laisse la musique en liberté et l'encourage même, viens, viens me chercher semble-t-elle dire.
Et pourtant si ses gestes sont plus rares, presque comptés, parce que l'âge , parce que d'autres accidents... ils restent toujours dans le ton et semblent même donner le sens de l’histoire. Elle va à son rythme, juste comme pour encore encourager les autres à aller bien plus loin qu’elle ne peut aller aujourd’hui … Et il n’en faut pas plus pour que les deux diables qui se tiennent au violon et aux cuivres se lancent et dansent de plus en plus et pour nous entraîner… et comme nous aussi nous n’attendions que ça…

Et puis comme un clin d’œil, juste avant de partir, comme pour nous dire vous m’attendez toujours où je ne suis déjà plus, Cesaria Evora s’offre un dernier contre pied, un petit tour de danse tranquille et complice, de la danse en douceur mais tellement touchante parce qu’elle nous l’offre malgré tout. Et à ce moment là on la regarde avec une sorte de curieux sourire, mi-béat, mi-perdu, parce que juste le temps de finir sa trémousserie et elle n’est déjà plus là.
Les filles se retournent alors vers moi toutes les deux avec la même question, elle est déjà partie ? Quand je réponds d’un oui peiné j’ajoute pour moi, drôle de bonne femme, et elles hochent la tête mais elles n’ont pas pu m’entendre...
Cesaria Evora était en concert au grand studio de France Inter et elle repartie comme elle est venue, doucement aidée d’un bras et les pieds nus, elle est repartie comme elle est venue, mais nous, elle nous a bien changés entre temps…
Cd offert
Mais pourquoi, Brinca sabe so nos so, passa sabe so nos so, dansa sabe so nos so, qu'é di grupo Saiko Dayo … est-ce que je vous raconte ça…