Il est toujours intéressant d’observer ce qu’est prêt à sacrifier un politique pour faire passer une réforme qui lui tient à cœur, ou qui peut lui donner l’occasion de « marquer l’histoire », du moins de son point de vue.
Obama tient à faire sa réforme (minime) du système de santé américain. Contrairement à ce que disent pas mal d’Obamaniaques, non, cette réforme n’est pas la mise en place d’une sécurité sociale à la française aux USA. C’est au contraire la mise en place d’une couverture privée de la santé via les assureurs, couverture qui s’avèrera minimale en plus.
Mais nous pouvons considérer cela comme un premier pas intéressant, même si à titre personnelle, je trouve la réforme timide, voir un brin démagogique et aidant encore une fois le secteur privé…
Mais Obama veut sa réforme (ce qui se comprend) … Mais à quel prix ? Celui du droit des femmes.
En effet, pour avoir le vote (qui n’a rien de définitif, vu que le sénat doit encore trancher avant un retour probable à la chambre, etc... etc…) le groupe démocrate, avec l’assentiment de la maison blanche, a mis en avant les plus rétrogrades d’entre eux, pour négocier un amendement qui interdit le financement public de l’aide à l’avortement (cliniques, etc.) contre l’obtention du vote de la réforme sur la santé. ( http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/obama-sacrifie-livg-dans-la-bataille-pour-lextension-de-lassurance-maladie/1200 )
Paradoxe s’il en est : la santé améliorée aux prix d’une régression du droit des femmes et la mise en danger de leur … santé ! Pire : Obama avait fait sauter des lois anti-avortement pour mieux le saborder plus tard ! (http://www.romandie.com/infos/news2/090124154408.f3ko79fx.asp )
C’est là la limite de l’exercice : faire un tel choix relève du cynisme le plus crasse. Vouloir passer une réforme emblématique pour faire une image forte d’Obama, au prix d’une telle régression (car le secteur privé n’est pas prêt à supplanter le secteur public dans le domaine du droit à l’interruption de grossesse), c’est manquer et de grandeur politique et de vision à long terme des conséquences que cela entraînera.
Malheureusement, l’aura d’Obama est telle que peut de gens ont souligné l’erreur (pour ne pas dire l’horreur) du deal. Car si l’on peut être certains que la réforme de la santé sera retoquée par le Sénat, il y a fort à parier que ce ne sera pas le cas de la loi interdisant le financement public…
Décidément, ce n’est pas avec ce genre de margoulins que nous allons aller vers le mieux pour tous….