13,3 millions de français devant leur écran pour les prolongations du match France-Eire.
13,3 millions de français devant leur écran pour voir la France se qualifier à la Coupe du Monde de football.
13,3 millions de français devant leur écran pour voir Thierry Henry tricher volontairement.
C'est triste...
"Il y avait main mais je ne suis pas l'arbitre." Réaction habituelle d'un joueur après le match, une fois que la décision a été prise et que la victoire est devenue officielle. Réaction évidente puisque tout le monde a vu le joli ballon être amoureusement accompagner vers le pied par une main baladeuse et entreprenante.
"Il y a main, Monsieur l'arbitre, ne comptabilisez pas le but." Réaction inédite qu'aucun joueur d'un foot devenu business n'a jamais osé avoir lors d'une grande compétition.
Alors qu'on nous parle d'identité nationale, une question se pose : quelle équipe de France voulons-nous? Celle qui se qualifie en trichant, reconnait a postériori l'évidence et se réjouit? Ou celle qui avoue sa faute sur le moment, perd peut-être ensuite le match mais offre devant 13,3 millions de personnes une démonstration d'honnêteté?
Parce que finalement, cette petite tricherie ressemble à beaucoup d'autres. A toutes nos tricheries égoïstes.
Nous gagnons par exemple souvent de l'argent en "trichant". En oubliant de nous soucier des conséquences de notre spéculation, en contournant habilement des règles contraignantes, en commercialisant des produits que nous n'achèterions pas nous-mêmes. Il est étonnant de voir chez Lagardère (Doctissimo) ou Axel Springer (Auféminin) une fascination pour le succès économique de ces deux sites Internet dont près de 80% du trafic est lié aux forums "pour adultes" bien qu'ils soient finement habillés de santé et de féminité. C'est de la triche.
Hier quand un petit garçon trichait au Monopoly, sa maman le grondait et ses copains s'énervaient. Aujourd'hui, il fait comme Thierry Henry : il gagne par tous les moyens.
Thierry Henry devrait quitter la sélection.
"Les derniers seront les premiers", a déclaré quelqu'un il y a deux mille ans.
Parfois, Dieu que c'est beau de perdre avec humilité.