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Les herbes folles

Par Gicquel

«  Les herbes folles » de Alain Resnais

Vu au cinéma

Resnais, à un âge plus que respectable, folâtre toujours et encore dans les studios de cinéma. Avec un bonheur non dissimulé quand il vous imagine cette histoire d’une simplicité rocambolesque : les conséquences du vol d’un portefeuille.
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Point de logique ici bas, qui voudrait qu’une fois l’objet du délit retrouvé, tout le monde retourne à ses affaires.
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Mais Alain Resnais a une toute autre vision des choses .

D’après   « L’incident » de Christian Gailly il orchestre une valse des sentiments un peu particulière . Un peu , je t’aime , moi non plus , mais n’y revient pas…

Georges qui porte l’objet du délit  au commissariat attend beaucoup de sa propriétaire , une femme seule qui le repousse et le regrette. Vous avez déjà là l’un des familiers du réalisateur , André Dussollier toujours aussi parfait , mais cette fois dans un  registre de l’énigme et du mystère, qu’il aborde avec un détachement vraiment suspect .
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Georges au passé bizarre  donc ( a-t-il tué sa première femme ? ) vit maintenant avec une jeunette qui laisse son bel époux collectionner les maîtresses . Georges est un fan d’aviation, ce qui tombe bien puisque la propriétaire du portefeuille a son brevet de pilote .
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Imaginez maintenant , Sabine Azéma toute en retenue amoureuse , dentiste de son état, et un peu fofolle , comme l’herbe du même nom.

C’est une façon de raconter le film, mais ce n’est pas le film. Il est beaucoup plus dense dans sa démesure quotidienne, plus drôle dans ses effets de mise en scène  ( ah ce Mathieu Amalric , quel comédien ! ) et d’une invention d’images jouissive pour les voyeurs que nous sommes .

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Car Resnais grand coquin devant l’éternel en rajoute une couche sur l’amour et ses dérives, jusqu’à provoquer une scène étonnamment torride, quand Georges ( encore lui ) détache la ceinture de sécurité d’une automobiliste garée devant son domicile . Quand vous saurez qu’il s’agit d’Emmanuelle Devos les choses peuvent se comprendre.
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Elle s’y trouve pour une bonne raison , que la raison m’interdit ici d’évoquer . C’est tout le sel de ce film, ces petits détails qui font les grandes histoires , ces anecdotes de la vie que l’artiste sublime pour en faire une récréation enchantée , d’où l’on sort à la fois plus intelligent et plus léger .

Je le dis en pensant à un autre film vu cette semaine «  Le Concert » qui recueille des tonnerres d’applaudissements, auxquels je n’adhère pas un instant . J’ai trouvé ça lourd, avec des acteurs qui en font des tonnes , au point de téléphoner quasiment toutes les scènes. Et le scénario se charge aussi de surligner cette histoire d’un chef d’orchestre soviétique déchu de sa baguette , en vous mitonnant un renversement de situation qui se renifle à des kilomètres.

Alors quand on me dit que Resnais c’est de la prise de la tête , oui peut-être, et encore , mais surtout quelle jolie tête !


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