Et c'est alors qu'un autre volume de la saga best-seller vampirique « Twilight » de Stephenie Meyer, « TWILIGHT : NEW MOON » ( le second opus ), voit son adaptation cinématographique fleurir sur tous les écrans de vos complexes cinématographiques depuis aujourd’hui ( deux jours avant les fans américains et américaines ) que je me suis posé la question de savoir si j’allais moi aussi aborder ce top des ventes actuelles – la littérature fantastique pour midinettes et adolescentes de la mormone la plus célèbre désormais – en me plongeant dans les quatre volumes de son « œuvre » ?
ou allais-je revenir aux bases essentielles et fondatrices du mythe des Seigneurs de la Nuit ? Me replonger dans le « Dracula » ( 1897 ) de Bram Stoker ? Farfouiller plus loin dans ma bibliothèque poussiéreuse de mordu de vampires et relire « Le Vampyre » ( 1819 ) de John Polidori ? voire le « Carmilla » ( 1871 ) de John Sheridan Le Fanu ?
Et après avoir hésité à aborder la littérature sous une forme ludique ou du moins se référant à l’univers ludique mais surtout rôliste de « Vampire : la Mascarade » en ( vous ) faisant un éventuel listing des traductions en français des romans issus de cet univers – avec de très bonnes trilogies, comme « Le Cycle de la Mort Rouge » de Robert Weinberg ou celles rédigées dans les univers médiévaux et victoriens ( respectivement « L’Age des Ténèbres » de David Niall Wilson et sa chasse à travers les âges et le temps du Graal et « Ere Victorienne » de Philippe Boulle qui nous transporte jusqu’en Egypte ) – et autres « Cycles des Clans », avant de les re-aborder par la suite chacun leur tour.
La reine des vampires, Anne Rice, et ses longues « Chroniques des Vampires » auront aussi démangé mes critiques littéraires à venir.
Mais, non, j’ai préféré rester dans la « tradition » : abordant, ce soir – et en réponse à l’actualité cinématographique de « TWILIGHT : NEW MOON » - une des suites officieuses, ou du moins non reconnues totalement par les descendants de Bram Stoker ( a contrario du récent « Dracula, L’Immortel » de Dacre Stoker ), du roman fondateur « Dracula » :
La trilogie « Anno Dracula » de Kim Newman
Scénariste rare pour la télévision ( dont un inévitable chapitre de l’anthologie vampirique des « Prédateurs » en 1999 ) et un film à venir, « UBERMENSCH », drame de science-fiction de Simon Temple ( censé sortir cette année – mais je trouve le délai court pour être réalisable ), l’écrivain anglais aux allures de vieux dandy échevelé ( né en 1959 ) de Kim Newman reste surtout connu par certain(e)s cinéphiles comme un critique cinématographique respecté ( intervenu dans plusieurs émissions – étrangères, of course – depuis 1993 )… et immensément cultivé.
Un homme de lettres inspiré et maitrisant son savoir encyclopédique pluridisciplinaire mais aussi et forcément – par son métier de critique – un homme d’images qu’il a dévorées et sait digérer dans ses propres écrits. Reprenant au début des années 1990 le concept uchronique de sa nouvelle de 1977 ( encensée et récompensée ) « Dracula de Coppola », qui n’avait alors rien à voir avec l’adaptation que réalisera en 1992 le même Francis Ford Coppola mais était l’idée personnelle de Newman de voir Dracula tourné par le réalisateur d’ « APOCALYPSE NOW » avec le même casting ( Marlon Brando y devenant le Comte Dracula et Martin Sheen Jonathan Harker ), l’auteur prolonge ainsi ses nouvelles suivantes dans la même lignée ( les inédites en français « Andy Warhol’s Dracula », reprenant le personnage de vampire de son « Dracula de Coppola », « The Other Sight of Midnight » également reconnue par ses pairs ) et épaissit et consolide son propre univers vampirique parallèle, où évolue ce Club Diogène conçu dans la nouvelle « Who Dares Wins ».
Uchronie ? Univers parallèle ? Mais quel est donc le concept de ses romans ?
1888. Jonathan Harker, Abraham Van Helsing et leurs amis n’ont pas réussi à éliminer le vampire Dracula – contrairement au final du roman original de Bram Stoker.
Leur ayant survécu, celui-ci est même revenu en Angleterre, où il a épousé la Reine Victoria et devenu Prince Consort a engendré une élite vampirique ( renvoyant aux Tremeres à venir du JdR « Mascarade » ? ), qui très vite va se propager à la population londonienne, britannique, européenne et internationale.
Devenus la classe supérieure et l’espèce dominante, les vampires vont ainsi remodeler le monde et façonner une nouvelle culture et société nocturne – pouvant renvoyer à cet amour sombre des garde-robes de la Reine Victoria, inspiratrice officieuse ou non et belle et bien de l’esthétique et du look gothique d’aujourd’hui ( le look victorien de dandy ? ).
Et c’est dans cet univers sombre que débute le premier volume de cette trilogie, « Anno Dracula » paru en 1992.
Un tueur s’attaquant à des prostituées vampires dans le quartier pauvre de Whitechapel !!
Car oui, cet homme cultivé de Kim Newman ne s’est pas limité à prolonger l’aventure de Bram Stoker, y intégrant également les tristement célèbres faits divers et meurtres du premier serial-killer de l’Histoire ( si on ne compte pas Gilles de Rai et autres assassins militaires de cette même Histoire ), Jack l’Eventreur, avant de puiser dans la littérature du XIXème siècle ou de celle où des personnages connus de tous y ont évolué : Sherlock Holmes de Conan Doyle, le Dr Jeckyll de Robert Louis Stevenson, Fu-Manchu de Sax Rohmer, Lord Ruthven de John Polidori et d’autres…
Raccrochant événements historiques et œuvres dans lesquelles ils puisent ses emprunts aux protagonistes de Bram Stoker, Kim Newman crée ainsi sa propre œuvre, où vont évoluer ses propres personnages récurrents – comme Charles Beauregard, membre du Club Diogène mentionné plus haut…
Récompensée par Dracula Society ‘s Children of the Night Award, le Lord Ruthven Assembly's Fiction Award, et l’International Horror Guild Award du meilleur roman, « Anno Dracula », également présélectionné pour le Prix Bram Stoker ( évidement ? ) du meilleur roman, sera donc un succès – méconnu mais succès.
Si bien ou parce qu’il en avait envie que Kim Newman sortit en 1995 un nouveau volume prolongeant l’aventure : « Le Baron Rouge Sang » ramenant sur le devant de la scène Charles Beauregard en pleine Première Guerre Mondiale, le Comte Dracula, chassé d’Angleterre suite à la trame du premier roman que je ne vendrai pas ici, y devenant ici l’un des alliés et protagonistes de ce conflit !!
S’étant attaqué, cette fois, à l’aristocratie russe, Dracula est devenu Graf et avec ses nouveaux alliés de l’Europe centrale se retourne contre cette nouvelle société vampirique européenne occidentale qui a appris à cohabiter avec les humains et cherche à s’opposer à la marche sanglante de leur ancien leader.
L’espionne Mata-Hari, le futur président américain Churchill, mais aussi les personnages fictifs des docteur Mabuse ou Moreau, le Mal incarné de Dracula y apparaissant très peu…
Volume dont je garde peut-être le moins de souvenir, « Le Baron Rouge Sang » reste tout de même au-dessus de certaines productions littéraires vampiriques, actuelles ou passées.
Le meilleur volume restant, à mes yeux, le troisième : « Le Jugement des Larmes », paru en 1998.
Troisième volume qui me séduit peut-être, car volume le plus cinématographique de tous.
Si, « Anno Dracula » était rempli de références littéraires et « Le Baron Rouge Sang » d’événements historiques, ce troisième volume « Le Jugement des Larmes », lui, nous renvoie au cinéma italien des sixties, ce critique cinématographique dandy de Newman déplaçant désormais son histoire à Rome.
1959. Toute la société vampirique se retrouve dans la ville qui ne dort jamais, Rome, pour les énièmes noces aristocratiques du Comte Dracula, qui par cette union pourrait éventuellement retrouver une place prédominante dans ce monde qu’il a participé à créer et formater.
Kate Reed et Charles Beauregard, dont je ne trahirai rien de leurs conditions dans ce troisième volume, sont également sur place. Ainsi qu’un agent secret britannique du nom de Bond – mais point James Bond ( les héritiers d’Ian Fleming étant peut-être mis leur veto ? ) – mais surtout un nouvel assassin, appelé le Bourreau Ecarlate, qui n’hésite pas à s’attaquer aux vampires !!
Celui-ci allant, pour exemple, nous réécrire sous la plume de Kim Newman et sa lame argentée l’une des plus célèbres scènes du cinéma de Frederico Fellini, le bain de minuit d’Anita Ekberg dans « LA DOLCE VITA », le cinéma du réalisateur italien et de Cinecitta y étant inévitablement fort présent.
Un certain prêtre Merrin ( et je vous renverrai au film « L’EXORCISTE » de 1973 ) ou le réalisateur célèbre Orson Welles étant aussi de l’événement, dans les coulisses duquel l’espionnage, au-delà du personnage de Bond et du Club Diogène, trame une histoire parallèle, nous rappelant que même dans cette univers uchronique la Guerre Froide entre l’Est et l’Ouest n’aura pas su être évitée.
Un roman de glamour, de people et de septième art mais toujours un roman de vampires et de meurtres et autres morts violentes.
Le roman qui clôturait une passionnante trilogie dévorée d’une seule traitre.
Ou du moins que j’imaginais clôturer cette trilogie, en dehors des nouvelles qu’a continué à écrire et mettre en ligne ( ou non ) Kim Newman, car, bonne nouvelle, celui-ci aurait décidé de terminer cette saga, et ce malgré le final du « Jugement des Larmes » que je ne vous dévoilerai pas, avec un nouveau roman – « Johnny Alucard » ( titre provisoire ? ) – allant se dérouler lui dans les années 1980.
Quatrième roman dans lequel il y incorporerait ses nouvelles séminales, « Le Dracula de Coppola », « Andy Warhol’s Dracula » et « The Other Sight of the Night », pour cette aventure se déroulant donc aux Etats-Unis. Mais aussi, selon différentes sources, plein de références à des films comme « TAXI DRIVER », « BLADE », « Buffy contre les Vampires », « CRUISING », « TUEURS NES » ou « GENERATION PERDUE », sans oublier l’apparition d’Elvira ?!
Et bien que soi-disant fini depuis environ 2000, ce livre ne sortirait que quand il sortira.
J’aurais peut-être le temps d’éditer mon fan-fic inspiré par son univers, qui lui se déroulait plus dans la fin des nineties et était aussi bourré de références télévisuelles…
A lire prochainement ?